Dès le 1er septembre 1939, conformément au décret de mobilisation, l'ordre d'évacuation des populations riveraines du Rhin est appliqué. En 48 heures, du 2 au 3 septembre, plus d'un tiers de la population alsacienne et mosellane situé dans ce périmètre est contraint à l'exil et à l'abandon de tous ses biens. Rassemblées dans des centres de regroupement, ces populations sont dirigées vers le Sud-ouest de la France, dans des conditions souvent dramatiques. Ces évacués « officiels » sont bientôt rejoints par une centaine de milliers d'Alsaciens et de Mosellans qui partent volontairement.
L'occupation « de fait » Après la victoire des armées allemandes et la conclusion de l'Armistice, le 22 juin 1940, il apparaît très vite qu'Hitler souhaite mettre la main sur les trois départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Moselle pour les annexer au Reich. Il le fait insidieusement, en venant à Strasbourg le 28 juin 1940. Aussitôt, débute la germanisation de ces territoires, que l'on peut dès lors qualifier « d'annexés de fait », car ni la convention d'armistice ni aucun autre texte officiel n'est publié. Le 15 juillet 1940, la frontière douanière est ramenée à la ligne de 1871. Très vite, les principaux symboles de la présence française sont effacés : la grande majorité des autorités civiles et religieuses sont écartées et remplacées par leurs homologues allemandes. L'ensemble de la vie économique, culturelle et quotidienne est germanisé. La langue française est proscrite. Systématiquement, les nazis entreprennent de détruire tout ce qui est susceptible de rappeler le souvenir de la France, y compris dans les cimetières, sur les monuments et les statues. Les fêtes nazies sont rendues obligatoires.
A Colmar, le 30 août 1940, le monument Rapp est détruit. Le 24 juillet 1940, Joseph Bürckel est nommé par Hitler à la tête de la province (Gau) de la Sarre-Palatinat. Le 1er décembre, la Sarre, le Palatinat et le département de la Moselle sont officiellement intégrés dans le « Gau » Westmark du Reich. L'Alsace est rattachée au « Gau » de Bade, qui devient l'Oberrhein, placé sous la coupe du Gauleiter Robert Wagner. Bürckel et Wagner, nazis fanatiques, vont appliquer avec zèle cette politique d'assimilation forcée. Rapatriements et expulsions Dès le mois d'août 1940, les Allemands décident le rapatriement des populations alsaciennes et mosellanes ainsi que celui des prisonniers de guerre originaires de ces départements, à condition qu'ils aient signé une déclaration d'allégeance à l'Allemagne. Soumis à un contrôle drastique de l'occupant, certains volontaires au retour sont refoulés. A la fin de l'année 1940, ils seront environ 350 000 à être rentrés. L'antisémitisme nazi s'exerce immédiatement, les Juifs alsaciens et mosellans étant dès le mois de juillet 1940 expulsés de ces provinces annexées, au même titre que tous les Français originaires de la « France de l'intérieur », immigrés et Tziganes. Les militants politiques Alsaciens-Mosellans connus pour leurs sympathies communistes et antifascistes sont également expulsés, de même que toute personne qui manifeste sa francophilie. Constatant le refus de nombreuses familles alsaciennes de reconnaître cette annexion et d'accepter l'oppression, les Allemands durcissent alors leur politique et « transplantent » les familles réfractaires sur le territoire allemand. En août 1941, les premières familles sont envoyées dans des camps, essentiellement en Saxe, en Silésie et en territoire polonais annexé. On estime à plus de 3000, le nombre de personnes « transplantées » entre 1940 et 1944. |
Sources : DMPA