La France et le Royaume-Uni ont signé deux traités de coopération militaire au cours d’un sommet qui s’est tenu à Londres, mardi 2 novembre 2010. Ces traités prévoient en particulier la création d’une force commune, ainsi que la mutualisation de porte-avions et de laboratoires nucléaires.
Le Président de la République, Nicolas Sarkozy, et le Premier ministre britannique, David Cameron, ont signé deux traités de coopération en matière de sécurité et de défense au cours d’un sommet s’étant tenu à Londres, le mardi 2 novembre 2010. Un rapprochement sans précédent des armées et des industries de défense des deux pays, « déterminés à jouer un rôle de leader en matière de sécurité et de défense », selon la déclaration effectuée par l’Elysée à l’issue du sommet.
Ce rapprochement doit permettre à la France et au Royaume-Uni de faire face ensemble « à de nouveaux défis tels que la prolifération des armes de destruction massive et des missiles balistiques, le terrorisme et les cyber-attaques, et ceux qui pèsent sur la sécurité maritime et spatiale ». Il s’agit de « mettre nos forces en mesure d’agir ensemble, optimiser nos capacités et mieux rentabiliser notre investissement de défense », ainsi que « d’accroitre les domaines et les ambitions de nos programmes communs d’équipements de défense et de stimuler une étroite coopération industrielle », a indiqué l’Elysée.
Le premier traité ratifié prévoit ainsi une coopération accrue entre les forces armées françaises et britanniques, ainsi que le partage et la mutualisation de matériels et d’équipements. Dès 2011, une force expéditionnaire interarmées conjointe, composée de 3 500 à 5 000 soldats, sera créée et commencera à s’entrainer. Non permanente, cette force pourra être déployée, avec préavis, pour des d’opérations bilatérales, de l’Otan, de l’Union européenne et des Nations Unies.
Ce traité prévoit également la mutualisation de porte-avions à partir de 2020, pour permettre aux avions français et britanniques d’opérer à partir des navires des deux pays, ainsi que de l’entretien et l’entraînement à bord du nouvel avion de transport militaire A 400M.
Le second traité initie une série de projets dans le secteur industriel, ainsi que dans les domaines de la recherche et technologie. L’une des principales mesures concerne la mise en commun des technologies des deux pays en matière d’essais nucléaires en laboratoire, à partir de 2015. L’objectif sera de tester conjointement la performance des ogives nucléaires et la sécurité des arsenaux, dans deux installations scientifiques communes : l’une qui sera située à Valduc (Bourgogne), à partir de 2022, et l’autre dans le centre de recherche britannique d’Aldermaston.
Cette coopération technologique prendra également effet dans le domaine des sous-marins nucléaires (à l’exclusion des cœurs nucléaires et des lanceurs), des drones, des missiles et des systèmes anti-mines.
Dès 2011, la France et le Royaume-Uni travailleront à la conception de la future génération de drones de surveillance « moyenne altitude, logue endurance », prévus pour 2015-2020. A partir de l’année suivante, ils lanceront un programme de démonstrateur destiné à préparer les futurs drones de combat, avec une entrée en service envisagée pour 2030.
Un programme de nouveau missile anti-navire, destiné à prendre la succession du missile de croisière Scalp, et un projet de missile aérien de courte portée seront également lancés l’année prochaine.
Le sommet fut aussi l’occasion pour la France et le Royaume-Uni de réaffirmer leur engagement au sein de l’Otan et de l’Union européenne, de plaider pour un renforcement des liens entre les deux institutions, et d’exprimer leurs positions communes sur plusieurs questions stratégiques : la prolifération des armes de destruction massive, la prolifération nucléaire en Iran, la mise en place d’une aide au développement au profit du Pakistan, ainsi que la situation en Afghanistan.
« Lors du sommet de Lisbonne, nous attendons de l’Otan qu’elle lance un processus de transition ordonnée, afin de transférer les responsabilités en matière de sécurité aux autorités afghanes », précise sur ce dernier point la déclaration de l’Elysée.
Ce rapprochement historique doit permettre aux deux pays de maintenir leur rang de puissances militaires, malgré la réduction de leurs budgets de défense respectifs, tout en conservant leur indépendance quant à la décision de déployer leurs forces. Il « profitera à l’ensemble de nos alliés et contribuera à la sécurité de l’Alliance atlantique, de l’Union européenne et de nos amis partout dans le monde », selon la même source.
Sources : Ministère des Armées