Le groupement « aéroportés » de la Section technique de l’armée de Terre (STAT) n’est pas la plus connue des unités dédiées aux expérimentations des matériels. Pourtant le travail de ces hommes et femmes basés à Toulouse permet aux parachutistes de sauter en toute sécurité et prépare l’emploi opérationnel des matériels de demain.
Des milliers de parachutistes ont déjà eu cette sensation unique de « passer la porte » au moment de sauter d’un avion. Malgré l’appréhension, les militaires le savent : la sécurité de leur matériel est assurée. Elle est testée sans relâche par les hommes et femmes du groupement « aéroportés » (GAP) de la section technique de l’armée de Terre (STAT).
« Ici, nous recrutons des passionnés ayant une grande expérience du terrain et qualifiés dans leur spécialité, affirme le colonel John Lejuste, commandant le GAP. Tous sont issus de la 11e brigade parachutiste ou des forces spéciales. Ils maîtrisent parfaitement leur environnement, connaissent le besoin des forces et les attentes opérationnelles. » Les 40 personnes du groupement réparties en cinq grands domaines d’emploi (voir encadré) sont stationnées au cœur du pôle national des opérations aéroportées (PNOAP) de Toulouse-Francazal. « Notre environnement de travail est cohérent, déclare le colonel Lejuste. La colocalisation avec le 1er RTP nous offre la possibilité de solliciter son appui pour le conditionnement et le déconditionnement de charges. De même, nos principaux interlocuteurs, la DGA Techniques Aéronautiques (Toulouse) et le centre d’expertise aérienne militaire (Mont-de-Marsan) se trouvent à proximité. »
Ce matin, un Atlas (A400M) attend sur le tarmac de l’aéroport de Calvi en Corse, pour embarquer 75 légionnaires du 2e REP. Dans la soute de l’appareil, l’équipe de la STAT emmenée par l’adjudant-chef Daniel tient un dernier briefing avant le décollage. Pour cette nouvelle campagne d’expérimentation, près de 650 sauts sont programmés. « Cette semaine en Corse va permettre aux pilotes d’évaluer des procédures de largage à vue au sol et en mer, explique le lieutenant-colonel François, officier de marque A400M à la STAT GAP. Il s’agit également de valider un nouvel harnais permettant le saut à très grande hauteur avec un chien. Nous sommes systématiquement associés aux expérimentations de l’armée de l’Air. De notre côté nous impliquons les régiments. Cette semaine nous allons effectuer près de 650 sauts. » Après les vérifications de sécurité des parachutistes, le quadrimoteur quitte la courte piste en bord de mer pour survoler, quelques secondes plus tard, les montagnes de l’île. Moins de vingt minutes plus tard, le premier groupe se lève et accroche sa sangle à ouverture automatique. En file indienne, les légionnaires se rapprochent de la porte ouverte face au vide. Le témoin lumineux au-dessus de leur tête passe au vert. En moins d’une minute, une quinzaine de corolles s’ouvrent à 300 mètres du sol sous l’œil attentif d’un sergent-chef du 2e REP en formation sur l’Atlas. « Tout le monde est gagnant, affirme le LCL François. En attendant l’autorisation d’emploi de l’avion, en accord avec l’ETAP, nous formons les largueurs des unités ce qui leur permettra d’avoir dès à présent du personnel apte à servir sur A400M en opération extérieure ».
Retour à Toulouse, la semaine en Corse terminée, l’équipe de marque est en pleine rédaction du compte-rendu suite à la campagne de sauts. « Comme tous les équipements de l’armée de Terre, ceux du domaine aéroporté connaissent une période inédite de renouvellement, notre domaine est lui aussi en pleine modernisation, assure le colonel Lejuste. Nous sommes conscients de l’importance de nos évaluations dont les rapports doivent être factuels et précis. Sans notre aval, il ne peut y avoir d’autorisation d’emploi. Nous sommes tous tournés vers la capacité opérationnelle des unités. C’est l’unique préoccupation des hommes et femmes du GAP/STAT. » Le colonel s’interrompt quelques secondes. Un sous-officier vient lui rendre compte que les évaluations de corde lisse sur NH90 vont débuter dans quelques minutes, un autre lui confirme les évaluations en chute libre l’après-midi, une journée classique au groupement.
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