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Derniers vols pour l’A340

Mise à jour  : 06/01/2021 - Auteur : armée de l'Air et de l'Espace - Direction : Armée de l'Air et de l'Espace

Le 6 juillet 2006, l’armée de l’Air et de l’Espace célébrait la mise en service de l’A340. Après une carrière remplie de missions opérationnelles, l’aéronef a tiré sa révérence en décembre 2020. Retour sur les dernières envolées de ces A340 de l’escadron de transport 3/60 « Estérel ». 

A340 : Un dernier vol à Kaunas

Après quatorze ans de services opérationnels au sein de l’escadron de transport (ET) 3/60 Esterel, les deux Airbus A340 ont été retirés du service en décembre 2020. Avec déjà 42 000 heures de vol au compteur, une dernière mission a eu lieu pour Kaunas en Lituanie dans le cadre de l’opération Lynx, un renfort d’éléments de forces françaises (armée de Terre) au profit des pays Baltes. Immersion dans les coulisses des préparatifs de l’un des derniers vols de l’A340.

J-3 mois 

Sur la base aérienne 110 de Creil, en lisière de forêt, se niche une unité opérationnelle de l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE) : l’ET 3/60 Esterel. 180 personnels s’affairent dans les différents services de l’unité pour « accomplir les missions émanant à 98% du CSOA (Centre de soutien des opérations et des acheminements) via l’EATC (European Air Transport Command», affirme le capitaine Julien de la section activité aérienne du bureau des opérations. Tout commence trois mois avant le vol. Les demandes de transport aérien sont éditées par le CSOA, transmises à EATC en charge de les ventiler auprès des unités militaires européennes. Le bureau des opérations s’en occupe ensuite. La section activité aérienne établit alors le plan de charge en répartissant les demandes par destination et période. 

 

J-3 semaines  

À trois semaines du vol, la préparation de la mission commence et chaque étape est vérifiée : « Accessibilité du terrain, conditions d’escale pour les passagers, autorisation de survol des pays, demande de carburant, vérification du plan de vol, demande d’assistance aéroportuaire (ménage à bord, réapprovisionnement en eau, container pour chargement des bagages, etc.), tout est passé au crible », explique le capitaine Luc du bureau études et opérations. En parallèle, le permanent opérations surveille la préparation tout en assurant la conduite des missions déjà en cours. Un poste clé, armé en permanence 24h/24, pour gérer les problèmes qui interviendraient dans la préparation et la conduite des missions.

 

J-1 jour

À l’approche du départ et après avoir pris connaissance des dernières informations en termes de passagers et de chargement, s’enclenchent les commandes de repas et de boissons pour les passagers et l’équipage, la réservation des hôtels avec Wi-Fi impératif. L’équipage doit en effet pouvoir consulter, depuis sa tablette, la météo et le dossier de vol. Ce dernier, désigné par les chefs de planning sur le vol (pilote, mécanicien sécurité cabine et agent sécurité cabine), récupère et vérifie à nouveau toutes les informations afférentes à la mission.

 

Le bureau des vols du secrétariat des opérations prépare « la  sacoche commandant de bord ». Il emporte ainsi les ordres de mission, la carte carburant, le téléphone mission pour être joignable n’importe où dans le monde, les passeports de l’équipage ou les visas et les fiches de redevances. L’après-midi précédent le départ, l’équipage, constitué à minima d’un commandant de bord, d’un copilote, d’un chef de cabine principal, de deux chefs de cabine et de trois agents sécurité cabine, se réunit pour un briefing exhaustif au sein de l’unité : rappel concernant l’objet de la mission, communication des horaires, coordination pour les ramassages de l’équipage afin de se rendre à l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle, vérification des commandes passées, tout est passé en revue pour corriger les éventuels oublis. C’est l’ultime étape de la préparation.

 

Jour J

C’est sur le tarmac de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle que l’A340 prend son départ. L’Esterel parcourt le monde – des grands aéroports internationaux aux terrains plus exotiques et moins fréquentés – pour répondre aux demandes de relève de troupes ou de fret. Quelques voyages officiels ou évacuations sanitaires complètent le panel de cette unité opérationnelle 365 jours par an.  

 

Vol retour  

Au retour de vol, la sacoche du commandant de bord est récupérée par le secrétariat des opérations. L’adjudant Christelle transmet les documents aux différents services de l’unité. Le bureau technique enregistrera les heures de vol de l’avion pour le suivi des maintenances, les heures de vol de l’équipage pour les comptabiliser dans le calcul de la pension militaire ou l’obtention de médailles. Le service comptable gère, quant à lui, les quelque 5 000 ordres de mission annuels, les frais de repas ou d’hébergement. Un dossier se clôt que déjà les équipages s’affairent pour une autre mission. Une carrière courte mais bien remplie pour l’A340 ! 

