50 ans. Voici l'âge atteint aujourd'hui, mardi 14 janvier 2014, par les forces aériennes stratégiques (FAS), qui n'ont malgré tout pas pris une ride. Les FAS mettent en œuvre la composante aéroportée de la dissuasion nucléaire, l'une des missions permanentes de l'armée de l'air.
« S’il faut que la France ait une épée, il faut que ce soit la sienne » - Charles de Gaulle, 1950.
Quatre années à peine après l’opération Gerboise Bleue, l’explosion de la première bombe atomique française, le 13 février 1960 à 7 heures, à Regganne (désert du Sahara), première démonstration de la maîtrise française de la puissance nucléaire, le décret n°64-46 signé par le président de la République Charles de Gaulle créait, le 14 janvier 1964, le commandement des forces aériennes stratégiques (CFAS). Ce court document de huit articles, pris en Conseil des ministres, attribue au président de la République en sa qualité de chef de l’État le pouvoir d’engager les forces nucléaires mais également de pouvoir définir les objectifs de ces dernières en sa qualité de président du conseil de défense et de chef des armées. Concrétisation d’un long cheminement entrepris depuis mai 1939 pour doter la France d’une arme atomique, il officialise le vœu présidentiel d’une indépendance nationale au travers de sa force de frappe afin de redonner à la France « le rang qui est le sien ».
« Il nous faut faire comme Tintin, ce personnage célèbre dans le monde entier et qui m’est particulièrement sympathique parce que c’est un petit qui ne se laisse pas faire par les gros … », dit alors l’homme de l’appel du 18 juin à André Malraux.
Pour la plupart des commentateurs, c’est avec ce décret que le rôle prépondérant du président de la République dans la direction de la défense nationale est officiellement reconnu. Le général commandant les forces aériennes stratégiques relève directement du président de la République. C’est de lui qu’il reçoit les ordres de mise en posture et c’est de lui qu’il pourrait recevoir, si les circonstances l’exigeaient, l’ordre d’engagement pour l’ensemble des forces nucléaires. Inversement, c’est directement au chef de l’État que le général commandant les FAS rend compte de l’état et de la disponibilité des forces et c’est également à lui qu’il rendrait compte de l’exécution de l’ordre d’engagement.
Ce décret transfigure l’armée de l’air, donnant naissance à une force moderne, voulue indépendante de toute source d’approvisionnement étranger par les instances politiques, libérée du jeu des alliances militaires et mettant en ligne le meilleur matériel de l’époque. Réduisant la chaîne de transmission des ordres au strict minimum, elle assoit sa capacité décisionnelle sur la décision d’emploi d’un seul homme : le président de la République. Grâce à la volonté affirmée de Charles de Gaulle qui leur confie la mise en œuvre exclusive de la première arme nucléaire conçue et expérimentée par le commissariat à l’énergie atomique (CEA, qu’il a également créé dès le 18 octobre 1945), les FAS, première composante de la dissuasion nucléaire, deviennent les garantes de la sécurité militaire de la France.
Un binôme indissociable va incarner cette « dissuasion à la française » : le Mirage IVA, appareil d’une haute technologie « made in France », et le Boeing C 135 F ravitailleur, appareil permettant de fournir l’allonge suffisante pour atteindre les objectifs les plus éloignés.
Ainsi dotées, les FAS sont alors prêtes, selon la formule d’Hervé Beaumont, à « redonner un destin à la France … »
Pour en savoir plus : - Jean-Michel Guhl, dans « Forces Aériennes Stratégiques » d’Alexandre Paringaux, Zéphyr Editions, 1997 ; A lire aussi : Philippe Wodka-Gallien, « Pérennité des forces aériennes stratégiques françaises », Revue Défense Nationale, janvier 2014. |
Sources : Armée de l'Air et de l'Espace
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