Des lycéens de Conflans Sainte Honorine en immersion avec les plongeurs démineurs

Cette formation post bac de maintenance navale en milieu subaquatique, partenaire de la Marine Nationale, forme chaque année depuis 11 ans des jeunes qui se destinent à entrer dans la Marine nationale pour y  exercer notamment le métier de plongeur démineur.

Cette semaine fut l'occasion pour les 11 stagiaires de découvrir la vie de l'unité, d'effectuer des plongées en milieu naturel maritime, de visiter le bâtiment base de plongeurs démineurs Styx et le chasseur de mines tripartite L'Aigle, mais aussi d'échanger avec les plongeurs démineurs des unités. Leur rencontre a permis de nombreux échanges, leur permettant de se confronter avec ce qui sera leur futur métier, et ainsi de confirmer leur choix.

Au mois d'avril, les élèves effectueront une semaine d’entrainement à la plongée à Saint Mandrier à l’Ecole de plongée. En mai, ils suivront le cours de plongeur de bord et effectueront, à l'issue, les sélections plongeurs démineurs.

Les élèves sélectionnés signeront alors un contrat d'engagement dans la Marine nationale, puis suivront l'exigeant cours de plongeurs démineurs en septembre 2017.

Témoignages
Plongeur démineur, c’est aussi une passion qui se transmet entre générations. Parmi les élèves, Romain a intégré le cours afin de suivre la voie de son père lui-même plongeur démineur.

[Romain], pourquoi avoir intégré ce cours ?
Je baigne dans ce milieu depuis toujours. J’ai souvent eu l’occasion d’aller au GPD de Brest et de Cherbourg avec mon père. J’ai également effectué des stages de découverte en entreprise au sein de ces mêmes GPD, en classe de 3ème et plus tard après mon baccalauréat. La mer et la plongée font  partie de notre ADN à mon père et moi.

Quel est votre cursus jusqu’à présent ?
Après mon baccalauréat ES, j’ai décidé d’entrer dans la Marine nationale. Cela n’a pas fonctionné du premier coup. Je devais entrer à l’école de Maistrance en 2016 pour faire plongeur démineur mais après avoir réussi le cours de plongeur de bord, j’ai échoué aux sélections de plongeurs démineurs. Ce n’est pas si facile, la barre est haute et les sélections sont exigeantes. A 19 ans, je pense que je manquais de maturité et d’expérience. J’ai donc décidé de m’y préparer davantage et quoi de mieux que la voie FCIL de Conflans Ste Honorine pour y arriver ! Aujourd’hui, je me sens prêt et j’ai hâte d’y être.

Quels sont vos projets d’avenir dans la Marine ?
Je rentre par la petite porte. La première étape est le cours de plongeur démineur.  Ensuite, en tant que matelot plongeur démineur, j’aspire à gravir les échelons. Plus tard, quand je serai prêt, et avec suffisamment d’expérience, j’irai au brevet supérieur et deviendrai chef à mon tour. Et puis, pourquoi ne pas envisager la filaire « officier ». Je ne me ferme aucune porte, même si je sais que j’aurai à faire des choix au cours de ma carrière.

Votre père vous-a-t-il donné envie de faire ce métier ?
Bien sûr ! C’est un métier exigeant et difficile mais j’ai de l’eau de mer dans le sang. Voir mon père partir au travail depuis 30 ans avec le sourire, partager avec lui ses missions et ses expériences sous-marines m’ont donné l’envie de faire le même métier. Je suis convaincu que c’est ce que je veux faire et surtout très motivé pour y arriver.

Quartier-maître Quentin - Plongeur démineur

Son parcours
2010 : Entrée au lycée de Conflans Sainte-Honorine pour suivre une formation de maintenance navale en milieu subaquatique (formation en partenariat avec la Marine nationale).
2011 : Obtention du certificat de plongeur de bord à l’école de plongée de Saint-Mandrier  puis sélection pour suivre le 54ème cours de plongeur démineur.
2012 : Obtention du BAT de plongeur démineur puis affectation sur le CMT Eridan pendant 3 ans : participation aux missions HOD, OPEN SPIRIT ainsi qu’à de nombreuses SURMINE.
2015 : Intégration au groupe des plongeurs démineurs (GPD) de l’Atlantique au sein du secteur manœuvre.

