L'histoire de la 1re Armée française est liée au destin du général Jean de Lattre de Tassigny. Le 11 novembre 1942, au moment du débarquement allié en Afrique du Nord, il donne l'ordre à l'armée d'armistice de s'opposer aux Allemands qui pénètrent en zone libre. Arrêté et incarcéré, il est condamné le 9 janvier 1943 à dix ans de prison pour abandon de poste par le Tribunal d'Etat. Interné à Riom, il s'évade et parvient, en octobre 1943, à regagner Londres où il se met à la disposition du général de Gaulle. Celui-ci le nomme général d'armée.
Après avoir gagné Alger, il rejoint le général Giraud, alors commandant en chef des forces d'Afrique du Nord, et se voit confier la formation et le commandement de la future Armée B, embryon de la future 1re armée française à laquelle il donne une âme.
L'Armée B, « agrégat de toutes les France », est le symbole de la fraternité d'armes entre métropolitains, pieds noirs et goumiers. Cette armée est composée de la 1re division de marche d'infanterie (DMI), de la 2e division d'infanterie marocaine (DIM), de la 3e division d'infanterie algérienne (DIA), de la 4e division de montagne marocaine (DMM), de la 9e division d'infanterie coloniale (DIC) et des 1re et 5e divisions blindées (DB). Depuis le débarquement de Provence, le 15 août 1944, la progression de l'Armée B est très rapide. Elle s'empare de Toulon et de Marseille, les 27 et 28 août, avec l'aide des Forces Françaises de l'Intérieur (FFI), bien avant les dates envisagées par les Américains. La bataille de Provence est remportée en un peu plus d'une semaine. Poursuivant son élan, l'Armée B remonte alors la vallée du Rhône, entre à Lyon le 3 septembre et libère Mâcon, Autun et Dijon le 11 septembre 1944. A cette date, les éléments de l'Armée B et de la 2e DB du général Leclerc, venue de Normandie, font leur jonction. Environ 137 000 FFI et FTP rejoignent les rangs de la nouvelle 1re Armée. « L'amalgame », c'est-à-dire l'intégration au sein de l'armée « régulière » des unités de résistants, reste l'une des plus belles victoires du général de Lattre, chef énergique et audacieux. La libération de Belfort ouvre à la 1re Armée la route de la plaine alsacienne. Le 18 novembre, en fin d'après-midi, les premiers éléments atteignent les rives du Rhin, en tête de toutes les armées alliées. Ce fleuve ne sera franchi qu'en mars 1945, au prix d'importants sacrifices et au terme d'héroïques combats. Les troupes libèrent pied à pied la plaine d'Alsace. Dans des conditions météorologiques difficiles et face à une forte résistance de l'ennemi, ces hommes venus de tous les horizons livrent un combat décisif pour la liberté de la France et des Français.
Le 31 mars 1945, le Rhin est franchi de vive force. L'objectif est désormais Berlin. Les troupes françaises entrent dans Karlsruhe puis, le 21 avril, dans Stuttgart. Parcourant 150 kilomètres en deux jours, la 1re DB atteint les rives du Danube et pénètre par le Sud dans la ville d'Ulm. D'autres éléments longent la frontière suisse de Bâle à Constance, jusqu'au col de l'Arlberg, lors de la glorieuse campagne « Rhin et Danube ». Le 9 mai 1945, à Berlin, le général de Lattre est présent aux côtés des Alliés pour signer, au nom de la France, l'acte de capitulation de l'Allemagne nazie. |
Sources : DMPA