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Le Mistral, base flottante de l'OTAN

Mise à jour  : 28/06/2010 - Direction : SIRPA Marine

Véritable «base flottante», le Mistral abrite, pendant toute la durée de l'exercice «Brillant mariner», le commandement de la force maritime de réaction rapide de l'OTAN. Embarquement avec l'équipage du BPC et les hommes de l'état-major dans le secret du centre névralgique du navire.

Le Mistral a hissé pavillon Otanien aux côtés de la marque de l'amiral, une épaisse croix blanche sur fond rouge et bleu et complétée de deux étoiles. Aujourd'hui, cette véritable base flottante et ses 5.200 m² de surface de pont d'envol semblent glisser sur l'eau par un jour sans vent. Mais le temps est capricieux à l'ouvert de la Baltique. La veille un épais nuage de brouillard, comme une seconde coque, enfermait le BPC dans l'isolement. Immuable, lui, le froid parvient opportunément à se faufiler à l'intérieur du navire par une échappée laissée béante. La mer crêtée de blanc et souvent formée, se débat fiévreusement. «Nous avons affaire à une mer fermée, chahutée par le vent, analyse le premier maître Rémy Moalic, météorologiste océanographe du bord, contrairement à celle que nous rencontrons au large de nos côtes bretonnes qui, elle, est soulevée par la houle».

Au large du Danemark, les marins de «Brilliant Mariner» sont peu coutumiers de cette météo particulière. Certains même, n'ont «jamais navigué aussi au nord du globe». Un espace où se croisent les navires marchands et les bateaux de pêche en nombre, où les fonds sont très variables, de 600 à seulement 60 m de profondeur et où le ciel est un véritable couloir aérien principalement pour les liaisons européennes.

Par son ergonomie et ses installations modernes le Mistral tranche avec les autres navires de la flotte française. Le BPC fait partie de cette nouvelle génération de bateaux dont le confort et l'automatisation des équipements permet l'exécution d'une mission plus longue avec un équipage réduit. Seulement 180 officiers, officiers mariniers, quartiers-maîtres et matelots arment le colosse.

Une « ruche » sous haute protection

«Relieve the watch» renvoient de temps à autre, les radiocommunications du Mistral. En anglais, les diffusions dans les coursives du bord rappellent à l'équipage la présence d'un état-major de l'OTAN. Les hommes de la force de réaction rapide ont investi le quatrième pont pour y établir leur «quartier général». Depuis ce local de 800 m2 sous haute protection, l'amiral Kérignard, commandant la force, dirige l'ensemble des 6 groupes, 33 navires et 11 nations réunis pour l'exercice. Une « ruche » où 150 hommes et femmes, marins français et étrangers travaillent sans relâche dans un dédale de cloisons modulables.

En conformité avec les normes de l'OTAN, les hommes de l'état-major sont répartis par cellules d'emploi, caractérisées par des combinaisons de chiffres et de lettres. N2 : renseignement de la force navale, G4: opérations amphibies… Toutes sans exception bénéficient de moyens de télécommunications civils et militaires. Des connections téléphoniques nationales et internationales, 200 postes informatiques dont plus de la moitié reliés au réseau de l'OTAN, une vingtaine connecté à Internet et le reste réparti entre les systèmes de situation tactique air et maritime. Une pièce, un peu plus vaste que les autres, affiche quatre écrans, le «mur d'images» dit-on ici, qui fusionne en temps quasi réel les renseignements tactiques, zones de vols et positions des bâtiments. Ici, «OTAN» rime avec «sécurité informatique renforcée». Entrent au PC de l'amiral Kérignard uniquement les personnes qui ont reçus une habilitation préalable: «la sécurité informatique a pris une place prépondérante dans les opérations militaires» avance l'enseigne de vaisseau Assoni de l'état-major, «les attaques virales sont aussi redoutables pour une force navale de notre envergure, qu'un assault en règle d'aéronefs ennemis. La plupart des grandes puissances s'entraînent contre la «cyber guerre». C'est un paramètre que l'on ne peut plus ignorer».

«Un ensemble de rouages qui doivent être synchronisés»

Après six jours de mer, les marins du Mistral entament la deuxième phase de l'exercice, le «tacex», sans doute la plus soutenue car dépourvue de scénario prédéfini. Depuis Northwood (Royaume Uni) la direction de l'exercice décide dans le secret de la suite des opérations de la force navale. Les hommes du «PC embarqué» vivent au rythme ponctuel des briefings. Une course contre le temps. «Il faut voir l'état-major comme un ensemble de multiples rouages, complexes, qui ne tournent pas à la même vitesse mais qui doivent être synchronisés» explique le capitaine de frégate Reynal. «Finalement il y a trois moteurs dans l'état-major. Les hommes de la cellule «plan», prévoient les lignes directrices de la mission. À l'opposée, la cellule «conduite des opérations», travaille dans l'immédiateté, au jour le jour. Au milieu, mes officiers et moi-même, coordonnons l'action de ces deux roues motrices pour les adapter aux 72 prochaines heures et à la réalité du moment». Pour mener à bien sa tâche, le commandant Reynal dispose d'experts, des officiers spécialisés dans chaque domaine de lutte (opérations aériennes, chasse aux mines…) pour conseiller à terme l'amiral Kérignard dans l'emploi de ses moyens.

«Bâtiment de commandement», le Mistral est adapté à la conduite d'une force multinationale, interalliée et interarmées depuis la mer. Sept satellites pour les communications civils, militaires et spatiales, le relient à la terre ferme. À l'épreuve de «Brilliant Mariner», cette fonction de «PC embarqué» du Mistral permettra à la force maritime de réaction rapide lors de sa prise d'alerte, de se positionner à quelques nautiques d'une côte… au plus près d'un théâtre d'opération.


Sources : ©Marine nationale
Droits : Ministère des armées