Meilleur souvenir
Ma toute première mission en tant que plongeur démineur !
« Lors de cette première mission, avec les autres sortants du cours de plongeur démineur, nous étions accompagnés de deux BS, deux BAT et d’un infirmier avec deux véhicules et un zodiac pour parcourir la côte Atlantique. Durant ces cinq jours de « mission route », nous avons pétardé trois munitions dans un bunker du bassin d’Arcachon-sous la dune du Pilat. Nous tenions à faire ce pétardement hors de l’eau, dans un espace sécurisé, pour éviter tout éclat ou projection. Cette première mission reste pour moi la plus marquante !

Portrait
Jeune diplômé d’un BAC S, le quartier-maître Quentin souhaitait entrer dans la Marine nationale en tant que plongeur. Il s’est alors orienté vers le CIRFA qui lui a conseillé d’entrer au lycée de Conflans Sainte-Honorine pour effectuer un BAC PRO subaquatique. Ce lycée possède un partenariat direct avec la Marine, il prépare les futurs engagés au cours de plongeur de bord et de plongeur démineur.
« Ce passage à l’école était vraiment intéressant, il m’a permis de développer des qualités physiques et mentales indéniables. Avec ce BAC PRO, le quartier-maitre Quentin a suivi en parallèle une formation de préparation militaire Marine, au cours de laquelle il a effectué un séjour d’une semaine sur un bâtiment école afin de développer sa culture militaire et maritime.
Jeune engagé, il a rejoint l’école de plongée de Saint-Mandrier où il a appris à manier l’appareil de plongée : le CRABE, à distinguer et traiter les différentes munitions conventionnelles et à réaliser des travaux sous-marins : souder, meuler, découper, bétonner.
Aujourd’hui plongeur démineur dans le secteur manœuvre, le quartier maître Quentin évolue dans son travail comme un poisson dans l’eau. Son métier lui permet d’allier travail et passion : « en tant que plongeur démineur, on est tenu de faire une heure de sport par jour. On a également la chance de pouvoir plonger tous les jours, c’est vraiment fantastique ! ». De plus, les plongeurs démineurs sont amenés à traiter quasi quotidiennement des engins historiques, enfouis parfois depuis de nombreuses décennies : un aspect historique intéressant, qui met les plongeurs directement au contact de l’histoire de leur pays.
C’est aussi un métier très varié en raison des différentes missions qui sont confiées aux plongeurs : « on ne sait pas ce que l’on va faire quand on arrive le matin : l’imprévu reste le mot d’ordre ! ». Aujourd’hui, le quartier-maître Quentin est sur le point de devenir second maitre. Il envisage de passer son brevet supérieur, puis, pourquoi pas, de quitter Brest pour rejoindre le GPD Manche, basé à Cherbourg. « Cela me permettrait de découvrir de nouvelles missions et un nouvel environnement géographique ! »

Focus : Les GPD
Véritables réservoirs de compétences, les GPD effectuent un panel de missions extrêmement large. Sur le territoire national, ils assurent la protection du littoral et interviennent de façon quasi quotidienne sur les munitions historiques découvertes sur les plages ou en mer. Ils assurent de même la protection des emprises militaires et des bâtiments en intervenant sur les engins explosifs improvisés, tels que les colis piégés. Ils participent également à la surveillance des chenaux d’accès au profit de la force océanique stratégique. En opérations extérieures, les GPD peuvent intervenir aussi bien sous la mer que sur terre afin d’éliminer la menace munitions et explosifs. Ils disposent notamment d’excellents outils de détection sous-marine (drone autonome sous-marin, sonar portatif pour plongeur…). De plus, afin de protéger les bâtiments de la Marine, des détachements sont envoyés au sein du groupe aéronaval pour chaque mission opérationnelle.
Les GPD disposent également de compétences en travaux sous-marins qui peuvent aussi bien être employées dans le cadre de l’action de l’état en mer et du maintien en condition des bâtiments (sécurisation d’épave, travaux sur les œuvres vives) qu’en mission extérieure (lever d’obstruction, réouverture de port…). En plus de ces missions génériques, chaque GPD possède des missions spécialisées : le GPD Atlantique est expert en intervention en eaux polluées et en intervention sur mines inconnues, le GPD Manche dans la reprise de vive force et le GPD Méditerranée dans le déminage des plages avant un débarquement de troupes.
Pour mener à bien leurs missions, les plongeurs démineurs de l’Atlantique bénéficient de matériel ultra performant, et s’appuient sur un bâtiment-base Styx, qui permet de soutenir les opérations de plongée. Il est systématiquement utilisé pour les plongées à plus de 60 mètres de profondeur.