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3 questions au général Nicol, commandant la 6e brigade légère blindée

Mise à jour  : 09/03/2018

Intégration du 1er régiment de spahis et de la 13e demi-brigade de Légion étrangère, expérimentation du Groupement d’aide à l’engagement amphibie,  manœuvres interarmées et interalliés d’envergure (SKRENVIL, NARVAL, Bold Alligator). L’actualité de la 6e brigade légère blindée, spécialiste amphibie de l’armée de Terre, a été bien chargée ces deux dernières années. Quelques mois après son arrivée à la tête de la brigade, le général Nicol revient sur ses ambitions 2018, notamment quant au niveau de qualification entre les régiments et au maintien des efforts de formations pour l’ensemble des unités de la brigade.

1 - Mon général, quel intérêt représente le développement de savoir-faire amphibie pour un chef interarmes ?

70% de la population mondiale vit dans la bande côtière des 100 km. Les vecteurs amphibies permettent de s’affranchir des frontières en utilisant l’espace maritime international, par exemple en pré-positionnant une force conséquente au large des zones de crise et de conflit potentiel. 

Le développement du savoir-faire amphibie est donc une question de dissuasion et de crédibilité pour la France, en montrant par des exercices réguliers et médiatisés, seul ou au sein d’une coalition interalliés, sa capacité à projeter une force avec des troupes et des moyens lourds, partout dans le monde et dans des délais très restreints.

Pour le commandement, l’amphibie est donc un concentré de moyens interarmes et interarmées. Cette capacité exige une parfaite maîtrise et compréhension de ce que peuvent nous apporter dans la manœuvre les moyens navals et aériens de la Marine nationale qui, en plus de posséder les vecteurs amphibie sur lesquels la force terrestre embarquera et sera mise à terre, commandera l’opération amphibie.

Cette nécessaire connaissance mutuelle des us et coutumes, des procédures de travail et de planification doivent donc se préparer au quotidien pour être efficient le jour J. En outre, le groupement tactique embarqué possède l’ensemble des capacités interarmes : blindés,infanterie, génie, artillerie, aviation légère de l’armée de Terre et forces avancées. Le développement de savoir-faire amphibie représente donc une double opportunité pour le chef interarmes. Il est à la fois une opportunité d’entrainement pour hausser son niveau de préparation opérationnelle et une capacité supplémentaire pour projeter de la puissance au plus près des foyers de crise.

2 - La France représente l’un des rares pays dans lequel l’amphibie est une copropriété entre l’armée de Terre et la Marine nationale. Comment sont gérées les interactions avec ces partenaires ?

La Marine nationale fournit les vecteurs amphibies jusqu’aux moyens de mise à terre et possède la responsabilité d’acquérir la nécessaire supériorité  maritime au-dessus et au-dessous de la surface. La Force de réaction embarquée (composée de la force terrestre, des moyens de la 6e BLB et de tous les renforts ALAT et logistique) doit donc maîtriser des procédures spécifiques aux opérations amphibies. 

Par ailleurs, la planification de l’opération est de la coresponsabilité des CATF marins (commander amphibious task force) et du CLF terrien (commander landing Force).

Enfin, l’opération est conduite par un état-major conjoint avec des représentants des deux armées dans chaque branche. Cette répartition des taches assure une expertise qui permet de conduire la phase délicate de changement de milieu dans les meilleures conditions. Il est donc primordial de s'entraîner conjointement, au quotidien, avec la Marine pour développer une synergie nécessaire et entretenir notre connaissance mutuelle.

3 - La 6e BLB a participé récemment à l’exercice Bold Alligator avec nos alliés américains. Quel en est l’intérêt ?

Les opérations amphibies sont complexes mais restent une capacité que peu de nations possèdent. Ces exercices sont donc l’occasion de s’entraîner et de montrer notre capacité à mener une opération amphibie au sein d’une coalition, renforçant du même coup la crédibilité de notre outil de défense. 

La 6e BLB dispose d’un partenariat avec la 2e division de l'United States Marine Corps (USMC). Nous participons à Bold Alligator  depuis 2011 avec des troupes, des officiers et parfois des bâtiments amphibies. Actuellement, avec l’opération BOIS BELLEAU 100, ce sont des Marines de l’USMC qui ont embarqué à bord d’un BPC français pour mener une mission de près de quatre mois ponctuée de plusieurs exercices amphibies avec nos forces pré-positionnées outre-mer.

Des exercices comme Bold Alligator nous permettent également de partager la doctrine et les tactiques amphibies  avec nos homologues pour tirer la quintessence de chacune d’entre elles.

Pour faciliter cette connaissance entre alliés, nous participons également à leurs stages de qualification aux opérations amphibies (en Angleterre et aux USA) et des officiers étrangers participent à nos stages de qualification amphibie. Récemment, nous avons ainsi accueilli des représentants américains, italiens, australiens et canadiens. Ces partenariats sont autant d’occasions d’échanges féconds.

Pour en savoir plus, retrouvez notre web-série sur l’amphibie


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