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Florence Parly s’exprime devant les députés de la commission de la Défense nationale et des forces armées

Mise à jour  : 17/04/2020 - Direction : DICoD

Retrouvez le propos liminaire de la ministre des Armées lors de son audition devant la commission de la Défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale, vendredi 17 avril, avec la secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Armées, Geneviève Darrieussecq.

« Madame la Présidente,

Mesdames et messieurs les députés,

 

Avant de commencer, Geneviève Darrieussecq et moi-même, nous voulons, à notre tour, rendre hommage à l’adjudant-chef Olivier Michel et au brigadier Vincent Monguillon, qui ont perdu la vie mercredi, dans un accident d’hélicoptère. Chaque jour, à l’entraînement ou en opérations, nos soldats, marins, aviateurs acceptent le danger et risquent leurs vies pour défendre la France, protéger les Français.

 

Ils participaient à un exercice avec 5 autres de leurs camarades, blessés, qui ont été pris en charge immédiatement par les hôpitaux de Toulouse et de Tarbes. Nous pensons à eux. Je veux remercier le personnel soignant et les secours qui sont intervenus avec rapidité, dans un contexte où nous les savons, ils sont eux-mêmes très fortement sollicités.

 

Et dans ce contexte, nous voulions également vous adresser tous nos voeux de santé, pour vous et pour vos proches. Nous savons que la maladie est entrée dans votre quotidien d’élu, qu’elle fait l’objet de nombreuse interrogations de la part nos concitoyens, et c’est pourquoi il est si important que nous y répondions. C’est pour cela que nous sommes ici aujourd’hui et nous vous remercions de la tenue de cette audition par des moyens innovants – qui je crois, n’avaient encore jamais été testés sous la Vème République.

*

Dès les prémices de cette crise au mois de janvier, les armées se sont mobilisées, pour être utiles, et agir, au plus près des Français. Aujourd’hui, en France, à l’étranger, pour les Français, contre l’épidémie, malgré l’épidémie, les armées sont au rendez-vous.

Partout, nous avons mis en place des plans de continuité d’activité ; en France comme à l’étranger, nous avons procédé aux ajustements pour répondre présent et pour soutenir nos concitoyens, en particulier le personnel de santé, ainsi que les Français les plus vulnérables.

 

Alors, avant toute chose, je veux partager avec vous un double questionnement : est-ce que le Covid-19 change nos plans et nos prévisions ? Oui, bien sûr nous devons nous adapter, à cet environnement inédit. Est-ce qu’il nous dévie de nos objectifs et nos missions ? La réponse est non.

 

Avant de vous parler plus en détail de l’opération Résilience, je veux donc aborder avec vous nos autres opérations, celles qui se poursuivent et qui étaient déjà en cours avant cette crise. Car le Covid-19 n’ôte rien de leur urgence aux combats que nous menons pour les Français, ni de notre détermination à les mener. De la même façon, il ne fait pas disparaitre les menaces qui pèsent sur la France. Il ne fait pas disparaître Daech ou Al-Qaïda.

 

Au contraire, le virus pourrait être saisi par les groupes terroristes comme une opportunité : une opportunité de communication, pour commencer, et c’est d’ailleurs ce que fait BokoHaram, pour déstabiliser les Etats du Sahel. Les groupes terroristes sont à l’affût du moindre affaiblissement des Etats qui les combattent. Ensuite, n’oublions pas que Daech ou Al-Qaïda ont déjà par le passé manifesté un intérêt pour les armes NRBC, et notamment dans leur composante biologique.

 

Mais nous ne détournerons pas le regard. Nous ne nous laisserons pas distraire. La lutte contre le terrorisme est et reste, au sein de notre territoire comme à l’extérieur de nos frontières, ma priorité.
C’est pourquoi l’opération Résilience est bien distincte de l’opération Sentinelle, qui continue de se concentrer sur sa mission de lutte contre le terrorisme. C’est pourquoi, également, nous continuons de maintenir notre engagement, en dehors de nos frontières.

