La fonction de préfet maritime est particulière à la France, pouvez-vous nous aider à mieux comprendre les spécificités de cette fonction sur la façade Atlantique ?
En France, une seule autorité représentant l’Etat coordonne toutes les activités en mer. Le pouvoir de coordination est une vraie force par rapport à l’organisation dispersée présente dans les autres pays. Ce qui est spécifique à la zone maritime Atlantique, c’est l’immensité de sa façade : 2500 km de côtes du Mont Saint Michel jusque la frontière espagnole, la variété des activités maritimes : pêche, commerce, plaisance… et les conditions météorologiques très sévères un tiers du temps dans le golfe de Gascogne.
Depuis Brest, nous assurons une vigilance particulière pour assurer la sécurité des marins, l’assistance aux navires en difficulté, pour réprimer les éventuelles activités illicites, protéger l’environnement marin, lutter contre les pollutions, le pillage des ressources naturelles, tout ce qui est le lot commun des préfets maritimes.
Votre zone de compétence couvre 494 communes, 10 départements, 4 régions, 2 zones de défense et 2500 km de côtes. Quels sont les grands dossiers actuels du préfet maritime ?
Le Grenelle de l’environnement, le Grenelle de la mer et la parution du livre Bleu ont souligné le fait que la préoccupation environnementale ne saurait être dissociée des grands enjeux liés au milieu marin et aux activités qui vont s’y développer, et notamment l’éolien en mer.
En plus de cet enjeu environnemental majeur, la sécurité en mer fait l’objet de toutes nos préoccupations avec deux volets en particulier : l’amélioration de la sécurité des grands porte-conteneurs et des navires à passagers d’une part et la sécurité des loisirs nautiques à en période estivale d’autre part. Sur le premier volet, une réflexion en cours pour faire évoluer le dispositif de séparation de trafic (DST) de Ouessant. Le but est de rapprocher des côtes les navires à passagers et leur apporter en cas de besoin le concours de nos équipes de soutien par hélicoptère dans des délais encore plus brefs. Le deuxième volet est plus saisonnier : il s’agit de mener comme chaque année une campagne de sécurité des loisirs nautiques. Malheureusement, il y a encore beaucoup trop de décès liés aux loisirs en mer. De nombreuses opérations à but pédagogique seront menées dans ce sens.
Depuis 2009, toutes les unités militaires de la région ont été regroupées dans la base de défense(BdD) de Brest-Lorient. Quelles nouvelles responsabilités avez-vous prises ?
La création de la base de défense de Brest-Lorient m’a apporté une responsabilité interarmées supplémentaire. Je suis devenu l’interlocuteur privilégié de l’adjoint soutien du chef d’état-major des armées pour toutes les affaires liées au soutien des unités présentes dans ma zone de responsabilité, qu’elles soient de la Marine ou de l’armée de l’Air, localisées à Loperhet.
Vue la taille de la BdD Brest-Lorient, les fonctions de commandant de base de défense et celle de commandant de zone de soutien sont confondues. Les liens avec les interlocuteurs locaux n’ont pas changé par rapport à ceux que j’entretenais comme commandant de région maritime.
Dans le cadre de vos attributions militaires de commandant de la zone maritime Atlantique, quels sont les principaux dossiers en cours ?
La mission principale de la marine à Brest est essentiellement liée à la présence de nos sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE). Tout est articulé autour de la sécurité et de la sûreté du déploiement de ces moyens de la dissuasion : les frégates, les chasseurs de mines, le groupement de plongeurs démineurs, les troupes du détachement de renfort de l’armée de terre : tous participent d’une manière ou d’une autre à la sûreté de nos SNLE.
Il y a aussi dans ma zone maritime une forte activité de formation, puisque les écoles de formation initiale maritime sont regroupées à Brest : l’école navale et le centre d’instruction navale et les bâtiments école.
Enfin, sur le plan purement opérationnel, nous déployons un certain nombre de bâtiments en permanence en Atlantique, au titre de la posture permanente de sauvegarde maritime, comme de la connaissance de la zone et de notre capacité à intervenir notamment au large de l’Afrique.
Vous avez également des responsabilités organiques qui impliquent entre autres la préparation de l’arrivée des nouveaux bâtiments à Brest. Pouvez-vous faire un point sur ce dossier ?
L’arrivée de la frégate multi-missions Aquitaine est prévue à l’automne de cette année. On se prépare à accueillir ce bateau qui possède des caractéristiques nouvelles. Il nécessite donc des capacités d’accueil, d’entraînement et de soutien à terre spécifiques, ce qui demande la mise en place d’une infrastructure dédiée. C’est pour nous un grand chantier et au frand renouveau de la flotte de surface à Brest.
2012 est une année de rendez-vous nautiques brestois. Les Tonnerres de Brest sont l’occasion de parler de Brest et de la Marine. En tant que commandant en chef de l’arrondissement et de la zone Atlantique et préfet maritime, comment avez-vous préparé cet événement ?
L’histoire de Brest et de la Marine sont intimement liées depuis que Richelieu a décidé d’implanter ici un port militaire. C’est grâce à un préfet maritime, l’amiral Lefèvre, que l’initiative des fêtes maritimes à Brest a pu se concrétiser en 1992. Il s’est dit qu’on pourrait ouvrir la Penfeld aux habitants de Brest à l’occasion de grandes fêtes maritimes. Les Tonnerres de Brest, c’est un événement qui a lieu tous les quatre ans, une occasion de rayonnement absolument unique au plan national et international, auquel nous sommes très fiers de participer. Cette année, on attend entre 800.000 et un million de participants entre le 13 et le 19 juillet. C’est l’occasion de faire connaître la Marine à une partie d’entre eux, car tout le monde ne sait pas bien ce que nous effectuons comme missions.
Sources : © Marine nationale
Droits : Ministère des armées