Colline haute de 161m, le Mont-Valérien, lieu central de l’histoire et de la mémoire de la Résistance, surplombe la vallée de la Seine et Paris, sur le territoire de la commune de Suresnes, limitrophe de Nanterre et de Rueil-Malmaison.
Dès le 15e siècle, le Mont-Valérien devient un lieu de pèlerinage chrétien. Lors de la Révolution de 1789, les chapelles sont détruites. Au début du 19e siècle, des moines s’installent de nouveau sur le mont, mais la révolution de 1830 met un terme définitif à sa vocation religieuse. La morphologie naturelle, un mont boisé aux abords de Paris, en fait un élément de la ceinture de la défense militaire de Paris. De 1841 à 1846, une citadelle est construite : c’est l’un des plus importants des 13 forts prévus par Thiers autour de Paris. Elle joue un rôle important pendant la bataille de Buzenval contre les Prussiens en janvier 1871 puis lors de l’écrasement de la Commune de Paris par les Versaillais en avril. En 1898, le fort sert de prison militaire pendant l’affaire Dreyfus. L’armée française y installe ensuite un régiment du génie. La forteresse est occupée par les troupes allemandes au cours de la Seconde Guerre mondiale et devient un lieu d’exécution. En 1947 elle redevient un site de l’armée française et accueille le 8e régiment de transmission, qui s’y trouve toujours aujourd’hui. Le fort accueille aussi un cimetière historique, le château de Forbin-Janson (datant de la Restauration), le colombier national et le musée de colombophilie.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le site a été le principal lieu d’exécution des autorités allemandes en France. Plus de mille résistants et d'otages y sont fusillés entre 1941 et 1944. Les prisonniers sont transportés depuis les prisons et camps de la région parisienne. À l’intérieur des fortifications, la clairière sert de lieu discret pour les fusillades. Lors des exécutions massives, certains sont enfermés dans la chapelle désaffectée, où ils passent leurs derniers instants et gravent sur les murs ultimes messages. Les corps sont disséminés de façon anonyme dans différents cimetières de la région parisienne afin d’éviter que les sépultures ne deviennent des lieux de rassemblement et des symboles du martyr de la Résistance. Dès la Libération, le général de Gaulle décide d’implanter au Mont-Valérien un monument dédié aux morts de la guerre de 1939-1945. Le 11 novembre 1945, quinze dépouilles symbolisant les phases essentielles du conflit, sont inhumés dans une crypte provisoire aménagée dans une casemate (un 16ème corps les rejoindra en 1952). En 1954, une urne contenant des cendres prélevées dans des camps de concentration y est déposée. Le projet initial est relancé après le retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958 pour aboutir au Mémorial de la France combattante inauguré le 18 juin 1960. Adossé au glacis, face à une vaste esplanade, le monument développe sur 100 m un front de grès rose des Vosges sur lequel se détachent 16 hauts-reliefs de bronze au dessins allégoriques, illustrant les formes variées de lutte contre l'ennemi. Au centre s'élève une croix de Lorraine devant laquelle brûle la flamme de la Résistance. A l’intérieur, la crypte accueille les cénotaphes des 16 Morts pour la France et les cendres des déportés. Le 20 septembre 2003 a été inauguré un monument "Aux résistants et otages fusillés au Mont-Valérien par les troupes nazies 1941-1944 et à tous ceux qui n'ont pas été identifiés". Cette œuvre en bronze, reproduction d'un moule de cloche, est installée face à la chapelle des fusillés.
Le parcours du Souvenir aménagé en 1962 permet de découvrir le site historique et mémoriel. En 2010, de nouveaux aménagements muséographiques viennent compléter l’information du public. Le Centre d’information du Mont-Valérien, et ses outils multimédia mettent à la disposition des visiteurs des tables interactives avec des banques de données sur les fusillés de la région parisienne et les Compagnons de la Libération ; ainsi que des écrans vidéo diffusant des extraits d’images d’archives sur la mémoire des fusillés et le Mémorial de la France combattante. L’exposition permanente, Résistance et Répression 1940-1944, située dans une ancienne écurie face à la chapelle des fusillés, est consacrée à la Résistance, aux fusillés et à la répression en Ile-de-France. Autour de la pièce, une grande fresque photographique d’images du Paris occupée placera le visiteur dans le contexte de l’époque. Devant elle deux longues tables déroulent le propos historique de l’exposition. Au centre de l’espace, à l’intérieur de deux cimaises courbes, les lettres d’adieux des fusillés adressées à leur famille, témoignages intimes de l’engagement et du martyr de ces hommes pour leur pays.
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Mont-Valérien : www.mont-valerien.fr
Fusillées du Mont-Valérien : www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
Sources : SGA / DMPA
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