Depuis 42 ans, le C160 Transall survole l’océan et les terres africaines au gré des engagements de la France, qu’ils soient de nature militaire ou humanitaire. Alors que son retrait de l’armée de l’air a débuté il y a quelques années, il tire sa révérence sur le territoire réunionnais pour laisser la place au Casa 235-300. Embarquement immédiat au cœur de l’océan indien.
La longévité exceptionnelle du C160 Transall, lui a assuré une place à part auprès de plusieurs générations de personnels navigants et de mécaniciens. Rencontre avec deux anciens aviateurs, lors de la cérémonie d’hommage au Transall qui s’est tenue le 7 juillet 2015 sur le tarmac du détachement air 181 « Lieutenant Roland Garros » à Saint-Denis de La Réunion.
Jean-Marc, ancien mécanicien navigant
« J’ai réalisé toute ma carrière sur Transall en qualité mécanicien navigant. D’Évreux à Saint-Denis de la Réunion, en passant par Orléans, j’ai accumulé plus de 8150 heures de vol et réalisé 245 missions de guerre avec cet avion. Il m’a emmené sur toute la planète, pendant plus de 20 ans d’une vie très intense. Ça me touche énormément de le voir quitter le sol réunionnais. Même si j’ai quitté l’armée de l’air il y a quelques années, je suis resté très attaché aux personnels de l’escadron de transport 50 « Réunion ». J’ai vécu des choses exceptionnelles avec cet aéronef.»
Eric M, ancien pilote de Transall
« Pendant 21 ans, j’ai volé sur Transall et accumulé plus de 8000 heures de vol. Quand je me suis engagé dans l’armée de l’air, c’était pour être pilote militaire au sens tactique du terme et je l’ai été pendant toute ma carrière. J’ai eu des opportunités pour changer d’avion, mais le Transall était le seul aéronef qui m’offrait autant de possibilités : posé sur des terrains sommaires, vol en basse altitude, largage de parachutistes, opérations spéciales,… Actuellement, pilote de ligne pour une compagnie aérienne réunionnaise, j’ai naturellement un pincement à l’idée qu’il va quitter l’île. Quand je le vois survoler La Réunion, j’éprouve toujours un peu de nostalgie. Le changement d’avion au sein de l’escadron de transport 50 c’est la suite logique, ça ne changera pas l’image de celui-ci. Quand on s’engage en qualité de pilote de transport, on a une motivation profonde et ce, quelle que soit la machine. »
Cap des 20 000 heures de vol franchi pour le Transall ! Le 17 janvier 2006, quelque part entre Gillot et Pierrefonds, un Transall de l’armée de l’air française a franchi pour la première fois la barrière symbolique des 20 000 heures de vol. Il faut savoir que la cellule d’un Transall a été conçue pour enchaîner jusqu’à 20 850 heures de vol. Il aura donc fallu 43 ans pour qu’un premier C160 atteigne la quasi-totalité du cycle de « vie » pour lequel il a été conçu à l’origine. En feuilletant les carnets d’entretien de cet avion, nous découvrons qu’il est allé à Dakar, Nouméa, à Fort-de-France. Il a effectué deux séjours d’une moyenne de 10 mois à la Réunion, soit environ 400 heures de vol par détachement. Des générations de mécaniciens ont travaillé à son entretien pendant plus de 350 000 heures. Ses turbopropulseurs ont été changés 48 fois. Avec une moyenne à 400km/h, il a effectué l’équivalent de 185 tours du monde. |
Mardi 7 juillet 2015, à plus de 9000 kilomètres de la métropole française, un vibrant hommage a été rendu au Transall C-160 de l’escadron de transport 50 « Réunion », qui quittera définitivement l’océan Indien cet été. Sur le tarmac du détachement air 181 « Lieutenant Roland Garros », le soleil plonge doucement dans l’océan Indien. L’instant est solennel. Sous la présidence du général Franck Reignier, commandant supérieur des forces armées dans la zone sud de l’océan Indien, et en présence du général Hervé Bertrand, commandant la brigade aérienne d’appui et de projection (BAAP) du commandement des forces aériennes (CFA), les aviateurs, entourés des militaires du 2ème régiment de parachutistes d’infanterie de marine (RPIMa), ont rendu un vibrant hommage au C-160 Transall. « C’est un gros pincement au cœur car cette avion est d’une fiabilité redoutable, confie le général Reignier. Il a toujours été au rendez-vous dans toutes ses missions à La Réunion. C’est également l’avion qui a accompagné une grande partie de ma carrière dans les parachutistes ».
