Lors d’une audition en fin 2010 à l’Assemblée nationale devant les députés de la Commission de la Défense et des forces armées et dont le compte-rendu vient d’être publié, Alain Juppé s’est exprimé sur les décisions prises à Lisbonne, dans le cadre du sommet de l’Otan.
Alain Juppé, ministre d’Etat, ministre de la Défense et des Anciens combattants, a tenu à rappeler, devant la Commission de la Défense et des forces armées de l’Assemblée nationale, le « rôle important » qu’a joué la France « notamment pour soutenir le processus de transformation » de l’Alliance Atlantique. Il a également rappelé les autres avancées qui ont marqué le sommet de l’Otan, qui s’est tenu à Lisbonne, les 19 et 20 novembre 2010, qui sont l’adoption d’un nouveau concept stratégique et le développement des partenariats avec la Russie et l’Union européenne.
Sur la question de la transformation de l’organisation, le ministre a déclaré qu’« en dépit du poids des conservatismes, nous avons obtenu de vraies décisions : une réduction de la structure de commandement d’environ un tiers pour ne conserver que les états-majors réellement utiles ou déployables, qui fera passer les effectifs de 13 000 à environ 8 950 personnels, avec un objectif de réduction supplémentaire à 8 500 ; le regroupement des 14 agences de l’OTAN en trois entités, qui permettra de réaliser des économies de personnel et de coûts de fonctionnement ; la stabilisation des budgets de l’Alliance après la situation tendue qu’elle a connue en 2009-2010 ».
« Le second résultat satisfaisant du sommet de Lisbonne a été l’adoption d’un nouveau concept stratégique qui répond à nos attentes », a poursuivi le ministre. Le nouveau concept stratégique « prend en compte les nouvelles menaces : terrorisme, prolifération des armes de destruction massive, cyber-attaques. Il préserve le cœur militaire de l’Alliance et réaffirme sa responsabilité première, celle de protéger et de défendre le territoire et la population de ses États membres, conformément à l’article 5 du traité de Washington, dont l’actualité a été clairement réaffirmée. Le nouveau concept souligne aussi notre détermination à ce que l’OTAN dispose de tout l’éventail des capacités nécessaires, notamment celles de la défense antimissile balistique », a-t-il précisé.
En ce qui concerne les partenariats, le nouveau concept stratégique adopté par les Etats-membres de l’Alliance Atlantique « affirme également le caractère stratégique de deux partenariats majeurs de l’Alliance. Il s’agit d’abord du partenariat avec la Russie […] la relation OTAN-Russie a donc pris un nouveau départ, avec notamment la décision de coopérer sur la défense antimissile face à une menace commune ».
L’autre partenariat majeur concerne la relation entre l’Alliance Atlantique et l’Union européenne. « Il se heurte à des blocages politiques, […] Néanmoins, le chemin parcouru est considérable. Voila encore dix ou quinze ans, l’idée même que l’Union européenne puisse jouer un rôle propre dans la défense et la sécurité de son territoire, en complémentarité de l’Alliance atlantique, n’était pas véritablement admise par la majorité de nos partenaires. Elle l’est désormais : le Secrétaire général de l’Alliance et la Haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Mme Ashton, ont clairement manifesté à Bruxelles leur intention de renforcer cette relation « dans le respect de l’autonomie de chacune des institutions ».
Ce fut aussi l’occasion pour Alain Juppé de s’exprimer sur la stratégie menée par l’Otan en Afghanistan, qui consiste à « sécuriser la plus grande partie du territoire et de former des forces militaires et de police afghanes à un niveau suffisant pour leur transférer la responsabilité de la sécurité de leur pays, tout en prolongeant le partenariat de développement avec celui-ci ».
A ce sujet, le ministre a rappelé que les Etats participant à la Force internationale s’assistance et de sécurité (FIAS), « ont donné leur accord à Lisbonne pour un début de transfert direct des districts aux autorités afghanes dès 2011, avec pour objectif de transférer la totalité de ces districts d’ici à 2014 ».
Lors de cette audition, le ministre s’est également exprimé sur l’accord franco-britannique, signé à l’issue d’un sommet qui s’est tenu le 2 novembre 2010, et qui prévoit notamment la création d'une force interarmées, ainsi qu’une coopération en matière de dissuasion nucléaire.
Sources : Ministère des Armées