Au Sahel et au Levant, la lutte contre le terrorisme est un combat de tous les jours qui engage près de 6 000 personnes. Ce combat, il ne faiblit pas. Ce combat, il s’adapte aux circonstances actuelles.

 

Au Sahel, les unités ont été relevées en février, juste avant que la crise ne touche la France. Le mandat actuel pourrait être – je dirais bien « pourrait être » – prolongé d’un ou deux mois si la crise sanitaire se poursuivait jusqu’à l’été. Pour ce qui est du poste de commandement de la force Barkhane, la relève est intervenue plus récemment, elle a donc été adaptée avec des mises en quatorzaine au départ.

Nous maintenons sans relâche la pression sur les terroristes et nous continuons à accompagner nos partenaires au combat. Nous continuons de le faire tous les jours dans la région des Trois frontières, où les terroristes sont frappés durement et régulièrement, comme nous nous y étions engagés au sommet de Pau. Et cela n’a rien d’anodin : nous constatons que les forces armées des pays du G5 Sahel s’affermissent à nos côtés, qu’elles reprennent confiance et qu’elles font face à la menace. Il est essentiel de pérenniser ces résultats encourageants.

 

Et c’est ce que la France s’efforce de faire : nous avons, en effet, réussi à fédérer nos partenaires en lançant officiellement la Task Force Takuba le 27 mars dernier. Malgré l’épidémie, la coalition pour le Sahel tient bon et avance dans le bon sens. Nos alliés européens sont bien restés présents, à nos côtés. La preuve que l’Europe de la défense est solide et solidaire, même en temps de crise.

Ce que nous ne savons pas encore à ce stade, c’est comment le continent africain absorbera cette épidémie. D’ores et déjà la France a pris des initiatives importantes au niveau multilatéral pour soutenir les pays africains les plus pauvres. Il n’est pas exclu que nous fassions évoluer nos modes d’actions pour soutenir les pays africains dans la lutte contre le Covid-19.

Au Levant, l’épidémie, conjuguée à la montée des tensions entre les Américains et les Forces de mobilisation populaire – les milices chiites en Irak – ont conduit les forces irakiennes à suspendre les activités de formation, qui étaient dispensées au sein de la coalition internationale contre Daech. Nous avons donc rapatrié nos formateurs, il y a deux semaines. Cette suspension, j’insiste, est temporaire. En aucun cas nous n’abandonnons notre objectif, qui est de défaire durablement Daech au Levant ; nous disposons toujours de capacités de surveillance et de frappe de Daech, partout où il se terre, et cela, en coordination avec les Américains et les Britanniques. La base H5 située en Jordanie, qui est une base aérienne, est toujours opérationnelle, et les avions de l’armée de l’air volent tous les jours.

 

Notre deuxième plus gros contingent dans la région, la force Daman au sein de la FINUL, l’opération de maintien de la paix des Nations Unies au Liban, a effectué ses relèves avant la crise.

 

Dans le Golfe en revanche, nous avons été contraints de repousser certaines relèves, en raison de l’épidémie : non pas parce que nos forces étaient contaminées, mais parce que les frontières ont été fermées : c’est le cas des quelques dizaines de militaires déployés au Koweit et c’est le cas de la Task Force Jaguar que nous avons déployée en Arabie Saoudite à la suite des attaques subies en septembre de l’année dernière. En mer, la mission Agénor, de surveillance maritime dans le détroit d’Ormuz se poursuit avec les Néerlandais. La mission continue, bien qu’elle ne dispose désormais que d’un seul point d’appui, à Abu Dhabi. Les autres ports de la région ont en effet progressivement fermé les uns après les autres.

 

En définitive, nous n’avons suspendu qu’une seule opération, l'opération Corymbe dans le Golfe de Guinée, dont l’objectif est de contribuer à la sécurité maritime. La fermeture des ports de la région ne nous a pas laissé d’autre choix. Nous sommes en ce moment même en train de discuter avec l’un pays de la région pour obtenir l’autorisation d’organiser des escales techniques, ce qui nous permettrait de relancer l’opération.

