Armée de Terre
A la veille de Noël 2020, le 2e REI a été désigné pour armer le corps du groupement tactique embarqué (GTE) à bord du porte-hélicoptères amphibie (PHA) Dixmude déployé de février à avril 2021 dans le cadre du 156e mandat de l’opération Corymbe. En plus de contribuer à la diminution de l’insécurité maritime dans le Golfe de Guinée, le GTE Dragon a expérimenté le double concept de préparation opérationnelle interarmes outre-mer, en participant à de nombreux exercices interarmées et interalliés en mer et à terre, et de pré-déploiement de l’ENU amphibie au format d’un groupement amphibie de niveau 1 (GA1).
Le GTE Dragon s’est constitué sur la base navale de Toulon le lundi 1er février 2021, la veille de l’appareillage. Commandé par le chef de corps du 2e régiment étranger d’infanterie (2e REI), il était composé de détachements de différents régiments de la 6e brigade légère blindée : l’état-major, la 2e compagnie et une partie de la compagnie de commandement et de logistique (CCL) du 2e REI, un peloton de reconnaissance et d’intervention (PRI) et un peloton de cavalerie blindé (PCB) du 1er régiment de Spahis (1er RS), une section de combat du génie (SCG) et une unité d’intervention de plage (UIP) du 1er régiment étranger de génie (1e REG), une équipe JTAC (Joint Terminal Attack Control) et une section appuis mortier de 120 mm à deux pièces du 3e régiment d’artillerie de marine (3e RAMa), ainsi qu’une équipe du groupe satellitaire de la 6e compagnie de commandement et de transmission (6e CCT).
Fort de ses 300 légionnaires, spahis, bigors et transmetteurs, le GTE Dragon s’est articulé en un état-major disposant de capacités de commandement robustes et intégratrices, un TC2 capable de soutenir l’ensemble du groupement et un SGTIA disposant en continu de tous ses renforts interarmes. Il s’est ainsi pleinement intégré au groupement amphibie formé avec le PHA Dixmude, qui comptait en plus de son équipage un détachement de fusiliers marins français et portugais, un détachement de la flottille 34F (comprenant une Alouette III et un drone S100) et des renforts médicaux de l’HIA de Brest pour armer un ROLE 2 à bord. Si la Marine nationale est déployée de façon quasi-permanente depuis 1990 dans le cadre de l’opération Corymbe, ce 156e mandat prenait d’emblée une dimension particulière en raison de la mission d’alerte confiée au GTE Dragon.
Déploiement d’un module amphibie
La 6e BLB, d'Échelon National d’Urgence, a en effet pré-déployé son module amphibie dans le Golfe de Guinée, avec l’objectif d’être prêt à intervenir en cas de crise en tout point de l’Afrique de l’Ouest. Ce dispositif a vocation à renforcer les unités françaises dans cette région ou à participer à la protection (voire à l’évacuation) de ressortissants français et européens qui s’y trouvent. En parallèle de cette alerte et tout au long de son périple dans cette zone de piraterie et de trafics, le GA1 Corymbe 156 a reçu pour mission de participer à un maximum d’exercices interarmées et interalliés avec les différents partenaires européens ou africains.
Capitalisant sur les entraînements à terre réalisés par le 21e régiment d’infanterie de marine (21e RIMa) lors de l’opération Corymbe 154, le groupement amphibie a pris part à plusieurs exercices majeurs. Dès les quinze premiers jours en mer passés, c’est au sud de Dakar que la flottille amphibie a fait débarquer le GTE Dragon et deux sections des Forces armées sénégalaises pour l’exercice Xaritoo 2021, opération interalliés de va-et-vient sur deux jours où Français et Sénégalais ont manœuvré côte à côte.
Un deuxième exercice majeur au Gabon, Obamba 2021, annulé suite à une réorientation du GA1 sur une opération de lutte contre le narcotrafic en mer, aurait vu le GTE Dragon s’engager dans une opération amphibie d’évacuation de ressortissants (Resevac) de 72 heures aux côtés de sections des Forces armées gabonaises. Après une participation du GA1 à l’exercice naval Obangame Express avec la marine ghanéenne, c’est dans la lagune d’Abidjan que le GTE a été mis à terre intégralement pour une phase de Préparation Opérationnelle Interarmes intense de 10 jours sur le camp de Lomo Nord, s’inscrivant au cœur de l’exercice Elephant 2021 des Forces Françaises en Côte d’Ivoire (FFCI).