Cet aéronef tire sa révérence après plus de 42 ans de bons et loyaux services sur l’île de la Réunion. Arrivé en 1973, le Transall a sillonné inlassablement les cieux au-dessus de l’océan Indien et des terres africaines. Sa mission ? Interventions armées, maintien de la souveraineté sur les îles Éparses, soutien logistique, missions de coopération régionale, de service public, d’évacuations sanitaires ou à caractère humanitaire ; les aviateurs ont dévoré les milles nautiques et accumulé les heures de vol. « En moyenne, chaque pilote réalise 280 heures de vol par an à La Réunion, y compris le commandant d’escadron. C’est assez rare de pouvoir voler autant au sein d’un escadron », précise le commandant Frédéric Bernicot, commandant de l’escadron de transport 50 « Réunion » - à qui le commandant Sébastien Bouis a succédé le 21 juillet 2015.
Un nouveau venu : le Casa 235-300
L’arrivée du Casa 235-300 le 4 juin 2015 suivie d’un deuxième appareil le 18 juillet 2015, sonnent l’heure du départ pour les deux Transall à la Réunion. Pour mener à bien cette transition, un important travail en amont a été mené par l’ensemble des équipes de l’escadron de transport 50 « Réunion ». « Pendant plus d’un an, nous avons travaillé sur la mise en place du Casa 235-300. Trois pilotes étaient d’ailleurs qualifiés sur les deux avions. Ça nous permet surtout d’avoir une continuité pendant le changement d’aéronefs. Nous pouvons ainsi déjà former les nouveaux équipages. », témoigne le capitaine Thomas, pilote sur Transall et Casa. Le Transall laisse la place au Casa 235-300, qui ouvre une nouvelle page de l’histoire du transport aérien militaire. « Le Casa 235 s’inscrit dans les pas de son glorieux aîné ; il possède tous les atouts pour remplir les missions de l’escadron de transport 50 », affirme le général Hervé Bertrand.
15 juillet 2015. Cap au sud pour l’équipage Casa de l’escadron de transport (ET) 03.062 « Ventoux ». Sa mission ? Convoyer le second CN 235-300 de la métropole vers Saint-Denis de la Réunion, afin de poursuivre le retrait du service du Transall sur l’île et la reprise de ses missions par les Casa. Plusieurs escales ponctuent ce convoyage jusqu’à l’île de La Réunion. « Nous avons effectué une première escale technique à Ghardaïa, en Algérie pour procéder à un ravitaillement en carburant », nous confie le lieutenant-colonel Tony Anquetil, pilote de Casa à l’ET 3/62 « Ventoux ». Au-dessus du désert, les nautiques s’enchaînent jusqu'au contact avec la tour de contrôle de l’aéroport international de N’Djamena. « Pour les transporteurs, les mécaniciens, les secrétaires ou les navigants, la capitale tchadienne est un comme un second "chez soi"», témoigne le commandant du Ventoux. Le lendemain, le Casa et son équipage poursuivent leur route sur les traces des pionniers des lignes trans-africaines, pour rejoindre Dar-Es-Salaman en Tanzanie, via Kisangani en République démocratique du Congo. « La traversée du front intertropical est l’occasion pour nous d’instruire le copilote et le mécanicien d’équipage à l’appréhension des masses orageuses et à l’utilisation du radar pour les contourner, annonce l’officier supérieur. Traverser une barrière active cumulo-nimbus à bord d’un avion cargo léger nécessite une certaine technique et un peu d’expérience ». Dans la fraîcheur matinale, le Casa 235-300 s’élance au-dessus de l’océan et du canal du Mozambique. Les Comores puis Madagascar défilent sous leurs ailes. « L’île intense » se dessine à l’horizon au terme de trois jours de vol, avec pour certains des membres de l’équipage, le premier franchissement de la Ligne : l’équateur. « Des missions de convoyage comme celle-là sont de très grandes aventures humaines en terrains lointains et exotiques », conclu le lieutenant-colonel Tony Anquetil.
Mardi 15 septembre 2015, le dernier Transall C160 équipant l’escadron de transport 50 « Réunion » a fait ses adieux aux forces armées dans la zone sud de l’océan Indien et à l’île de La Réunion.
Maintenu quelques semaines de plus que prévu sur l’île, il assurait les rotations mises en place dans le cadre de la finalisation de la réfection de la piste d’Europa, une des îles Éparses des Terres australes et antarctiques françaises. Le C160 a fini par tirer sa révérence devant le personnel du détachement air 181 « Lieutenant Roland Garros » réuni pour l’occasion. Tout le personnel s’est retrouvé sur la piste pour dire au revoir au Transall. Un rassemblement révélateur de l’attachement du personnel affecté à La Réunion à cet avion légendaire.
Attachement partagé, puisque le Transall a pris le temps d’un ultime passage au-dessus de Saint-Pierre pour saluer le personnel du 2ème régiment des parachutistes d’infanterie de marine avant de regagner la métropole.
Source : Armée de l'Air et de l'Espace
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