«Fishing boat on my side, this is warship FS Floreal calling you. Do you read me?». Aucune réponse aux interrogations. L’aspirant Xavier O., chef de quart à la passerelle du Floréal, répète son appel par VHF. Sans plus de succès. Le navire de pêche que vient de croiser la frégate française de surveillance à proximité de la côte est de la Somalie ne donne aucun signe de vie.
«À droite 10!», ordonne le jeune homme de 21 ans. «La barre est 10 à droite!» lui répond le barreur. Avec l’accord du commandant, le « midship » (plus jeune officier à bord) rapproche la frégate du bâtiment inconnu, tandis que sur les ailerons, les timoniers ne le lâchent pas de leurs jumelles.
Dans cette zone où sévissent les pirates somaliens, le Floréal est missionné par le commandement de la force européenne Atalante de lutte contre la piraterie pour mener des patrouilles de surveillance.
Déjà, le reste de l’équipage se mobilise pour préparer une éventuelle intervention si le «client» s’avérait menaçant.
Après plusieurs manœuvres d’approche, consécutives à des changements de cap du pêcheur, le pêcheur répond enfin à la VHF. Dans un anglais approximatif, les hommes présents à bord répondent aux questions posées par l’équipage du Floréal.
Le bateau de pêche s’avère être inoffensif. Le bateau et ses 19 passagers ne présentent aucun équipement pouvant donner lieu à une quelconque suspicion. Quelques questions sont toutefois posées aux pêcheurs.
«Gouvernez au 170!». Commande Xavier. L’aspirant O. fait reprendre sa route initiale au Floréal. La surveillance continue…
Originaire de Marseille, adepte de la Bretagne, fils de militaire et habitué à se déplacer depuis tout petit, Xavier O. est un passionné de la mer.
Après son lycée militaire à Saint Cyr l’École, il réussit le concours qui lui permet d’intégrer l’école de la marine marchande. Trois années plus tard, cette formation prévoit un temps de navigation d’un an. «J’ai choisi de vivre cette année embarquée avec la Marine nationale, car je voulais voir autre chose. Je connaissais bien le monde militaire, et on nous donnait la possibilité d’embarquer soit en périodes de réserve, soit comme volontaire officier aspirant (VOA)». Xavier opte pour un VOA et demande à être affecté sur frégate de surveillance ou sur frégate légère furtive «pour vivre des missions longues sur des bâtiments dont les effectifs permettent d’être certain d’avoir un vrai rôle à jouer à bord». Ce sera le Floréal, frégate de surveillance basée à La Réunion, les Terres australes et l’opération européenne Atalante de lutte contre la piraterie.
À bord, l’aspirant O. occupe le poste de chef de quart en passerelle et se forme pour être chef de quart en machine. Il a également endossé le rôle d’officier détail (chargé de l’entretien général). «La Marine nationale a un très haut niveau d’exigence. En passerelle, nous devons toujours anticiper sur l’activité en cours, nous projeter sur l’avant. Au cours de cette année, j’affine mon sens marin dans un certain nombre de domaines que nous travaillons moins dans la marine marchande, comme la mise à l’eau d’embarcations ou les manœuvres aviation».
Au cours d’une année riche en expériences, les enseignements sont également nombreux d’un point de vue humain pour le jeune officier. « Je m’intéresse beaucoup aux personnes, à leur métier et à leur expérience. C’est un facteur d’intégration à l’équipage. Les marins sont fiers de leur métier, heureux de partager leur savoir. Les officiers mariniers sont très pointus dans leurs domaines. Plus on en parle avec eux, plus on s’en rend compte».
L’aspirant aura aussi beaucoup appris en termes de commandement. « Lorsque l’on a une équipe sous ses ordres, il est de notre devoir que tout se passe bien à bord. Chacun doit être à son poste, faire ce qu’il a à faire et le faire bien. A ce titre, l’officier a un rôle d’exemplarité. Savoir commander lorsque tout va bien est somme toute assez simple. En revanche, reprendre quelqu’un, expliquer un ordre, susciter l’adhésion de l’équipage, commander à la fois avec fermeté et pédagogie, tout ceci demande un haut niveau d’exigence ».
«Si l’expérience était à refaire, je dirais oui tout de suite!» commente Xavier enthousiaste. À son retour en métropole, la formation va se poursuivre par une cinquième année. Puis viendra le temps du brevet qui permettra à Xavier d’évoluer en devenant second capitaine, puis pourquoi pas commandant.
Depuis son plus jeune âge, Xavier se régale du spectacle offert par la mer. Il observe les bateaux comme autant d’appels au voyage. Demain, c’est aux commandes d’un bâtiment de la marine marchande et fort de son expérience dans la Marine nationale qu’il profitera de ce spectacle permanent.
Sources : © Marine nationale
Droits : Ministère des armées