3 questions au chef du renseignement de l’armée de Terre

1 - Mon général, vous êtes à la tête du Commandement du renseignement depuis quelques mois maintenant. Quels sont les principaux enjeux dans ce domaine ?

L’année 2018 a été marquée par des succès opérationnels obtenus dans la bande sahélo-saharienne grâce à l’appui renseignement délivré par le groupement de recherche multicapteurs (GRM). Ces résultats confortent la pertinence de ce modèle.

De cette façon, il est nécessaire d’entretenir cette dynamique dans le cadre de la transformation SCORPION. A cet effet, un sous groupement de recherche multicapteurs (SGRM) SCORPION va être constitué et intègrera d’emblée le renseignement dans la dynamique de l’infovalorisation. La performance croissante des capteurs exige de porter un effort sur l’exploitation, la gestion et la diffusion de l’information, afin de délivrer le renseignement, à temps, aux unités qui en ont besoin pour délivrer les effets.

Il nous faut, de manière permanente, prendre en considération les nouvelles conflictualités telles que la cyberdéfense, l’évolution des nouvelles technologies et les ruptures que cela implique. A cet effet, on assiste à la montée en puissance de l’Innovation Terre (Battle Lab), partie intégrante de l’ADN des unités du COMRENS pour préparer les combats de demain.

Enfin, l’ambition principale est de faire du COMRENS le service de renseignement de l’armée de Terre et de la force opérationnelle terrestre.

2 - Deux ans après sa création, quel bilan faites-vous des actions du centre de renseignement Terre ?

La création du centre de renseignement Terre (CRT) répondait à deux objectifs principaux. Le premier concernait la production de renseignement d’intérêt Terre, à savoir le renseignement dont les groupements tactiques et les sous-groupements tactiques interarmes ont besoin pour s’entraîner puis concevoir et conduire leurs opérations. Le second portait sur la professionnalisation de la fonction exploitation de l’information.

Par conséquent, chaque division bénéficie d’un « complément opérationnel »  capable de délivrer un appui à l’exploitation qui lui est nécessaire, depuis la phase de préparation opérationnelle jusqu’à la fin de son engagement opérationnel. Ce complément est constitué d’équipes d’exploitation : les équipes de complément opérationnel. Les premiers résultats sont à la hauteur des attendus, facilités par un dialogue permanent et constructif entre le CRT et les structures de commandement appuyées.

3 - L’armée de Terre voit son parc de drones ISR se renouveler avec l’arrivée prochaine du nouveau système de drones tactiques (SDT) Patroller. Comment voyez-vous cette évolution ?

En matière d’équipements, le COM RENS prépare l’arrivée dès 2019 des systèmes de mini drones de renseignement et du nouveau SDT Patroller. Entièrement interopérable avec le système SCORPION, tout est mis en œuvre pour que le SDT puisse être projeté en  2021 afin de prendre part au premier déploiement de la force SCORPION.

Les caractéristiques et les performances du SDT imposent une transformation en profondeur dans le domaine aéronautique du 61^e régiment d’artillerie (61^eRA), tout en conservant sa vocation première d’unité de renseignement. Le COMRENS s’appuie sur l’expertise du commandement de l’avion légère de l’armée de Terre (COM ALAT) pour la formation des télépilotes et la prise en compte des normes de sécurité aéronautique. Cela se traduit par un investissement significatif en termes d’infrastructure et de formation afin de permettre l’évolution qualitative du profil et des performances du personnel chargé de la mise en œuvre du système d’armes du « 61^e RA ».

D’autres équipements sont aussi attendus comme de nouveaux équipements d’appui électronique (STERNES), de nouveaux véhicules pour le 2^e régiment de hussards ou encore les nouveaux outils de la géographie.

Cette nouvelle génération de matériels permettra aux forces terrestres de disposer d’un éventail complet de vecteurs d’appui tactique image et ainsi faciliter la collecte de renseignements nécessaires à la mise en œuvre et à la réalisation des opérations.