Le 20 janvier 2016, la commission armées-jeunesse organisait une assemblée plénière dite "intermédiaire", au cours de laquelle chacun des présidents de groupes de travail expose le bilan de demi-année quant à l'avancement des travaux de leurs groupes de réflexion.
Cette assemblée fut introduite par le président de la Commission armées-jeunesse, l'amiral Eric Chaplet.
C'est ainsi qu'intervenaient:
Arthur Lambert de Villiers, appartenant à l'association des Scouts Unitaires de France, dont le sujet est :"le rôle des lycées de la défense dans la transmission des valeurs attachées à l'esprit de défense",
Au nom d'Emmanuel Ea, président, Quentin Spooner, rapporteur du groupe et appartenant à l'association FAGE, sur le sujet : "quelles actions à mener pour favoriser l'esprit de défense et la connaissance du monde de la défense en direction des jeunes futurs cadres de la Nation"
Vincent Hélin, de l'association Mer et Universités, sur le sujet : "les zones de faibles implantation militaire (hors gendarmerie) : comment y entretenir une relation armées-jeunesse vivante et féconde?"
Igor Yakoubovitch, de l'Association Nationale des Auditeurs Jeunes de l'IHEDN, sur le sujet : "la réserve citoyenne au service du lien armées-jeunesse : quelle ambition, quel rôle, et quelle organisation pour quelles missions?"
Puis intervenait monsieur Jean-Paul DELEVOYE, ancien ministre et président du CESE, sur le thème :"les jeunes et l'esprit de Défense dans la société française : enjeux et perspectives".
« Dépenser et non penser », c’est par cette formule que M. Delevoye débuta son intervention. Face à la crise économique et à l’instabilité mondiale, les problèmes individuels priment sur les idéaux républicains et collectifs mettant en péril l’unité de la société et entrainant le risque de repli sur soi. Aujourd’hui, notre société n’offre plus d’espérance. Les jeunes, en quête de sens, d’idéalité, ne font « plus confiance aux élites politiques qui défendent des intérêts plutôt que des causes ». Dans cette crise de légitimé et d’autorité, certains jeunes souhaitent donc détruire le système par la force et des phénomènes de radicalisation, notamment religieux, apparaissent. « Ils ne croient plus à la force du droit mais au droit de la force ». Selon l’intervenant, « les trois sentiments qui priment pour les hommes sont l’espérance, la peur et la tentative de quitter le système ». Il faut donc investir le champ du mental pour faire adhérer les jeunes à des idées et à des projets communs. « Dans une société de l’innovation, ce qui fait la force d’un pays est l’intelligence collective », nécessitant un investissement dès le plus jeune âge.
Dans ce contexte, l’armée a un rôle à jouer car elle peut aider les jeunes à donner du sens à leur vie. Elle possède cette capacité à remobiliser les Français car elle est la seule institution qui, aujourd’hui, n’est pas contestée. Après les attentats de 2015, les Français ont pris conscience que des individus avaient choisi de risquer leur vie pour défendre les idéaux républicains : « être soldat, ce n’est pas seulement obéir mais surtout adhérer ; sorte de transcendance où les valeurs de la République sont plus importantes qu’une vie humaine ». Rapprocher l’armée et la jeunesse peut ainsi aboutir à créer une adhésion commune à des valeurs et donner les moyens aux jeunes de croire en eux-mêmes. En effet, l’armée a la « capacité d’inspirer, de transmettre des valeurs, de révéler du potentiel » dans une société qui a tendance à exclure les individus qui ne rentrent pas dans la norme. M. Delevoye a ainsi conclu sur l’importance d’intégrer l’esprit de défense dans un parcours éducatif pour éveiller la conscience citoyenne et l’adhésion à des valeurs communes. « Le risque n’est pas la création de déserts militaires mais plutôt la perte de cet esprit de défense ». « Il faut passer d’une société d’obéissance passive à une société d’adhésion ».
Il y eut des questions.
Il y eut une réception permettant des échanges fructueux :