Les autres opérations, et la préparation opérationnelle qui les précède, se poursuivent au prix d'adaptations temporaires, avec notamment des quatorzaines systématiques avant le départ en mission.

La santé de nos militaires, c’est le nerf de la guerre, si j’ose dire. C’est un impératif qui guide nos décisions. Notre stratégie est simple : prendre en charge rapidement tout militaire déployé dès l’apparition des symptômes pour le protéger.

Alors, je sais que vous aurez de nombreuses questions au sujet de l’état de santé des marins du porte-avions Charles de Gaulle, et je le comprends parfaitement. C’est un sujet qui nous tient particulièrement à coeur, et qui m’a amenée à prendre des décisions immédiates et radicales dès que j’en ai eu connaissance. Pour tout dire, c’est un sujet qui me tient éveillée, y compris chaque nuit : car quand vous êtes ministre des Armées, vous avez charge d’âme, et il est bien difficile de trouver le repos quand on sait que certains de nos hommes atteints. Je saisis donc cette opportunité, devant vous, avec vous, pour partager toutes les informations dont nous disposons à cette heure.

1760 marins ont été en mission à bord du porte-avions Charles de Gaulle à partir du 21 janvier : ils ont d’abord été engagés au sein de l’opération Chammal en Méditerranée orientale où je me suis rendue en février pour saluer leur action dans le cadre de la coalition internationale contre Daech. Ils ont ensuite participé à plusieurs exercices multinationaux et à la protection des approches maritimes européennes en Atlantique et en Mer du Nord. Initialement, je dois vous le préciser, sa mission devait se poursuivre jusqu’au 24 avril.

Dans la journée du mardi 7 avril, j’ai été, pour la première fois, informée par le chef d’état-major de la Marine de la présence de plusieurs cas symptomatiques à bord, 36 pour être parfaitement exacte. J’ai alors immédiatement pris la décision de mettre fin à la mission du porte-avions et d’anticiper le retour du groupe aéronaval.

Le même jour, le 7 avril donc, j’ai ordonné l’envoi immédiat d’une équipe du Centre Epidémiologique de Santé Publique des Armées, le CESPA, à bord du porte-avions pour réaliser une enquête et une première série de tests. Dès le lendemain, le 8 avril, cette équipe a réalisé une soixantaine de tests dont 50 se sont avérés positifs. Sur les conseils de cette équipe médicale, trois marins ont été évacués vers la terre le 9 avril. L’un d’entre eux est aujourd’hui toujours en réanimation.

Parallèlement, la manoeuvre de débarquement sanitaire a commencé de s’organiser, en lien avec les autorités locales à Toulon. Toutes les unités – je parle donc des marins du porte-avions Charles de Gaulle mais aussi des frégates et du pétrolier ravitailleur qui l’accompagnaient, de son état-major embarqué et des « marins du ciel » qui pilotent ses aéronefs - tous sont arrivés sur leurs bases pour les avions et les hélicoptères le 11 avril, et à quai pour les bâtiments entre le 12 et le 13 avril. Ils ont alors été pris en charge : les marins du porte-avions et de la frégate de défense aérienne Chevalier Paul sont actuellement en confinement au sein de la base navale de Toulon, du Pôle Écoles Méditerranée de Saint-Mandrier et de la base aéronavale d’Hyères.

Les pilotes ont été pris en charge sur leurs bases aéronavales – à Hyères pour les hélicoptères, à Lann-Bihoué pour les Hawkeye, et enfin à Landivisiau pour les Rafale. Ils sont confinés sur ces trois bases pour une période de 14 jours.

Enfin, l’équipage de la frégate anti-sous-marine La Motte-Picquet, basée à Brest, a été autorisé, en raison des résultats négatifs de l’enquête épidémiologique qui a été conduite à son bord, à effectuer le confinement à domicile.

