« Cybercrunch » : l’Armée de l’air défie la Royale Air Force

Les équipes de l’escadron des systèmes d’information opérationnels et de cyberdéfense (ESIOC) 62.430 « Marensin » de la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan et de la 591st Signals Unit (591SU) de la Royal Air Force se sont défiées au cours d’un exercice de type « Capture the Flag », face à Airbus Cybersecurity qui jouait le rôle de « Red Team ». Il s’agit d’une formule familière pour tous les passionnés d’hacking. Le but de chaque challenge est de découvrir un drapeau matérialisé par un mot ou une phrase mystère. Par exemple, une épreuve peut consister à attaquer un site web en exploitant une vulnérabilité connue pour accéder à une page privée où se trouve le fameux « flag ». 

« Tout au long de cette journée, nous devions surveiller un système représentant une carte et simulant une situation aérienne. L’une des attaques a été identifiée quand les symboles d’aéronefs affichés ont changé de couleur et se sont multipliés jusqu’à saturer l’affichage. Le but était d’être la première équipe à diagnostiquer l’attaque grâce à nos outils de cybersurveillance. C’est la détection des incidents qui nous a rapporté le plus de points », explique le colonel Ludovic, commandant l’ESIOC. 

Cet évènement s’inscrit dans le cadre du jumelage qui existe entre l’ESIOC et la 591SU depuis 2016. Il s’agit d’une compétition visant à créer l’émulation et à renforcer le lien entre les deux unités, mais il s’agit aussi d’un véritable exercice de lutte informatique défensive (LID) qui impose de mettre en œuvre l’ensemble des compétences et des connaissances requises dans ce domaine depuis la cyber-surveillance, jusqu’à la réponse à incident. « Notre domaine d’expertise porte sur la défense de l’espace numérique, mais pour savoir défendre, il faut savoir attaquer, précise le colonel. Nous étudions notamment comment les modes opératoires sont séquencés pour pouvoir y apporter les réponses les plus efficaces. Le partenariat avec les britanniques est particulièrement fructueux, car chacun a ses domaines d’excellence et l’enrichissement est mutuel. »

Appuyée par le commandement de la cyberdéfense (COMCYBER), la réalisation d’un exercice entre les deux pays au cours de l’année du 10^e anniversaire des accords de Lancaster House (Traité de Londres, 2010) confirme le dynamisme de la coopération opérationnelle entre les deux puissances. La tenue de cet exercice, dans le contexte du déconfinement, démontre que les forces armées et leur cyberdéfense maintiennent un haut niveau de préparation opérationnelle. La participation au « Cyber Crunch 2020 » des deux étudiants de l’école Télécom Paris, lauréats de la précédente édition de l’exercice « Mars@hack » et avides de savoir en matière de « cyber », a été largement appréciée. 

Pour cette première édition, c’est l’ESIOC qui a obtenu le trophée « Cyber Crunch » des mains du général Christophe Vilchenon, commandant la brigade aérienne d’appui à la manœuvre aérienne (BAAMA) du Commandement des forces aériennes (CFA). « Le personnel de l’ESIOC a démontré que cet escadron est très performant, déclare le général. Cet exercice, au-delà de l’émulation du défi, confirme l’excellence de nos experts en cyberdéfense. » Le trophée sera remis en jeu annuellement et l’exercice reconduit sur le sol anglais ou français à tour de rôle.