Entre chacune de ces phases d’entraînement à terre, les légionnaires, spahis, bigors et transmetteurs ont poursuivi leur préparation opérationnelle à bord du PHA Dixmude, axant l’instruction et l’entraînement sur les savoir-faire métier de chacun, le tir ALI (à partir des plages arrières et du pont d’envol du bâtiment) et le sport. Une initiation de l’ensemble des cadres du GTE au nouveau Système d’Information du Combat Scorpion (SICS) a été dispensée via une plateforme de simulation apportée à bord par le 2e REI, en vue de sa transformation prochaine.
Une partie du GTE Dragon a bénéficié d’une période d’entraînement au sein du 43e BIMa d’Abidjan, profitant notamment des zones boisées à l’intérieur de la caserne pour effectuer une initiation au combat « jungle », et du stand de tir ouvert évolutif permettant le tir au pistolet et au fusil d’assaut.
Si le quotidien du GTE Dragon a surtout été rythmé par ces séquences de préparations opérationnelles métier (en mer) et interarmes (à terre), la mission d’alerte confiée au GA1 a également marqué ce mandat Corymbe. Au titre de l’ENU, le GTE Dragon a en effet conservé en permanence sa capacité à intervenir dans le Golfe de Guinée sur très court préavis, tant sur le plan de la réflexion tactique que sur les plans humain et matériel. Même s’il n’a pas été amené à « être déclenché » à terre, le GTE Dragon s’est néanmoins retrouvé en appui et en soutien du PHA Dixmude lors d’une opération de lutte contre le narcotrafic confiée en cours d’action au bâtiment, par la fourniture de divers appuis notamment dans le domaine du renseignement et des feux.
Bien que modeste, cette contribution de l’armée de Terre à une telle opération dans le cadre de l’action de l’Etat en mer est une première qui prouve que la complémentarité des effets interarmées peut se trouver hors du milieu de prédilection de chacun. Au bilan, plus de 6 tonnes de cocaïne ont été saisies par l’équipe de visite du PHA Dixmude, un nouveau record pour la Marine nationale.
Malgré la crise sanitaire, sur le plan opérationnel, le GTE Dragon aura pu éprouver le concept de POIA outre-mer. En plus de correspondre d’un point de vue calendaire au créneau de POIA de la 6e BLB, chacun des différents exercices interarmées et interalliés a en effet été préparé et conduit pour permettre au GTE d’entraîner son EMT, son SGTIA, ses appuis feux et son TC2 dans un contexte systématiquement interarmes. Les zones de manœuvre mises à disposition du GTE dans les différents pays du Golfe de Guinée permettent en effet de réaliser du combat motorisé en milieu de type savane (entraînement Xaritoo au Sénégal), du combat débarqué en milieu tropical avec une RESEVAC (entraînement Obamba au Gabon) et une campagne de tir de niveau GTE avec l’intégralité des systèmes d’armes du groupement (sur le camp de Lomo Nord en République de Côte d’Ivoire). Même si Obamba 2021 n’a pas été réalisé, les deux autres phases de POIA, conduites en parallèle de l’alerte ENU, auront été particulièrement bénéfiques pour chacune des entités composant le GTE DRAGON.
Se faisant le pionnier de la POIA outre-mer conduite en parallèle d’un pré-déploiement de l’ENU amphibie, le GTE Dragon aura expérimenté le nouveau concept d’opérationnalisation des stratégies militaires opérationnelles (OSMO) dans le Golfe de Guinée. Saisissant en permanence toutes les opportunités de s’entraîner pour vaincre au combat, le GTE Dragon a fait sienne la devise du maréchal de Lattre de Tassigny, illustrant parfaitement l’état d’esprit qui a animé cette unité durant toute cette opération : « Ne pas subir ! »
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