Les contrôleurs de la sécurité aérienne sont les anges gardiens des aéronefs de l’armée de Terre. En France, ils veillent sur les manœuvres en bases-écoles et les régiments d’hélicoptères de combat. À Gao, pour l’opération Barkhane, ils assurent la coordination des opérations aériennes.
Au sein de chaque régiment d’hélicoptères de combat (RHC) ou sur les bases-écoles de l’aviation légère de l’armée de Terre (ALAT), des contrôleurs aériens gèrent le trafic des hélicoptères et des avions dans leur zone de responsabilité. 24 heures sur 24, en France comme en Opex, une centaine de spécialistes se relaient dans les tours de contrôle afin de garantir la sécurité des équipages.
Assurée essentiellement par des sous-officiers, la filière de contrôle aérien se choisit avant l’entrée à l’école nationale des sous-officiers d’active à Saint-Maixent. À l’issue, une première phase de huit semaines de remise à niveau d’anglais se déroule à Rochefort. « C’est notre langue de travail, explique le sergent-chef Baptiste, contrôleur au 3e régiment d’hélicoptères de combat (3e RHC) d’Étain. La plupart d’entre nous ont déjà un bon niveau avant de s’engager. Le stage consiste essentiellement à se familiariser à l’anglais aéronautique. »
Après ces deux premiers mois à l’ENSOA, direction la base aérienne de Mont-de-Marsan (BA 118) au centre d’instruction du contrôle et de la défense aérienne, lieu de passage obligatoire des spécialistes des trois armées. Il faut une année pour obtenir le précieux sésame. « La formation est calquée sur les standards civils, explique l’adjudant-chef Jérôme du 5e régiment d’hélicoptères de combat (5e RHC). Nous obtenons une licence européenne reconnue par les organismes aériens français et internationaux. Savoir faire décoller ou atterrir un hélicoptère sur une base aérienne militaire isolée ne suffit pas. Nos connaissances doivent être plus étendues. »
En quittant la BA 118, les jeunes sous-officiers ont déjà plus de deux années de service. Pourtant la formation est encore loin d’être achevée. « Une fois affectés dans nos unités, nous commençons une période d’instruction sous l’œil d’un cadre expérimenté, précise le sergent-chef Baptiste. Arrivé en septembre 2014, j’ai pris ma première permanence en autonomie complète en juillet 2016 ! »
En France, au peloton de contrôle, le rythme varie en fonction des activités du régiment. « Chaque période de quart correspond à une demi-journée, raconte le sergent Mathilde du 3e RHC. Il n’est pas exceptionnel d’être en place très tôt le matin ou de prendre des permanences la nuit. Dès lors qu’un hélicoptère vole, nous veillons, c’est la base de notre métier. »
Actuellement, le seul théâtre où sont déployés les contrôleurs aériens de l’armée de Terre est celui de l’opération Barkhane. Au Mali, six contrôleurs se relaient jour et nuit tout au long de l’année. « Nous avons une tour mobile et un radar déployés sur la base de Gao, raconte le SCH Baptiste. Les jours ne se ressemblent jamais. Outre la gestion du parc aéromobile français, nous prenons en compte tous les aéronefs étrangers et les drones dans un rayon de 100 km atour de notre emprise. Le trafic aérien sur zone est équivalent à celui de l’aéroport de Bordeaux. Le travail est prenant, mais passionnant. Je me souviens encore de mon premier poser d’Antonov, c’était une vraie fierté. »
Le haut niveau de compétence des contrôleurs demande des mises à jour régulières et la participation à de nombreux stages. « À chaque nouvelle affectation ou au retour d’Opex nous devons nous requalifier pour exercer sur notre zone de travail. Nous effectuons plusieurs formations (contrôle radar, chef de station, recherche d’aéronef crashé, examinateur, instructeur, etc…) avec l’ALAT, mais aussi avec des centres de l’armée de l’Air ou à l’école nationale de l’aviation civile (ENAC), explique le sergent-chef Baptiste. Au total une douzaine d’années sont nécessaires pour obtenir toutes les qualifications et devenir maître contrôleur. »
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