La base aérienne projetée (BAP) au Levant célèbre son sixième anniversaire ! En 2014, à la demande du gouvernement iraquien et sur ordre du président de la République, la France s’est engagée aux côtés de la coalition dans la lutte contre Daech, en lançant l’opération Chammal, nom de la participation française à l’opération Inherent Resolve (OIR). Retour sur différents témoignages faisant honneur à l’histoire de la base aérienne projetée au Levant.
Présent en 2014 lorsque la BAP a été mise en place, l’adjudant-chef Mickaël, chef du dépôt de munitions, revient sur son expérience :
« En 2014, nous nous relayions par équipe de dix, par créneaux de 12 heures, car, de jour comme de nuit, les avions décollaient pour effectuer des frappes. Nous avions même des renforts venus de Djibouti pour nous épauler. À l’époque, le camp était beaucoup plus petit et tout était sous tente. En hiver, quand il gelait, nous vivions dans des conditions assez rustiques, mais cela renforçait l’esprit de cohésion. Je me souviens aussi de l’été 2016, lorsque la 1000e bombe a été tirée : en tant qu’armurier, c’est un évènement marquant. »
Le capitaine Jean-Claude, chef de soutien opérationnel, a été déployé à l’été 2015, l’hiver 2017 et de nouveau actuellement. Il a vu l’évolution des structures et de la piste :
« À l’été 2015, nous n’avions pas encore de bâtiments en dur. Nous arrivions et repartions le plus souvent par A310, depuis les aéroports civils, car la plateforme n’était pas encore adaptée pour accueillir nos avions militaires. Le premier A400M Atlas, qui nous permet aujourd’hui d’effectuer les relèves, s’est posé pour la première fois en 2017 à la suite des travaux du parking. Enfin, en tant que chef des contrôleurs et des météorologues, j'ai été marqué par la tempête de sable qui a sévi le 2 août 2015, arrachant sur son passage les tentes, notamment celles qui nous servaient de salle de sport et de foyer. »
Le capitaine Flavien, officier de communication de la BAP en 2015 et conseiller communication (Conscom) de l’opération Chammal en 2020, nous raconte son engagement :
« Mon mandat de 2015 s’est déroulé quelques jours seulement après les attentats de mi-novembre à Paris. La situation tactique a considérablement évolué : mis sous pression en décembre par les frappes de rétorsion menées par la coalition, Daech fût contraint d'adopter une posture défensive et de reculer, affaibli par les offensives des forces locales au sol et par les bombardements aériens. Les avions de chasse alors déployés sur la BAP étaient des Mirage 2000D et N. Le contexte opérationnel était dense puisque de très nombreuses frappes furent réalisées durant cette période au cours de près de 500 missions.
Outre l'augmentation du nombre de chasseurs projetés sur la base, cette période a été marquée, d'une part, par l'implantation permanente sur la plateforme d'un appareil de patrouille maritime Atlantique 2 (ATL2) de la Marine nationale et, d'autre part, par le déploiement du Groupe aéronaval (GAN) qui a permis la réalisation de près de 100 frappes.
Cinq années plus tard, pratiquement jour pour jour, devenu réserviste, je suis de nouveau engagé dans la même opération en qualité de Conscom de l’opération Chammal, basé au Koweït. Le principal changement est l’évolution de la situation tactique, l'opération étant passée dans une phase de stabilisation et de préparation de l'avenir.
Une même opération, deux ambiances, deux contextes, mais un objectif inchangé en tant que chargé de communication : faire savoir au public de la manière la plus pédagogique, l'histoire de cet engagement. »
Le sergent Nicolas, administrateur Harpagon sur Rafale, revient, quant à lui, sur sa participation en janvier 2019 :
« Ce qui me reste de mes différents mandats sur Chammal - je viens deux fois par an, depuis 2017 - ce sont les rencontres. Nous échangeons avec des personnes de toutes spécialités qui viennent de bases différentes. Ensuite, il nous arrive de croiser régulièrement un collègue, un ami, un frère d'armes. C’est très enrichissant. »
Enfin, le colonel Arnaud, actuel commandant de la BAP, se remémore ses mandats en 2015 et nous parle, en cette date anniversaire, de la mission aujourd’hui :
« J’ai participé à deux mandats en tant que chef du détachement chasse. J’ai eu l’occasion, à cette époque, de voir le conflit dans deux dynamiques différentes. En effet, pour le second mandat, j’ai été projeté dix jours après les attentats de novembre 2015. Plusieurs évènements m’ont marqué lors de mes différents déploiements : tout d’abord, je me souviens d’une mission de nuit particulièrement difficile puisque des contraintes techniques et des pannes sont venues s’ajouter à la mission. Alors au “ bingo ” pétrole – quantité limite à ne pas dépasser avant de rentrer – nous avons tiré plusieurs munitions. C’est une fois au sol que nous avons découvert avec fierté que nous avions neutralisé un puissant chef de Daech. Ensuite, je me souviens avoir été leader d’une patrouille de six Mirage 2000D/N. L’intégralité de la flotte présente sur la BAP avait été engagée, alors que c’était une journée de régénération organique. C’était la première fois que l’aviation française tirait des SCALP (missiles) sur le théâtre iraquo-syrien. Également, jamais nous n’avions mis des avions au-dessus de l’objectif pour vérifier les effets des munitions, et, ensuite, neutraliser d’autres cibles d’un quartier général de Daech. On s’entraîne longtemps pour caresser l’espoir de participer à ce type de mission autant technique dans sa réalisation que sensible stratégiquement.
De retour en tant que commandant de la base aérienne projetée aujourd'hui, je découvre encore une nouvelle facette de l’opération. Cinq ans après, la BAP constitue toujours ce dispositif agile qui s’adapte rapidement à l’environnement. En effet, avec le Rafale par exemple, la polyvalence est mise en exergue comme un véritable facteur clé dans les opérations au sein de la coalition. Aux missions d’appui feu s’ajoutent les missions de reconnaissance et de défense aérienne. La BAP a permis de monter en capacité. »
Aujourd’hui à l’aube de ses six ans, la BAP peut, ainsi, dans de nombreux domaines, produire des effets essentiels (anticipation, coopération, intervention, reconnaissance, projection de forces) au profit des intérêts français dans la région du Levant.
Sources : EMA
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