 

 

 

Le premier vol de l’A340 au sein de l’AAE a lieu le 3 juillet 2006. Au départ de Roissy-Charles-de-Gaulle, l’aéronef prend son envol à destination de la base d’Istres pour un basic training flight (séance de tours de piste). Son entrée en service est célébrée quelques jours plus tard, le 6 juillet 2006.

La maintenance de l’appareil est alors confiée à la compagnie aérienne TAP Portugal, qui opère également des A340. Un mécanicien embarque à bord pour chaque mission afin d’assurer un dépannage extrêmement rapide en cas de problème. Des visites périodiques sont également effectuées dans les ateliers de maintenance de la TAP à Lisbonne. 

Lors de son arrivée au sein de l’Esterel, l’A340 reprend les vols directs vers La Réunion, la Guyane et les Antilles. Nouméa et Papeete redeviennent également accessibles en deux étapes. Les équipages découvrent de nouvelles escales et de nouveaux terrains (Vancouver, Pékin, Shanghai).

Sur le plan opérationnel, l’AAE retrouve une capacité de projection substantielle à longue distance. L’avion arrive au bon moment, quelques mois avant la décision de renforcer le dispositif militaire français en Afghanistan. En effet, l’Afghanistan marque une page importante de l’histoire de l’unité. Les équipages doivent faire face à un environnement hostile et des difficultés à la fois techniques (approches délicates, reliefs élevés, aérologie…) et opérationnelles (zone de guerre, menaces sol-air…). De nombreuses autres opérations suivront et renforceront le rôle essentiel de l’Esterel dans le transport stratégique. 

Au cours de leur courte carrière, les deux A340 de l’Esterel auront également pris part à certaines missions remarquables d’évacuation sanitaire et de ressortissants : catastrophe de Fukushima au Japon en 2011, évacuation de ressortissants tchadiens à Bangui en 2013, aide aux populations kurdes sur l’aéroport d’Erbil en Iraq en 2014, puis suite à l’ouragan Irma aux Antilles en 2017 et au départ de Wuhan en 2020. 

FAZSOI : dernière mission pour l’A340 au DA181

Le 15 décembre 2020, l’airbus A340-211 immatriculé F-RAJA de l’escadron de transport 3/60 « Estérel » de l’armée de l’Air et de l’Espace a réalisé sa dernière mission au profit des Forces armées dans la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI).

L’A340 a permis la mise en place et le désengagement de 185 militaires entre l’île de La Réunion et l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle. Lors de cette escale au détachement air 181 (DA181 à La Réunion), le traitement des 185 passagers ainsi que leurs bagages a été assuré par l’escale aérienne militaire (EAM), le tout dans le strict respect des protocoles sanitaires pour préserver les FAZSOI des risques de la Covid-19.

Du 14 au 17 décembre 2020, la relève a été effectuée lors d’une opération aérienne complexe mettant en œuvre un A310 pour la mise en place sur Dzaoudzi (Mayotte) et d’un A400M pour le désengagement du fret du régiment en place, actuellement le 1er régiment d’infanterie. Ces balais aériens ont eu lieu au départ du DA181 qui s’appuie sur les moyens de l’aéroport civil de La Réunion Roland Garros et d’un détachement du transit interarmées (DéTIA) à Mayotte assuré par l’escale aérienne militaire du DA181. Les délicates opérations de chargement et de déchargement ont, quant à elles, été accomplies par les experts du transit aérien de l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE). La réussite de cette relève se traduit par une planification fine des opérations ainsi qu’une conduite souple et bienveillante.

Cette relève sera suivie par celle du personnel en mission de courte durée basé sur l’île de La Réunion avec les nouveaux Airbus A330-200 de l’AAE.

L’A340-211 F-RAJA a réalisé son premier vol en février 1995 et sera retiré du service au profit du ministère des Armées à la fin de l’année 2020.

Les 1 700 militaires déployés aux FAZSOI garantissent la protection du territoire national et animent la coopération régionale depuis La Réunion et Mayotte. Les FAZSOI constituent le point d’appui principal du théâtre « océan Indien » pour lutter contre de nouvelles menaces comme la piraterie ou l’immigration illégale, assurer la surveillance des zones économiques exclusives (ZEE) associées à l’ensemble des îles de la zone de responsabilité et conserver une capacité régionale d’intervention rapide.


Sources : armée de l'Air et de l'Espace
Droits : armée de l'Air et de l'Espace