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L’amphibie : coordination sur les plages sardes

Mise à jour  : 14/11/2016

La coopération entre armées de Terre européennes et d’Amérique du nord  se traduit par la multiplication des entraînements et la systématisation des binômages jusqu’au niveau brigade, notamment dans une logique de métier. L’amphibie en fait partie et c’est dans cette optique que, du 1er au 15 octobre, sur les côtes sardes, s’est déroulé l’exercice interallié EMERALD MOVE. Son but : poursuivre la démonstration et l’amélioration de l’interopérabilité entre les nations tout en confortant la capacité amphibie française. 

Depuis la création de l’initiative amphibie européenne (IAE) en 2000, deux exercices dédiés à ce milieu ont déjà eu lieu : NEO TAPON en 2005 et EMERALD MOVE en 2010. La deuxième édition de cet exercice s’est déroulée il y a quelques semaines en Sardaigne, dans la région de Porto Scudo, où se situe la plage d’entraînement de l’armée italienne. Cet exercice visait à démontrer la capacité interalliée à générer, déployer, maintenir et rembarquer une force multinationale amphibie de la taille d’une brigade sans, ou presque, le support de la nation hôte. 

EMERALD MOVE concernait cette année 10 nations : les forces françaises, italiennes, hollandaises, espagnoles, britanniques, belges, néerlandaises, portugaises, suédoises et turques. L’armée de Terre française, qui dispose de deux brigades médianes, dont la 9e brigade d’infanterie de marine (9e BIMA), a ainsi déployé quelques 250 militaires du 2e régiment d’infanterie de Marine (2e RIMa), unité qui entretient une relation privilégiée avec les Royal Marines britanniques dans le domaine de l’amphibie. En soutien des Marsouins, les hélicoptères du 3e régiment d’hélicoptères de combat (3e RHC), les unités de plage du 6e régiment du génie (6e RG), une section de combat du génie pour la suite des manœuvres à terre et une équipe d’appui aérien rapproché du 11e régiment d’artillerie de marine (11e RAMa). Pour le lieutenant Joël, chef de section au 2e RIMa, cet exercice constitue une véritable « opportunité pour le 2e RIMa de pouvoir faire découvrir aux jeunes Marsouins les capacités amphibies du régiment et, pour les plus anciens, d’entretenir les savoir-faire liés aux spécificités de la 9e brigade d’infanterie de marine ». 

Perfectionner les savoir-faire amphibies pour réduire les risques

Lors de cet exercice, les militaires du 2e RIMa ont ainsi pu s’entrainer aux manœuvres d’embarquement et de débarquement des engins blindés sur les plages sardes. Objectif fixé dans le cadre de l’exercice : s’emparer d’objectifs terrestres, en s’appuyant notamment sur des tirs à munitions réelles. Les Manceaux ont ainsi travaillé en étroite coordination avec les Marins, notamment sur la passation progressive du centre de gravité de l’opération, de la responsabilité de la Marine nationale à celle de l’armée de Terre. La particularité de ce type d’opérations réside en effet dans la difficulté à, quasi simultanément, réaliser la mise à terre des véhicules et des hommes et accomplir la prise du site du débarquement. Pour parvenir à relever ce défi, la coordination entre la batterie et les éléments héliportés joue donc un rôle primordial dans la réduction des risques. Pour le lieutenant-colonel Antoine, chef des opérations du 2e RIMa, « L’ALAT [aviation légère de l’armée de Terre] a un rôle majeur dans cette action : ils nous donnent de la souplesse, nous assurent un effet de surprise, nous permettent d’amener un volume de force conséquent pour sécuriser le milieu [la plage]. Sur cette manœuvre, le 3e RHC a été essentiel ». 

Coordination nécessaire entre spécialités indispensables

Les exercices amphibies de grande ampleur type EMERALD MOVE constituent également l’occasion d’entretenir les savoir-faire individuels. Pour exemple, l’officier embarquement doit conseiller son régiment sur la planification de l’embarquement (quels véhicules à bord, dans quel ordre, quelles sections embarquer selon les besoins opérationnels, ...) ;  le beachmaster du génie, quant à lui, gère son unité interarmées de plage (UIP) composée de plongeurs, d’une équipe poseuse de tapis de plage, d’une équipe de dépannage et d’une équipe sanitaire. Cette UIP a pour mission de reconnaitre la plage, d’aider à la traficabilité et de maintenir le dégagement des axes de sortie de plage, facilitant la prise et l’occupation d’objectifs terrestres pour les troupes embarquées.

 

Un groupement dédié à l’engagement amphibie

Durant ce type de manœuvre, le groupement d’aide à l’engagement amphibie (GAEA) joue un rôle essentiel pour favoriser l’arrivée en premier sur une zone de débarquement. Développés depuis deux ans au sein de la 9e BIMa, les GAEA ont pour mission d’apporter un appui tactique spécifique lors d’opérations amphibies, aussi bien dans la zone littorale (lagunaire, mangrove) que dans les zones fluviales et portuaires. Ce groupement, constitué autour d’une section d’aide à l’engagement débarqué (SAED) avec des renforts appuis feux, renseignement, mobilité et sanitaire, a notamment pour mission d’effectuer un travail préparatoire de reconnaissance et de déminage terrestre de la plage et de ses environs afin d’évaluer les zones sur lesquelles les chalands pourront débarquer et permettre la mise à terre des hommes et de leurs véhicules en toute sécurité. Il est également en mesure de renseigner sur la praticabilité des axes qui seront utilisés à l’issue du débarquement. 

Ce groupement, bien que récent dans la doctrine amphibie, joue un rôle clé dans la gestion de rupture de milieu. Comme le souligne le lieutenant-colonel Antoine du 2e RIMa, « le GAEA permet au GTIA [groupement tactique interarmes] d’être renseigné par ses propres moyens avant et pendant le débarquement des forces. »

Echanges de bons procédés

Matériels et méthodes différents, langues étrangères, … EMERALD MOVE a enfin permis aux Français de travailler leur réversibilité et capacités d’adaptation. Ainsi, au contact des Italiens qui opèrent de la sorte, les Marsouins ont expérimenté la descente de VBCI sans équipement de plage. « Test réussi ! » se félicite le capitaine Benjamin du 2e RIMa. Autre nouveauté de l’édition 2016 : l’intégration de sections espagnoles lors de l’assaut aéroporté. Le capitaine Benjamin, qui a commandé deux de ces sections ibériques lors de l’exercice, souligne « ils [les Espagnols] travaillent comme nous, ils sont également équipés de PR4G [Poste radio de 4e génération], ce qui est très pratique ». 

L’info en + : 

Créée en 2000 par cinq pays (France, Royaume-Uni, Espagne, Pays-Bas, Italie) et rejoint en 2015 par sept membres associés (Allemagne, Belgique, Danemark, Finlande, Portugal, Turquie et Suède), l’initiative amphibie européenne (IAE) permet de disposer d’une force  interalliée amphibie qui peut être engagée dans le cadre de l’Union européenne ou de l’OTAN. Par des exercices collaboratifs réguliers et le partage de méthodologies, l’IAE a pour objectif, en 2020, de pouvoir fournir des forces amphibies interopérables jusqu’au niveau de la brigade.


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