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Le Bagad de Lann Bihoué fête ses 60 ans

Mise à jour  : 09/03/2012 - Auteur : Stéphane Dugast - Direction : SIRPA Marine

Ambassadeur à sa façon de la Marine nationale, de la France et de la Bretagne, le Bagad de Lann-Bihoué fête cette année avec faste son soixantième anniversaire. À la clef: un album truffé de collaborations musicales précieuses, une tournée marathon, des concerts événements et bien des surprises Le bagad de Lann-Bihoué demeure, sans conteste, le bagad le plus célèbre et le plus populaire en France comme à l’étranger. Décryptages sur cette unité de la Marine à part depuis sa création en 1952…

L’anecdote est croustillante. Officiellement, c’est en août 1952 sur la Base Aéronautique Navale (BAN) de Lann-Bihoué, près de Lorient, que le bagad va naître grâce à une facétie, selon la légende, du maître principal Pierre Roumegou.

À l’heure de l’apéritif, le «cipal» malicieux chipe une bombarde sortant de la poche d’un visiteur. Il se met alors à en jouer, entraînant le carré des officiers mariniers supérieurs dans une folle gavotte. Une habitude est née.

Progressivement, une poignée de sonneurs de cornemuses et de bombardes rejoignent la troupe. Le recrutement se fait dès lors tout naturellement parmi les marins de la base qui jouent pendant leurs temps libres.

Des civils venant des villages voisins se joignent de temps en temps au groupe. Aux premières répétitions sur la base aéronautique succèdent d’autres dans les environs de Lorient. Première représentation publique à Scaër en 1953 pour le carnaval de la mi-Carême.

Septembre 1956, le secrétaire d’État aux forces armées pour la Marine approuve la création officielle de la formation musicale militaire, estampillée «Bagad de Lann-Bihoué». Les membres appartiennent aux différents services de la base et jouent le week-end en «service commandé», ce qui leur octroie 48 heures de repos à l’issue de celui-ci. Premières singularités, premières jalousies mais premiers succès.

1969, l'Amiral Patou, chef d'état-major de la Marine, tranche. La dissolution du bagad est entérinée pour le mois suivant.

Levée de boucliers et de cornemuses en Bretagne. La décision de la rue Royale est contestée. Le pen sonneur (le chef d’un pupitre), Marcel Faure, passe outre la hiérarchie militaire en écrivant à quatre ministres pour faire état de la situation. «Que l'on fasse défiler une dernière fois le bagad dans les rues de Lorient, et 50.000 Lorientais seront là pour l'applaudir», s’indigne le maire de Lorient.  Députés locaux et ministres d’origine bretonne demandent audience au ministre de la Défense.

Paris se ravise finalement. La dissolution est suspendue et rendue publique par le M. le Préfet du Morbihan. Le Bagad est sauvé.

Plusieurs mesures sont néanmoins prises. Le groupe est désormais réduit à 23 musiciens. Les représentations sont limitées, sauf autorisation expresse à la Bretagne. Celles à l'étranger sont d'office exclues. Autre obligation assignée, celle pour le bagad de gommer les références au gwen-ha-du breton sur les couleurs de la base de Lann-Bihoué et de le remplacer par le pavillon tricolore.

Changement de cap, 3 ans plus tard. 10 matelots supplémentaires viennent intégrer les effectifs. Si des problèmes de direction du groupe surgissent ainsi que d’inhérents problèmes de gestion du personnel avec la base et parfois des manquement à la discipline, les prestations du bagad oeuvrent à la bonne tenue de cérémonies militaires et civiles, contribuant ainsi à l’aura de la Marine.

1976. Nouveaux changements de statuts. Le Bagad est constitué en compagnie lors de sa saison de représentation s’étalant de mars à octobre. Ses hommes ne sont plus extraits des différents services de la base mais affectés au groupe.

Printemps 1984, le groupe emménage dans ses locaux définitifs, le bâtiment 29 de la base d'aéronautique navale. En contrepartie incombe la charge aux bagadous de «la sauvegarde et de la nourriture des canards» présents sur zone !

