Le 52e salon international de l’aéronautique et de l’espace ouvre ses portes aujourd’hui. Comme chaque année, l’armée de Terre y présente ses équipements phares que sont le TIGRE HAD, le NH 90 CAIMAN ou encore son système de numérisation. Représentant 70% du parc d’hélicoptères du ministère des armées, l’aviation légère de l’armée de Terre (ALAT) démontre encore une fois qu’elle est indissociable de la manœuvre aéroterrestre.
La sémantique est équivoque et en dit long : à la manœuvre ″terrestre″, est venu s’ajouter le préfixe ″aéro″. Sur le plan organique, ce constat s’est traduit par la création d’un commandement de l’ALAT nouvelle génération, au même titre que ceux du modèle « Au Contact ». Une reconnaissance et une mise en avant du domaine aéroterrestre au sein de la Défense, qui positionne l’ALAT là où elle est la plus performante possible, sur un spectre dit ″tous types de missions″. Devenue une arme déterminante, elle contribue à donner toute sa puissance au nouveau modèle de l’armée de Terre.
Ces vingt dernières années, les hélicoptères de l’aviation légère de l’armée de Terre se sont en effet peu à peu imposés dans la conduite des opérations jusqu’à se montrer indispensables dans les engagements armés actuels. La manœuvre tactique interarmes a opéré sa mutation aéroterrestre.
L’aviation légère de l’armée de Terre, c’est avant tout des capacités techniques très particulières. Elles permettent aux soldats de combattre non plus à la vitesse du fantassin ou des blindés, mais à 240 km/h, soit la vitesse moyenne de la flotte d’hélicoptères de l’ALAT. Ces aéronefs, avec plusieurs heures d’autonomie, peuvent couvrir chacun un espace de bataille de 500 km2. En s’affranchissant des obstacles et du relief, les hélicoptères de manœuvre et d’assaut (HMA) et ceux de reconnaissance et d’attaque (HRA) élargissent le rayon d’action de l’espace de bataille, qui devient donc aéroterrestre. « Alors que dans les combats d’hier les moyens étaient souvent concentrés, les hélicoptères permettent de les disperser et d’ajuster les efforts en fonction des besoins opérationnels, explique le colonel Pierre Verborg, chef de corps du 3e régiment d’hélicoptères de combat. L’ALAT, selon moi, est un accélérateur de particules. On dit souvent que la guerre est une science inexacte : on en maîtrise 60 %, le reste demeure incertain. L’ALAT, sa puissance et son champ d’action permettent de réduire drastiquement les 40 % qui ne sont pas maîtrisés. »
Grâce à la puissance de l’aéronautique et aux équipements individuels comme les jumelles de vision nocturne (JVN) portées par les équipages, les hélicoptères permettent de combattre sans interruption, de jour comme de nuit. Dans les trois régiments d’hélicoptères de combat (RHC), les vols de nuit en JVN représentent 15 à 30 % des sorties. « C’est un rythme bien particulier, poursuit le colonel Verborg, car il s’adapte aux impératifs opérationnels et d’entraînement imposés par l’environnement aéroterrestre. La nuit, dans les RHC, environ 20 % du personnel travaille encore. ».
En 2009, l’arrivée de l’hélicoptère Tigre en Afghanistan a d’abord marqué un tournant opérationnel tant ses résultats sur le terrain étaient indiscutables. Puis, il y eut la bataille d’Abidjan en avril 2011, où les hélicoptères ont montré non seulement qu’ils étaient capables d’intervenir en zone urbaine mais aussi d’avoir un rôle déterminant dans l’ascendant sur l’adversaire. La même année, l’opération Harmattan a permis une prise de conscience stratégique au niveau interarmées. Intervenus sur court préavis pour agir au-dessus de la Libye depuis un bâtiment de projection et de commandement, les hommes et les femmes de l’ALAT se sont distingués dans la conduite de leur mission, fondée sur un mode d’action de reconnaissance offensive mené principalement de nuit.
Depuis plusieurs années, une vingtaine d’aéronefs en moyenne est engagée simultanément sur les théâtres d’opérations extérieures et, ces derniers mois, 80% d’entre eux sont de nouvelle génération. 20% du parc sont en permanence en posture opérationnelle, pouvant ainsi être activés sur le territoire national en cas de catastrophe naturelle comme pour lutter contre les feux de forêts (mission Héphaïstos). Le reste des hélicoptères de l’ALAT disponibles demeure à disposition pour l’instruction des équipages, les entraînements et les exercices.
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