Le même type d’enquête, conduit sous l’autorité scientifique du Centre d’Epidémiologie et de Santé Publique du Service de Santé des Armées a différencié deux groupes parmi l’équipage du bâtiment de commandement et de ravitaillement, la Somme, également basé à Brest. Ainsi, une centaine de marins dont les résultats sont négatifs, a été autorisée à respecter une période de confinement à domicile, tandis qu’une soixantaine d’autres, « des cas contact », reste confinée, par précaution, au centre d’instruction naval de Brest.

Depuis le 8 avril, nous menons donc une campagne de tests sans précédent, pour l’ensemble des marins du groupe aéronaval, une campagne qui est toujours en cours. Aujourd’hui, 17 avril, 2010 tests ont été effectués. Ils ont permis de détecter 1081 marins positifs au Covid-19. Au total, 545 marins présentent des symptômes. Ils sont tous sous surveillance médicale étroite du Service de santé des armées. Aujourd’hui, 24 marins sont hospitalisés à l’hôpital d’instruction des armées Sainte-Anne de Toulon, dont un en réanimation. Nous avons, Geneviève Darrieussecq et moi-même, une pensée particulière pour eux. Je ne doute pas que vous la partagez également. Nous nous trouvons ici face à une situation particulière qui est celle de ce virus. Beaucoup de personnes infectées n’ont pas ou peu de symptômes et ceux-ci ne sont pas nécessairement simples à détecter. Par ailleurs, ces situations sont elles-mêmes très évolutives.

Au fur et à mesure que cette enquête et la campagne de test progressent, nous adaptons sans cesse les conditions de logement des marins, avec pour objectif d’isoler dans une chambre seule chaque marin négatif et de loger par deux les marins positifs et dont les symptômes n’appellent pas d’hospitalisation, afin qu’ils se garantissent une surveillance mutuelle en cas d’aggravation soudaine de l’état de l’un d’entre eux.

Geneviève Darrieussecq se rendra en début de semaine prochaine à Toulon pour apporter notre soutien aux marins et s’assurer de leur bonne prise en charge.
Le porte-avions, sur lequel continuent de se relayer trois équipes de service, est actuellement décontaminé par une équipe du 2e régiment de dragons de Fontevraud qui ont à ce jour déjà effectué 30% du chantier.

J’adresse, nous adressons, toutes mes pensées à celles et ceux qui combattent la maladie, à celles et ceux qui sont confinés, ainsi bien sûr qu’à leurs familles. C’est une épreuve, naturellement, supplémentaire à affronter au retour d’une mission exigeante dont ils peuvent être très fiers. Mais c’est une épreuve essentielle pour les protéger et pour protéger leurs familles.

Bien sûr, nous entendons les doutes, nous entendons les questions, elles sont nombreuses, sur l’origine de la contamination. Une enquête épidémiologie est actuellement en cours pour retracer le cheminement du virus jusqu’au porte-avions. En parallèle, une enquête de commandement est destinée à établir précisément les décisions qui ont été prises par les différents acteurs concernés et à tirer les enseignements de la gestion de l’épidémie au sein du groupe aéronaval.
Plusieurs hypothèses sont actuellement à l’étude concernant l’origine de la contamination. Parmi ces hypothèses, nous avons bien sûr tous en tête l’escale qui a été réalisée par le porte-avions à Brest entre le 13 et le 16 mars, juste avant le confinement.

Cette escale à Brest, est intervenue un mois après celle effectuée à Limassol à Chypre du 21 au 26 février. Cette escale a été maintenue, sur décision du commandement opérationnel de la Marine nationale, à la fois pour des raisons logistiques et pour des besoins de régénération de l’équipage, qui avait très sollicité par le rythme de l’activité opérationnelle. Il a été dit que le pacha du porte-avions avait souhaité interrompre la mission du groupe aéronaval lors de l’escale à Brest. Cette rumeur est fausse, d’ailleurs, le commandant a lui-même a confirmé que ce n’était pas le cas. Le porte-parole de la Marine nationale l’a très clairement démenti publiquement hier.

