Dans le cadre de la 10ème édition des Rencontres militaires blessures et sports (RMBS), les blessés des armées se sont réunis du 30 mai au 19 juin 2021 afin d’apprendre à se reconstruire à travers des activités sportives et culturelles à Aubigny-sur-Nère (Cher).
Focus sur les RMBS
Organisées cette année autour du thème de la solidarité, le challenge est de recommencer la pratique d’activités sportives, qui semblaient jusque-là impossibles. Pour ce faire, les blessés sont encadrés par des professionnels du sport et du handicap, du personnel soignant du service de santé des armées, et des cellules d’accompagnement.
Ouverts à tous les blessés des armées souffrant aussi bien de blessures physiques comme psychiques, ces stages contribuent ainsi aux premier pas vers la reconstruction mais aussi vers le dialogue avec l'ensemble des partenaires de la réadaptation médicale, professionnelle, sociale et psychologique.
Parts intégrantes du projet thérapeutique, les activités sportives permettent notamment aux blessés de reprendre confiance, en eux mais aussi en leur environnement. A travers des activités sportives adaptées à leur pathologie, les blessés ont alors l’opportunité d’échanger entre eux et avec les acteurs du suivi médico-social les accompagnant. A leurs côtés, le Centre nationale des sports de la Défense (CNSD), le Centre sportif de l’institution nationale des Invalides (CSINI), le Centre d’Etudes et de recherches sur l’appareillage des handicapés (CERAH), la Fédération française handisports (FFH) ainsi que les différentes fédérations sportives soutenues par 21 mécènes mettent en commun leurs forces afin d’organiser les activités sportives.
A cette occasion, les blessés ont pu découvrir ou redécouvrir de nouvelles activités sportives telles que le kin-ball, le BMX, le rugby fauteuil, l’aviron, l’escalade et l’équitation, etc. Mais aussi des activités culturelles avec la musicothérapie, la sculpture ou le théâtre dans le cadre d’un travail de médiation par l’art.
Chaque blessé peut aussi faire un bilan complet avec un référent de la cellule d’aide aux blessés ainsi qu’avec des praticiens du secteur médical et para médical (psychologue, ergothérapeute, infirmier, kiné…). Les RMBS sont ainsi à la jonction de l’action partagée de tous les acteurs du parcours de réadaptation du blessé. En outre, les stagiaires peuvent constituer un vivier de compétiteurs potentiels en mesure de participer aux différents rendez-vous sportifs nationaux et internationaux.
Si, au début, les hésitations et les craintes peuvent se lire sur les visages, cette année encore, ces moments de convivialité et d’esprit d’équipage font rapidement éclore de vraies sourires sur les lèvres des participants, blessés comme encadrants.
Cette année, parmi la centaine de participants et plusieurs marins, trois ont accepté de témoigner. Découvrez leurs ressentis sur cette journée solidaire.
Présentation :
MT Joseph : Manœuvrier (Bosco) 16 ans de service, accompagné par la CABAM après une succession d’accidents en service, nécessitant de multiples chirurgies : la chute d’une charge lourde sur sa jambe en service et un accident de vélo. Ces deux incidents l’ayant fait sombrer dans la dépression, il cumule aujourd’hui 3 blessures.
MT Mickaël : Spécialité DEASM. 17 ans de service, accompagné par la CABAM depuis une agression en escale lui ayant valu plusieurs blessures graves ainsi qu'un stress post traumatique.
MT Sophie : Détecteur, 32 ans, accompagnée par la CABAM suite à accident de service et un placement en congé longue maladie (CLM).
Pourquoi participer aux RMBS ?
MT Joseph : C'est ma seconde participation au RMBS. Je suis revenu car j’avais un grand besoin d'être avec mes camarades blessés tout comme moi pour me rebooster, reprendre confiance en moi et casser l'isolation socio-professionnelle.
MT Mickaël : J'ai participé aux RMBS afin de retrouver du rythme via le sport et d'échanger avec des blessés.
