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Les détecteurs de mines de l’armée française

Mise à jour  : 03/08/2018

L’histoire technique de la détection des mines au sein de l’armée française souffre d’un manque d’étude exhaustive. Lutter contre les mines, suppose de disposer de moyens pour les déceler avant qu’elles ne puissent remplir leur sinistre besogne. Les premières mines rudimentaires, qui apparaissent en 1585, sont perfectionnées durant la guerre de sécession (1861-1865) et utilisées dans les conflits suivants.Les premières mines antichars sont mises au point par les Allemands en 1918. Leur usage ainsi que celui des mines antipersonnel est généralisé durant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945).

La détection des métaux débute au XIXe siècle avec la découverte de l’électricité et la recherche des minerais précieux pour l’exploitation commerciale.

La Première Guerre mondiale (1914-1918) est propice à l’innovation avec l’apparition de « doigtiers audioscopiques » permettant aux médecins de détecter la présence de masses métalliques dans le corps humain ainsi que des premiers dispositifs pour relever les munitions non explosées sur le champ de bataille. Le premier détecteur moderne est l’oeuvre de l’Américain d’origine allemande Gerhard Fisher en 1931 :   le « métalloscope ».

Durant l’Entre-deux-guerres, l’armée française ne s’intéresse pas à la mise au point d’outils de détection. En 1940, les sapeurs sont confrontés aux redoutables mines antichar et antipersonnel allemandes. Un appareil de détection est mis rapidement au point mais il ne peut pas être livré avant l’armistice. Les alliés ne tardent pas à tirer les leçons de cette première bataille en Europe.

L’officier polonais Józef Kosacki, réfugié à Londres, met au point le premier détecteur de métaux portatif à usage militaire (« Mark  1  » durant l’hiver 1941-1942). Il entre aussitôt en service au sein de l’armée britannique. Dès septembre 1940, les Américains débutent leurs études pour se doter d’un matériel comparable. En février 1942, le détecteur SCR – 625 (set complete radio – 625) est commandé par le service des transmissions. Il détecte les mines métalliques enfouies entre 15 et 30 centimètres de profondeur. En raison de l’aspect de son disque d’exploration, il est surnommé « la poêle à frire ».

Les forces françaises, en reconstitution, utilisent ce matériel qui connaît son baptême du feu lors de la campagne de Tunisie (1942-1943). Cet appareil, alimenté par des piles, détecte le métal entrant dans la composition de la mine. Le disque est déplacé au-dessus du sol avec un geste de fauchage. La différence de réponse du détecteur permet de localiser l’engin. Les Allemands s’adaptent alors pour leurrer les détecteurs. Ils utilisent en 1944, les premières mines antipersonnel en bois et en bakélite dites « indétectables ». Elles nécessitent de la part des sapeurs, des actions de sondage avec leur baïonnette avant d’être relevées.

Le détecteur SCR-625, produit à environ 100 000 exemplaires jusqu’en 1945 et décliné en huit modèles (de A à H), demeure en service au sein de l’armée française durant la guerre d’Indochine (1945-1954) et d’Algérie (1954-1962). Copié, il est retiré du service dans les années 70 au profit de matériels plus performants. À la fin de la guerre Froide, l’armée française se dote de détecteur électromagnétique de mines (DHPM) modèle 1A. En 2001, ne donnant plus satisfaction, il est remplacé par la série 2A achetée sur étagère à 100 exemplaires pour équiper les artificiers NEDEX-EOD et les détachements légers de reconnaissance du génie. Depuis 2005, le modèle 3A, son successeur, équipe encore tous les groupes de combat du génie. De l’Afghanistan au Sahel, le DHPM demeure un élément indissociable de la silhouette du sapeur en ouverture d’itinéraire.


Droits : Armée de Terre