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Coke en stock au large de l’Afrique

Mise à jour  : 10/11/2021 - Direction : SIRPA Marine

Le récit 

Le 21 mars, dans le golfe de Guinée, l’équipe de visite du porte-hélicoptères amphibie (PHA) Dixmude saisit plus de 6 tonnes de cocaïne à bord du cargo Najlan en provenance d’Amérique du Sud et faisant route vers Abidjan.

Il s’agit de la plus grosse prise de cocaïne. Jusque-là, le record détenu était de 4,3 tonnes saisies en 2006. Le Dixmude est alors en mission Corymbe, sous le contrôle opérationnel de l’amiral commandant la zone maritime de l’océan Atlantique (CECLANT). C’est ce dernier qui, en qualité désormais de préfet maritime, coordonne l’opération de saisie à la demande de l’Office français anti-stupéfiants (OFAST) et sur la base d’informations fournies par le Centre opérationnel d’analyse du renseignement maritime pour les stupéfiants (MAOC-N). Malgré la distance qui la sépare de la métropole, l’opération relève de l’Action de l’État en mer et des prérogatives du préfet maritime en tant que coordinateur de la lutte contre les activités illicites. Explications.

L’éclairage du Prémar

Vice-amiral d’escadre Olivier Lebas

Cette prise exceptionnelle de drogue en Atlantique a été facilitée par ma double attribution de préfet maritime et commandant de zone maritime : cette unicité du commandement m’a permis de réorienter rapidement la patrouille du bâtiment alors déployé dans le golfe de Guinée en opération Corymbe. Bien que le Dixmude n’ait été en quelque sorte que le bras armé de l’action de l’État en mer, sa présence dans une zone où ces trafics illicites prospèrent a ouvert le champ des possibles en matière de modes d’action. En réalisant de telles prises en mer, c’est-à-dire très en amont de la dissémination des produits stupéfiants sur un territoire, nous portons des coups sérieux à l’économie du crime. Cette saisie au sud de la Côte d’Ivoire témoigne par ailleurs du fait que l’action de l’État en mer s’exerce tout aussi bien dans nos approches littorales qu’en haute mer.

Témoignage

Commissaire en chef de 1re classe Christophe, chef de la division AEM à la préfecture maritime de l’Atlantique

Le 16 mars, nous sommes avertis par le MAOC-N qu’un vraquier battant pavillon de Saint-Kitts-et-Nevis, le Najlan, se dirige vers l’Afrique de l’Ouest avec 6 tonnes de cocaïne à bord. Le Dixmude, en mission Corymbe, dispose d’une plage de quelques jours pour intervenir. Le 17 mars, l’OFAST transmet une demande d’article 17 « Convention de Vienne de 1988 » au préfet maritime de l’Atlantique via la division AEM. En raison de la qualité de la source OFAST, il est proposé au préfet maritime de tenter l’interception du Najlan. Une réunion inter-administrations est organisée et une demande de mise en œuvre de l’article 17 est envoyée par le préfet maritime au centre de crise du ministère de l’Europe et des affaires étrangères le 19 mars. Le 20 mars, après un retour positif de l’État du pavillon, le Dixmude reçoit l’ordre d’interception. Le Najlan est intercepté le 21 mars au point du jour, l’équipage est coopératif et la cocaïne découverte sans difficulté. Durant cette journée, la préfecture maritime a accompagné le commandant du Dixmude dans la procédure à suivre et la rédaction des procès-verbaux. Nous avons par ailleurs été en contact permanent avec le centre des opérations maritimes de Brest, le procureur de la République de Brest et l’OFAST afin de satisfaire aux exigences de chacun. Une fois la drogue transférée à bord, le PHA s’est désengagé de la zone le soir même. Deux journées ont été ensuite nécessaires pour procéder à la destruction de cette quantité de cocaïne qui constitue la plus importante saisie française à ce jour. Stricto sensu pour nous, l’opération prend fin le 23 avril, à la remise des échantillons de cocaïne et autres scellés à la section de recherche de la gendarmerie maritime lors du retour du bâtiment à son port base.

à retenir

En métropole, sur chaque façade (Méditerranée, Manche-mer du Nord et Atlantique), le Préfet maritime a autorité dans tous les domaines où s’exerce l’action de l’Etat en mer. Il cumule cette fonction civile avec ses attributions militaires de CZM et de CAM.


Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées