Au cours du XXe siècle, les chaussures de combat de l’armée de Terre ont connu des évolutions significatives et permanentes. Même si elles ont été remplacées par les nouvelles chaussures de combat depuis quelques années, les rangers ont marqué des générations de combattants.
Jusqu'au début de la guerre d’Algérie, les soldats de l’armée de Terre étaient équipés de brodequins, généralement portés avec des guêtres. De divers modèles, ces chaussures de combat ont connu des évolutions significatives au fil des décennies. À la fin de la Première Guerre mondiale, l’armée française était équipée de brodequins cloutés modèle 1917. Portés durant la Seconde Guerre mondiale mais également en Indochine, ils étaient destinés à l’ensemble des troupes et des services jusqu’à l’apparition des brodequins modèle 1945. Il est copié sur le modèle 1941 décrit au bulletin officiel du 30 juillet de cette même année. Ce type de chaussures sera moins utilisé par les parachutistes en Indochine que par les fantassins.
Quelques années plus tard apparaît le brodequin modèle 1952. La principale différence avec le modèle précédent est l’absence de rivet tubulaire. Ce modèle, dont la fabrication débute tardivement, n’est pas utilisé en Indochine mais apparaît durant le conflit algérien sans remplacer les modèles 1917 et 1945. Ces différents modèles de brodequins pouvaient être cloutés ou ressemelés avec des semelles crantées en caoutchouc pour plus de souplesse. Ils pouvaient être portés ou non avec des guêtres d’origine américaine, anglaise ou française.
Dans le même temps, l’armée française développe spécifiquement pour les parachutistes des bottes de saut. En 1949, les premières bottes françaises apparaissent à titre d’expérimentation. Elles sont copiées directement sur celles utilisées par les Américains durant la Seconde Guerre mondiale. Apparaît ensuite le modèle 1950. Ce type de botte est très peu apprécié en Extrême-Orient pour plusieurs raisons : la semelle est trop lourde, la terre s’y accumule entre les crampons et les pieds ne respirent pas. Les parachutistes préfèrent chausser les brodequins ou les Pataugas (R), des chaussures plus légères.
En Algérie, le modèle 1953 supplante la botte de 1950. La principale différence réside dans la fixation de la semelle : le modèle 1950 a une semelle vissée alors que le modèle 1953 possèdent une semelle cousue. Mais au début de la guerre d’Algérie un nouveau type de chaussures fait son apparition : la rangers 1952. Des critiques sont émises à l’en-contre du modèle 1950 et son coût élevé de production. Les bottes sont donc abandonnées entre 1954 et 1955. Elles sont remplacées par une nouvelle génération de chaussures de combat destinées à équiper toutes les armes de l’armée de Terre : le brodequin à jambière attenante, également appelée ”rangers” modèle 1952, inspiré du modèle 1943 utilisé par les Américains durant la bataille des Ardennes en 1944-1945.
Les rangers 1952 sont en fait une version améliorée du modèle 1943. Des préséries sont testées en Indochine. Les premières confections de série datent de 1954. Dès 1955, elles équipent en priorité les unités parachutistes. La forme générale est copiée sur celle du brodequin modèle 1952 avec une semelle de cuir cousue et une seule patte de serrage. Dès 1956, une seconde patte vient améliorer le maintien de la jambière au mollet. La jambière est rapportée et fixée au brodequin par une série de trois piqûres horizontales. En 1961 apparaît la dernière modification : la jambière n’est plus rapportée mais taillée dans le prolongement du quartier de la chaussure et les deux pattes de serrage sont taillées dans la même pièce de cuir que la jambière contrairement au modèle précédent. De couleur fauve, la rangers modèle 1952 modifiée 1961 est devenue progressivement noire avec le temps.
Utilisées dans toutes les opérations extérieures depuis la guerre d’Algérie, les rangers ont été progressivement remplacées par des chaussures de combat plus faciles à porter et beaucoup plus souples. La rangers modèle 1952 est aujourd’hui utilisée pour les cérémonies, les défilés et la formation. Mais depuis presque 70 ans, elle accompagne le soldat de l’armée de Terre dans tous ses déplacements.
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