Quelle place aujourd’hui pour l’histoire militaire dans la formation au sein de l’armée de Terre ? Comment la valoriser ? Comment innover dans le domaine ? Dans ce cadre, les staff ride ou étude historique terrain sont à l’image de l’importance que prend la fonction histoire de l’armée de Terre, créée en novembre 2015.
Les 13 et 14 juin derniers, 80 militaires de la 7e brigade blindée ont pris part à une étude historique sur le terrain (EHT, communément désignée sous le terme de « Staff Ride » par les Anglo-saxons) dans la région de Sedan. Pilotée par une équipe d’historiens militaires du Centre de doctrine et d’enseignement du commandement (CDEC) et de l’Ecole du combat interarmes (ECIA), cette étude portant sur la percée allemande de mai 1940 à Sedan avait pour objectif de faire réfléchir les officiers de la 7e BB à la question de l’application des principes de la guerre et de la prise de décision dans le cas d’une grande unité blindée, ainsi que de les entraîner au raisonnement tactique.
Comme le précise le général Richoux, commandant la brigade : « En tant que commandant d’une brigade blindée, j’ai souhaité m’appuyer sur un cas « emblématique » de rupture de la pensée stratégique, en étudiant les conditions du succès de la Blitzkrieg allemande à Sedan en mai 1940. (…) L’étude de cette bataille permet en outre d’illustrer quelques qualités du chef militaire auxquelles je tiens tout particulièrement : capacité à penser l’avenir, initiative, audace, intelligence de situation et rapidité d’exécution. Elle met enfin en exergue de manière magistrale les trois grands principes de la guerre toujours pérennes : liberté d’action, concentration des efforts et économie des moyens. »
Articulée en trois étapes d’une demi-journée (franchissement des Ardennes, rupture de la position de Meuse, échec des contre-attaques françaises), cette étude a ainsi débuté dans la région de Bouillon en Belgique, s’est poursuivie par différents exposés effectués sur les points caractéristiques du terrain pour s’achever sur le site de Stonne, au sud de Sedan, théâtre de la défense acharnée menée par les blindés français.
Les participants ont également eu à résoudre quelques cas concrets en se mettant dans la peau des chefs ou des officiers d’état-major français et allemands de 1940. Intervenant à l’entame d’un nouveau cycle d’entraînement pour l’état-major de la brigade et les états-majors tactiques des régiments (Janus en octobre 2017, Aurige en janvier 2018 et JWA en avril 2018), cette EHT a ainsi contribué à l’entraînement des officiers de la brigade en élargissant le champ de leur réflexion tactique concernant l’emploi d’une unité blindée, tout en s’inscrivant dans la volonté du chef d’état-major de l’armée de Terre de replacer l’histoire militaire au cœur de la formation des officiers.
A l’image de l’activité de la 7e BB, ce ne sont pas moins de quatre études historiques terrain qui ont ainsi été menées ces dernières semaines pour l’armée de Terre : « Vosges 1915 et 1944 » du 9 au 12 mai pour les futurs commandants d’unité du Train (Bourges), « la logistique du débarquement de Normandie » du 16 au 17 mai pour le Commandement du soutien opérationnel et des approvisionnements (CSOA), « les Plages du débarquement » du 6 au 8 juin pour l’encadrement de l’Ecole d’état-major de Saumur ou encore « Normandie 1944 (région Mortain-Falaise) » du 12 au 16 juin pour l’état-major de la 1re division.
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