Exercice VORTEX : interview du général Guibert 3/3

 3/3 Vortex 2017 a-t-il été une réussite ?

Je tire un bilan positif de ces quatre journées de convocation qui se sont déroulées au sein des 11 formations de la 3^e division. Par rapport à 2016, nous avons ainsi stabilisé le taux de présence des convoqués autour de 44%. Les régiments et états-majors de la 3^e division ont accueilli plus de 1 000 hommes et femmes qui ont ainsi quitté leur foyer et leur travail pour revêtir le treillis le temps d’une journée. Nous avons organisé l’accueil des anciens militaires dans nos unités dans de très bonnes conditions et le contenu du programme de ces journées les a intéressés d’après les retours dont nous disposons (instruction, ateliers administratifs, etc.). Les trois objectifs de l'exercice ont été satisfaits : participer à la protection du territoire national, sensibiliser et faire connaitre la réserve de disponibilité et participer à la montée en puissance de la réserve opérationnelle.

La réussite de l’exercice VORTEX représente chaque année un véritable enjeu pour l’armée de Terre puisqu’elle lui permet de mesurer et d’identifier au plus juste cette réserve de disponibilité RO2. Il nous reste bien sûr de nombreux points à améliorer. Rappelons que Vortex 2017 est seulement la deuxième édition. Plusieurs pistes sont à

explorer afin de parfaire le dispositif. Recourir aux réseaux d’anciens soldats afin de tenir à jour les fichiers d’adresse postale (amicale de régiment par exemple), comme le font déjà quelques unités, semble une des idées à étudier. Communiquer en amont en faisant de la pédagogie active auprès des militaires et des anciens militaires aidera également à améliorer le taux de présence. L’échange d’informations sur une plateforme Internet aiderait aussi à sensibiliser davantage les intéressés et leur faire comprendre l’intérêt de disposer d’une telle ressource en cas de crise grave survenant sur le territoire.

Une autre réussite de VORTEX 2017 est le nombre important d’anciens militaires, plus de  14%, qui souhaitent s’engager dans la réserve opérationnelle de premier niveau (RO1). Déployée sur le territoire national, cette réserve d’engagement est devenue primordiale dans le dispositif de protection de nos concitoyens. Les forces d'active sont en effet de plus en plus sollicitées du fait d'une multiplication des engagements opérationnels tant en France que sur les théâtres extérieurs.

Je salue le travail des équipes de marque composées de soldats d’actives et de réserve qui ont préparé durant 5 mois et conduit  VORTEX 2017 dans leurs garnisons. Je remercie aussi les unités de soutien interarmées telles que le service du commissariat des armées, le service de santé et le groupement de soutien des bases de Défense qui ont travaillé ensemble à la réalisation, modeste mais réelle, d’un objectif pas gagné au départ.

2/3 Comment la division a-t-elle pris en compte le retour d’expérience de VORTEX 2016 pour améliorer cette édition ?

La 11^e brigade parachutiste, qui a convoqué sa RO2 en 2016, a rédigé un excellent RETEX et un mémento de convocation très fouillé. Il en ressort que l’anticipation est la clé du succès :

• anticipation dans la convocation des réservistes, pour leur permettre de faire face à cette contrainte mais également pour nous permettre de réagir si le courrier nous revient avec la mention « n’habite plus à l’adresse indiquée ». Le cas échéant, nous utilisons tous les moyens à notre disposition pour retrouver la nouvelle adresse du réserviste (le réseau des anciens camarades est souvent le plus efficace) ;
• anticipation dans la mobilisation des directions et services interarmées. En raison de la contrainte forte qui pèse sur nos armées, le principe du « juste besoin » régit notre système de soutien. Dès lors, héberger, nourrir, vêtir, évaluer l’aptitude médicale de nombreux réservistes, charge non prévue, représente un véritable défi logistique. Il faut laisser aux directions et services interarmées les délais pour le relever. A titre d’exemple, très peu d’unités disposent aujourd’hui de chambrées libres, capables d’héberger ces réservistes. Je note que les directions et services interarmées, qui avaient pu être surpris en 2016, se sont remarquablement mobilisés en 2017.

Inscrire l’exercice Vortex dans le cadre d’une vérification annuelle, avec rotation des unités concernées, constitue une excellente chose. Les processus mis en place vont rendre cette convocation de plus en plus fluide.

1/3 Quel est l’enjeu de l’exercice VORTEX 2017 ?

L’enjeu de VORTEX est de s’assurer que la réserve de disponibilité, la RO2, pourrait être convoquée rapidement puis utilisée efficacement, si les circonstances l’exigeaient et que le Premier ministre le décidait. Une telle convocation présenterait des défis importants auxquels il convient de se préparer. A titre d’exemple, il convient de s’assurer que

l’on connait toujours l’adresse de nos anciens militaires, qui ont pu déménager au cours des cinq dernières années. On se garantit également de pouvoir les héberger temporairement, les nourrir, les vêtir, s’assurer de leur aptitude médicale à servir. Ces exigences logistiques fortes nécessitent la coordination de différents services interarmées.

Ce rappel permet aussi de sensibiliser ces réservistes à leur devoir de disponibilité, de leur présenter les évolutions que la Défense a connu depuis leur départ et de leur rappeler quelques fondamentaux du métier de soldat (instruction tir, secourisme, transmissions, ….).

En 2016, via la 11^e brigade parachutiste, un premier exercice de convocation de la RO2 a été mené, ce qui a constitué une grande nouveauté (aucun exercice de convocation n’avait eu lieu depuis la fin de la conscription, en 1996). Il s’agit désormais de pérenniser ces exercices, en convoquant chaque année environ le cinquième de la RO2. Ainsi, nous parviendrons à un dispositif parfaitement fluide et tout ancien militaire sera convoqué au moins une fois durant sa période de disponibilité.

Enfin, ce rappel permet de renouer le contact avec ces camarades qui ont quitté nos rangs récemment et de leur proposer de rejoindre, s’ils le souhaitent, la réserve d’engagement (RO1).