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Le "Roi Jean" combat à cheval : Maréchal de Lattre de Tassigny

Mise à jour  : 31/07/2017 - Auteur : Bernard EDINGER

Le maréchal Jean de Lattre de Tassigny, le légendaire "Roi Jean" qui a commandé la première armée française "Rhin et Danube" pendant les campagnes de la Libération, a combattu à cheval dans les premiers jours de la guerre 1914-1918.

Jean de Lattre est entré à Saint-Cyr en 1909, après avoir effectué, comme c’était la règle à l’époque, un an de service militaire comme simple cavalier, puis comme brigadier, au 29e Dragons à Provins. Selon son biographe Bernard Destremau, il va vivre au milieu de jeunes de milieux populaires, y compris des illettrés, nombreux à l’époque. L’expérience lui imprimera « le sens de l’humain (et) une appréciation des bienfaits du brassage social dû au service obligatoire. » Reçu quatrième à l’entrée de Saint-Cyr, son tempérament « versatile et ses sautes d’humeur1 » vont le desservir et il sortira dans les derniers de la promotion. Ses notations le décrivent comme un « esprit brillant un peu artiste » et « d’intelligence vive mais d’esprit peu militaire ».

Le poumon perforé par une lance

Affecté comme sous-lieutenant au 12e Dragons à Pont-à-Mousson, proche de la frontière de la région annexée de la Lorraine, il combat dès le début de la Première Guerre mondiale.

Il est légèrement blessé par un éclat d’obus le 11 août. Le 14 septembre, lors d’une reconnaissance à cheval, il tombe sur une patrouille d’uhlans bavarois. Selon Destremau, « de Lattre dégaine son sabre et fonce sur l’adversaire. Il tue l’officier allemand, un peu lent à se mouvoir, désarçonne un autre cavalier mais…il a le poumon perforé par une lance. […] Tombé de son cheval, il se relève et dit à ses compagnons d’aller porter des renseignements  qu’il leur communique brièvement. Mais Barvidat et Deutsch ne veulent pas laisser leur lieutenant. Ils le hissent sur son cheval et la petite troupe se dirige cahin-caha vers le village le plus proche, Montauville. Dans la ferme des époux David, on allonge l’officier. Barvidat entreprend de retirer la pointe de la lance enfoncée dans le poumon. En appuyant sur le haut du corps du blessé pour l’immobiliser, il y réussit » écrit Destremau. Dans la nuit du 15 au 16, les deux dragons transportent leur lieutenant vers Pont- à-Mousson et le cachent dans une cave. Une patrouille française va le délivrer. Décoré de la Légion d’honneur sur le front des troupes le 20 décembre 1914, il est blessé une troisième fois par un éclat d’obus en novembre 1915.

Volontaire pour l’infanterie

Il répond ensuite à un appel pour des officiers volontaires à servir dans l’infanterie qui a subi des pertes terribles.  « J’ai cru que c’était de mon simple devoir de donner l’exemple », écrit le nouvellement promu capitaine de Lattre à sa sœur en partant comme commandant de compagnie au 93e régiment d’infanterie. Il gagne une réputation d’officier tatillon mais prenant grand soin des conditions matérielles de ses hommes et de sa propre apparence2. En juillet 1916, il est gazé à Verdun et en gardera des séquelles toute sa vie. En mai 1917 il se trouve au Chemin des Dames où il parvient à faire capturer 700 soldats allemands avec 13 mitrailleuses et 21 fusils mitrailleurs. Il sera fait officier de la Légion d’honneur. S’ensuivra une longue et brillante carrière dont le dernier épisode sera sa nomination en décembre 1950 comme haut-commissaire et commandant en chef en Indochine. Son fils unique, le lieutenant Bernard de Lattre, y sera tué en mai 1951. Atteint d’un cancer, le général de Lattre meurt le 11 janvier 1952. Il sera élevé à la dignité de Maréchal de France à titre posthume.

1 Les mots sont de son biographe et admirateur Bernard Destremau dans De Lattre paru chez Flammarion.
2 Selon Destremau, quand l’eau manque, il se rase au vin rouge.


Sources : TIM
Droits : Fondation et musée de lattre De Tassigny