MT Sophie : Je voulais continuer à progresser, en apprendre un peu plus sur moi, réapprendre certaines choses, reprendre confiance et profiter de toute cette bienveillance qui est mise à notre disposition.
Quelles sont les activités auxquelles vous avez choisi de participer, comment se sont-elles déroulées pour vous ?
MT Sophie : J'ai participé à toutes les activités, pas forcément avec le groupe complet mais j'ai mis un point d'honneur à essayer de surpasser mes appréhensions afin de partir grandie de cette expérience.
MT Joseph : J'ai participé à de nombreuses activités, mais deux d’entre elles m’ont particulièrement marqué. La plongée avec bouteille en piscine. Une belle activité qui me rappelle qu’avant mes blessures je pratiquais beaucoup la chasse sous-marine, l'apnée et les sports aquatiques. Originaire de Tahiti, j’adore l’eau et suis un vrai dauphin. Depuis 5 ans je ne peux malheureusement plus pratiquer de sports aquatiques. J'espère cependant le pouvoir à nouveau, un jour.
Enfin, épaulé par les encadrants, j’ai pu remonter à VTT et cela malgré mes appréhensions car le choc traumatique de mon accident est encore très présent. Cela faisait longtemps que je n’avais pas pu en faire. C’est une énorme victoire qui renforce ma confiance en moi et qui fait du bien au moral !
MT Mickaël : J'ai participé à toutes les activités et j'en retire de la fierté. J'ai même, malgré ma peur, fait du cheval. Je pense que cet incroyable animal a ressenti mon stress et s’est montré sage pour me préserver.
Lors de ces journées, comment se passe votre intégration avec les autres concurrents ? Les équipes de l’organisation ?
MT Joseph : Les encadrants apportent le meilleur d'eux-mêmes pour nous rassurer, nous accompagner à travers nos diverses appréhensions, nos craintes et notre stress. Leur bienveillance est indescriptible tant ils le font avec beaucoup de cœur. Aux RMBS, pas de blouses blanches. Nous nous sentons en famille. Nous échangeons nos parcours, les conséquences de nos blessures sur nos vies et notre entourage. Mais aussi nos faiblesses et nos victoires du quotidien. Il n'y avait pas de jugement ni d’esprit de compétition entre blessés. Je me sentais en famille.
MT Sophie : Lors de notre arrivée, nous nous étions présentés succinctement, ensuite la communication s’est créée par affinité. Des jeux ont été mis en place durant lesquels nous étions en binôme ou trinôme avec d'autres stagiaires ce qui nous incitait à communiquer et à partager avec eux.
A la fin de la journée, que retenez-vous de ces RMBS ?
MT Joseph : Les activités se sont enchaînées mais même fatigué je me sentais bien. C’est de la fatigue saine. Le rythme nous rappelle nos journées de travail avec des horaires, un planning, manger comme dans nos unités entre camarades. Ça fait du bien. Emotionnellement on se sent fier de ce qui a pu être accompli. La confiance et le dépassement de soi font du bien moralement. Les journées sont si chargées et intenses qu'il n'y a plus de place au ruminement nocturne.
MT Mickaël : Les journées sont très bien rythmées et j'avoue que dès le repas fini je plongeais dans mon lit, apaisé. Les RMBS m'ont montré que j'étais capable de reprendre une activité physique. J'ai repris confiance en moi, même s’il reste du chemin à parcourir. J'ai été très touché par les épreuves de chacun et égoïstement ça fait du bien de voir que l’on n’est pas seul.
MT Sophie : Depuis mon arrivée, je me suis extrêmement bien sentie. Je ressens une grande gratitude envers l’institution, parce que ce stage est merveilleux. C'est le mot que je n’arrête pas d'employer depuis que je suis ici. La bienveillance est omniprésente : quelle que soit la raison de notre présence, nous sommes tous traités de la même manière. On a la possibilité d'être encadré par des professionnels de santé volontaires et sensibilisés au handicap et aux blessures physiques et psychiques. J’étais contente de participer et je n’avais pas envie que ça se termine.
Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées