Diên Biên Phu, mars 1954, la garnison française est encerclée. Fin avril, plus de 700 parachutistes sautent sur le camp retranché. Parmi eux, les lieutenants Allaire et Schmitt. Après la chute du camp, le 7 mai, le lieutenant est capturé par les Viêt-minh. Il sera libéré en septembre.
Les lieutenants Allaire et Schmitt avaient tous deux rejoint la vallée tragique de Diên Biên Phu au nord-ouest du Vietnam en parachute. Le lieutenant Allaire avait sauté une première fois sur Diên Biên Phu le 20 novembre 1953 quand le lieu fut capturé dans une vaste opération aéroportée pour y installer un camp qui bloquerait l’avancée des forces du « Viêt-minh, les communistes vietnamiens », vers le Laos proche. Chef de la section des mortiers lourds du 6e bataillon de parachutistes coloniaux du commandant Marcel Bigeard, il avait trouvé que : « Vu du ciel, le coin a l’air sympathique et même bucolique. » Mais le 16 mars 1954, lors de son deuxième parachutage sur ce qui était devenu un camp assiégé pris sous un déluge de feu, il pensa que c’était l’enfer. Quand le camp retranché tomba le 7 mai après des combats d’une rare intensité, son 6e BPC avait perdu 250 hommes sur les 660 engagés. Le coût humain de la bataille fut de 1 726 morts et 10 998 prisonniers parmi les défenseurs. Les mauvaises conditions de détention entraînèrent la mort en captivité de 7 708 prisonniers français. L’état-major français estima le nombre de Viêt-minh morts au combat à 23 000.
Le lieutenant Schmitt faisait partie des 709 « volontaires d’un saut » qui furent levés après que la garnison fut complètement encerclée et que les seuls renforts étaient ceux qui pouvaient arriver par parachute. Ceux que le colonel Allaire appelle « les chevaliers de Diên Biên Phu, » étaient des non-brevetés paras. Après seulement quelques heures d’instruction, ils sautèrent en parachute pour la première fois de leur vie, toujours de nuit, et souvent au milieu des tirs de DCA pour renforcer la garnison encerclée entre le 20 avril et le 7 mai.
Le lieutenant Schmitt était alors « bigor » (artilleur colonial) et servait au 4e régiment d’artillerie colonial. Les artilleurs de Diên Biên Phu avaient subi des pertes et il fallait les remplacer. On a demandé un officier observateur avec de bonnes connaissances en transmission et je me suis présenté. Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent que nous étions des candidats au suicide et que tout était déjà perdu. Nous savions que le sort de l’Indochine se jouait à Diên Biên Phu. Jeune officier, je pensais que je serais plus utile là-bas. Je voulais être où cela se passait, dit-il. À Hanoï on nous a appris à nous équiper et à serrer les jambes pour l’atterrissage, c’est tout. J’ai sauté dans la nuit du 30 avril au 1er mai. En vol le pilote nous a montré les phares des camions viêt-minh qui montaient vers Diên Biên Phu. » Après la chute du camp, le 7 mai, le lieutenant est capturé et emmené dans un camp viêt-minh. Il sera libéré en septembre 1954.
Ayant tous deux survécu à la captivité, les deux officiers, devenus capitaines, se sont retrouvés dans le même régiment en Algérie, au 3e régiment de parachutistes coloniaux (aujourd’hui 3e RPIMa) du mythique colonel Marcel Bigeard.
Le 11 juillet 2018, dans la salle des Boiseries de l’Hôtel national des Invalides, le général d’armée Maurice Schmitt, ancien chef d’état-major de l’armée de Terre, puis chef d’état-major des armées lors de la guerre du Golfe en 1991, a présenté la plaque de grand-officier de la Légion d’honneur au colonel Jacques Allaire. Les deux hommes font partie des rares survivants de la bataille de Diên Biên Phu.
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