Du 27 février au 10 mars 2017, les forces spéciales air ont participé à l’exercice de l’AFSOC (US Air Force Special Opération Command - commandement des opérations spéciales de l'USAF), « Emerald Warrior », à Hurlburt Field (Floride). Une première pour l’escadron de transport « Poitou » et le commando parachutiste de l’air n°10, qui se sont « frottés » à leurs homologues américains, référence mondiale en matière d’opérations spéciales.
« L’armée de l’air française est l’un de nos partenaires majeurs dans la lutte contre le terrorisme. Ses forces spéciales font partie des meilleures au monde. C’est donc naturellement que nous les avons invitées à participer à « Emerald Warrior 2017 ». » Le lieutenant-colonel Helms de l’USAF, chef de la composante aéroportée de l’exercice, ne cache pas ses convictions. Conviées dans l’antre de l’AFSOC pour la première fois, les forces spéciales air ont traversé l’Atlantique pour peaufiner leur interopérabilité, non seulement avec leurs homologues des forces spéciales de l’United States Air Force (USAF), mais également avec l’US Army ou l'US Navy.
Cette première fait de l’Armée de l’Air l’une des seules forces concourantes non américaine à apporter la preuve de sa capacité à insérer des moyens aériens dans un exercice aussi ambitieux : prise de terrain, infiltration, exfiltration, évacuation de blessés… Sur la base des scénarios concoctés par les organisateurs, les groupes action du CPA 10 ont pu travailler aux côtés des STS, (Special Tactics Squadrons) avec des équipages de Black Hawk ou de C130J. Côté transport, les équipages du « Poitou » ont permis l’infiltration des groupes action de l’USAF et l’exfiltration des blessés américains de la zone ennemie. « Ce type de mission se rapproche de ce que l’on peut réaliser en opérations dans le cadre d’une coalition », indique le colonel Philippe, chef du bureau des forces spéciales air (BFSA) du commandement des forces aériennes. Depuis dix ans, l’AFSOC s’attache à adapter ses scénarios aux conflits du moment. « Hier l’Afghanistan, aujourd’hui le Levant ; nous veillons à bâtir un entraînement réaliste, prenant en compte un maximum de paramètres géopolitiques, tels que ceux rencontrés aujourd’hui », précise le lieutenant-colonel Helms. Une occasion de préparation opérationnelle unique pour les FSA. « Outre cet entraînement réaliste, « Emerald Warrior » confirme notre capacité à nous intégrer sans délai dans une manœuvre aérienne menée par l’AFSOC, ajoute le colonel Philippe. Notre savoir-faire, notre expérience et nos systèmes de communications nous permettent d'être parfaitement interopérables. »
Au-delà de cette collaboration, les deux armées partenaires se sont livrées à un véritable partage d’informations. « Les retours d’expériences, par le biais d’échanges au sol et en vol, ont été très bénéfiques, tant sur le matériel que sur les modes d’action, confie le chef du détachement du « Poitou ». On s’est, par exemple, intéressé à la mise en œuvre de l’armement par leur AC130 Gunship. » Et le chef du BFSA de confirmer : « Non seulement, les JTAC français peuvent être amenés à demander un appui-feu par ce type d’avion, comme ils l’ont déjà fait en opérations, mais nous travaillons aussi à un projet d’armement de nos C130H, en cours de rénovation et qui pourraient être à terme dotés d’une réelle capacité de feu. »
Outre cette quête d’innovation, le détachement français a également pu s’intéresser à la différence de conception de l’allocation des moyens aux opérations spéciales entre les deux nations. Tandis qu’AFSOC détient des moyens dédiés pour chaque capacité (C130 pour la pénétration et l’insertion, KC130J pour le ravitaillement, AC130 Gunship pour l’appui-feu), le « système FS air » français met en œuvre moins d’appareils en misant sur des procédures polyvalentes et des équipements réversibles. Il peut surtout compter sur l'ensemble des unités de l’Armée de l’Air, y compris les unités conventionnelles, pour mener des opérations spéciales.
Croisement des cultures et des procédures, entraînement commun et confiance réciproque, confirment la capacité des forces spéciales air à s’intégrer dans de futurs dispositifs interalliés, pour participer activement à la lutte contre le terrorisme et faire face aux défis de demain.
Sources : CFA
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