À partir de la seconde moitié des années 1980, le groupe va gagner en consistance ainsi qu’en reconnaissance. Son statut est une nouvelle fois révisé en 1989, lui faisant même gagner en autonomie.

Noël 1986 de l’Élysée, défilé militaire du 14 Juillet en 1991 et 1999, inauguration de l'année de la France à Tokyo en 1998… Le Bagad de Lann-Bihoué devient un outil à part entière de représentation que les politiques n’hésitent pas à utiliser en France comme à l’étranger. 

Le Bagad s’affiche également dans les médias. Enregistrement et édition d’un premier CD en 1989 après plusieurs albums vinyles 33 tours. La même année, la formation bretonne participe à l'émission de télévision «Champs Élysées» de Michel Drucker. L’occasion de rencontrer enfin Alain Souchon, l’auteur-compositeur du «tube» Le Bagad de Lann-Bihoué.

Un titre enregistré en 1977 dans lequel le bagad éponyme ne joue pourtant pas, contrairement à l'opinion la plus répandue. Lors de son enregistrement, Alain Souchon a contacté quelques sonneurs de la diaspora bretonne à Paris. Le morceau ainsi enregistré donnant l'impression qu'un bagad entier jouait.

En 1997, le Bagad s’essaie à la fiction en composant en partie la bande son du téléfilm Entre terre et mer. Plusieurs de ses membres participent même au tournage en temps que figurants.

Nouveaux hiatus à cause de la réduction du format dans les armées françaises entamée fin des années 1990. Le bagad est de nouveau menacé. Nouvelles interventions d’élus bretons qui montent au créneau.

2001, l’arrêt de la conscription provoque des modifications dans le recrutement. Les musiciens seront dès lors recrutés comme des engagés. La mixité est introduite par la même occasion.

Les années 2000 confirment l’excellente réputation du bagad, véritable ambassadeur de la Marine nationale. En provenance des meilleurs formations de Bretagne, les marins du Bagad sont désormais de véritables musiciens professionnels qui s’engagent pour une durée variable entre un an et quatre ans dans l’institution.

Japon, Australie, Canada, Allemagne, États-Unis, Inde, Suède ou Norvège, le Bagad de Lann-Bihoué parcourt la France et le monde entier au pas de charge. Son carnet de rendez vous ne désemplit pas. Nouvelles productions et nouvelles collaborations de prestige lors du Festival Interceltique de Lorient en 2007 avec notamment la fameuse chanson d’Alain Souchon qui l’interprète en public à trente ans d’intervalle avec cette fois le « vrai » bagad.

2009, l’heure est aux honneurs puisqu’en plus de défiler le 14 juillet sur les Champs-Élysées, les sonneurs du bagad vont se produire à Brasília, le jour de la fête nationale brésilienne, en présence de Nicolas Sarkozy et de Luiz Inacio Lula da Silva, les deux chefs d’Etat.

Deux ans plus tard, le Bagad de Lann Bihoué vit un moment d’exception, en sonnant devant sa majesté Elisabeth II Reine d'Angleterre à Windsor.

2012, l’année des 60 ans d’existence du bagad. « Un crû d’exception » de l’aveu du major Philippe Renard, Penn Bagad. Parmi les temps forts  d’une tournée marathon de plus de 80 dates: une prochaine représentation dans le Pacifique, une soirée spéciale au prochain festival interceltique de Lorient ou un concert sur la scène mythique de L‘Olympia à Paris. Un Beau Livre, intitulé «Le Bagad de Lann Bihoué l’ambassadeur», va également paraître en mai prochain.

Autre preuve avérée de cette consécration, la parution grâce à une major de l’industrie du disque d'un album événement (Degemer Mat, Bienvenue – 12 titres - Emi France) gratiné de collaborations prestigieuses comme avec l’inévitable Alain Souchon, son complice Laurent Voulzy, les Irlandaises de Celtic Woman ou le galicien Carlos Nuñez.

Né selon la légende, grâce à une facétie d’un «cipal» dénommé Roumegou, le Bagad de Lann-Bihoué n’en a pas fini d’étonner et de séduire. En infatigable créateur de passions et d’émotions…

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Sources : © Marine nationale
Droits : Ministère des armées