 

Alors est-ce que commandement pouvait-il mesurer l’ombre portée de l’épidémie à ce moment-là ? Les activités prévues lors de cette escale, et notamment la venue des familles à bord ont été annulées. En revanche, les marins ont pu voir leurs familles à terre. Des précautions avaient été prévues pour limiter les risques lors des sorties. Nous verrons ce que les enquêtes diront.

Mais dans ces choses, il faut rester humble, ne pas porter de jugement définitif, et tourner sa langue avant de jeter la pierre. Le commandement est un art difficile ; et lorsque la décision de maintenir cette escale a été prise, les connaissances sur le virus et cette épidémie étaient plus limitées que celles dont nous disposons aujourd’hui. Sur le territoire national, les restrictions que nous connaissons aujourd’hui n’étaient pas en vigueur. A l’heure où je vous parle cependant, nous ne savons pas encore si le virus était déjà présent à bord avant le 13 mars.
L’enquête épidémiologique devra notamment répondre à cette question et faire la lumière sur l’enchaînement qui a conduit à la propagation du virus au sein de ce « cluster » très particulier. L’enquête de commandement se déroulera en parallèle et permettra de voir quelles décisions ont été prises et comment les mesures de précaution et de détection qui avaient été prescrites ont été appliquées; je souhaite qu’elle soit menée sereinement et sans parti-pris.

J’ai demandé à ce que les conclusions, tant de l’enquête épidémiologique que de l’enquête de commandement soient rendues publiques, afin que chacun, marin, citoyen, parlementaire, puisse savoir ce qu’il s’est passé. Afin que la Marine, le ministère et nous tous, puissions collectivement tirer les leçons de cette situation inédite.

Cela nous rendra plus forts, j’en suis certaine. Cette épreuve, nous l’affrontons, et tout ce qu’elle peut enseigner, nous l’apprendrons. Je veux cependant dire les choses clairement, devant vous tous, mesdames et messieurs les députés, : nos armées sont debout, la tête haute. Elles sont fières, courageuses, résolument engagées pour la protection des Français. Et cette capacité à protéger les Français, elle passe par la protection de nos forces. C’est pourquoi leur santé est ma priorité, car elle conditionne leur capacité à remplir leur mission au service des Français. Et c’est bien là, la raison d’être de nos armées. Protéger. Défendre. Dissuader.

*

Je continuerai évidemment de suivre avec attention l’évolution de la santé de nos marins, comme je le fais chaque jour pour l’ensemble des personnels du ministère. Afin de répondre à leurs interrogations et leurs besoins, la médecine des forces a récemment mis sur pied un service de télémédecine, des consultations à distance à destination du personnel civil et militaire du ministère, ainsi que pour leurs familles.

Je tiens à saluer devant vous cette initiative du Service de santé des armées, car c’est cet esprit d’innovation et cette rapidité d’exécution qui fondent la résilience de notre Nation.

Aujourd’hui, notre enjeu collectif à tous, c’est que la Nation reste debout. Cette crise nous a plongés dans l’inconnu. Mais pour les armées, l’inconnu, ce n’est pas l’inattendu. La capacité d’adaptation, dont nos militaires savent faire preuve au quotidien, notamment en opérations, est particulièrement utile dans la lutte contre le Covid-19.

C’est pourquoi le 25 mars dernier, le Président de la République a lancé une opération dédiée, l’opération Résilience qui a pour but d’apporter de la cohérence, pour apporter de la coordination et du commandement à l’ensemble de nos missions. Cette opération s’articule autour de trois piliers essentiels :

- tout d’abord le soutien médical et sanitaire, qui s’est immédiatement incarné dans les nombreuses opérations de vol « Morphée », puis dans un second temps par les vols médicalisés d’hélicoptères de l’armée de terre, de l’armée de l’air, et le transport du porte-hélicoptères amphibie Tonnerre.;

- deuxièmement, le soutien logistique : par exemple, le Mistral est arrivé à Mayotte hier avec plusieurs centaines de tonnes de fet dont des denrées alimentaires et du matériel médical. Et à l’heure où nous nous parlons, le deuxième porte-hélicoptères de l’opération, le Dixmude, est en train d’accoster à Saint-Martin, aux Antilles ;
- le troisième pilier, les missions de surveillance et de protection. 35 missions sont en cours aujourd’hui pour protéger des entrepôts contenant du matériel médical, ou pour dissuader des pillages de stocks ou de magasins d’alimentation.

Aujourd’hui, quand on parle de l’opération Résilience, on parle de 284 missions au total, pour une moyenne de 12 missions par jour Ce sont notamment :

- 143 patients et 152 soignants déplacés sur le territoire et vers l’étranger pour soulager les hôpitaux les plus éprouvés ;

- 6 125 personnes accueillies au titre du Covid-19 dans les hôpitaux d’instruction des armées.;

- Plus de 50 missions de désinfection, d’aéronefs ayant transporté des patients ou de bâtiments publics ;

- C’est la mise à disposition d’équipes logistiques spécialisées au profit des agences régionales de santé dans 9 départements ;

- La livraison de matériel médical et sanitaire au profit des EHPAD, des centres hospitaliers et des établissements funéraires ;

- Ce sont des militaires mobilisés au plus près des territoires partout où cela est nécessaire pour venir au soutien des Français.

 

Je voudrais également insister sur l’action de la direction générale de l’armement, qui met son expertise technique et sa capacité d’innovation au service de la lutte contre le virus. Depuis la mi-mars, l’établissement de Vert-le-Petit, spécialisé notamment dans la protection biologique, s’est mobilisé pour contribuer à définir un cahier des charges de masques grand public. A ce jour, ce sont près de 400 équipements ou matériaux qui ont été testés dans ce laboratoire de la DGA et les industriels, vous le savez, produisent massivement ces modèles.

 

La DGA a également à travers l’Agence de l’innovation de défense apporté son soutien financier à plusieurs PME qui proposent des tests de diagnostic virologique ou sérologique – on y reviendra peut-être dans le cadre de vos questions.
Avant de répondre à vos questions, il me semble essentiel, avant de répondre à vos questions, de vous dire quelques mots de l’Europe. Nous sommes tous, et tous en même temps, éprouvés par cette crise. Nos pays sont pour la majorité confinés, et à l’heure où certaines puissances sont tentées d’instrumentaliser cette crise pour renforcer leur emprise non seulement dans notre voisinage, mais également sur les pays européens eux-mêmes, nous nous montrons soudés. Et si on peut trouver un coin de ciel bleu dans chaque orage, je suis fière que nous défendions la coopération plutôt que le repli sur soi, la solidarité européenne plutôt que l’oubli de nos partenaires.

Je vous parle de solidarité européenne, elle s’est exprimée à de nombreuses reprises et je voudrais le souligner, car c’est trop peu dit : je pense notamment à la solidarité exprimée par l’Allemagne, par le Luxembourg, par l’Autriche, par la Suisse, qui ont accueilli dans leurs hôpitaux des patients français.

J’échange, naturellement, très régulièrement avec l’ensemble de mes homologues : au cours de réunions informelles des ministres de la défense, avec les membres de l’Initiative européenne d’intervention. C’est dans cette enceinte de l’IEI que nous avons envisagé une coopération européenne dans les Antilles, avec les Pays-Bas et le Royaume-Uni, puisque nos trois pays acheminent des moyens dans la région : ceci se traduit par la mise sur pied d’une cellule de coordination tripartite à Fort de France et qui est opérationnelle.

Nous savons que l’Europe est capable de créer des projets concrets pour défendre ses intérêts. Une Task Force a été mise en place pour accroître nos échanges sur la gestion de crise du Covid. L’Union européenne devra donc jouer un rôle important pour nous aider à sortir de la crise, et progresser vers une Europe plus résiliente, et plus souveraine.

 

Voilà ce que je pouvais vous dire aujourd’hui, je vous remercie de votre attention et Geneviève Darrieussecq et moi-même nous tenons prêtes à répondre à vos questions.

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Sources : Ministère des Armées