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Le baptême du feu des chars français

Mise à jour  : 04/06/2021

Le combat d’usure induit par la stabilisation du front pendant la Première Guerre mondiale conduit les belligérants à trouver de nouveaux modes d’action. L’un d’eux se double d’une innovation tecnique  les cars de combat. Apparus en  dans l’armée britannique sous la forme de tanks, ils connaissent leur baptême du feu sous les couleurs françaises en avril 1917 à Berry-au-Bac. Toutefois l’emploi de cette arme par les Français aura des implications bien au-delà du conflit.

La première génération de chars de combat n’a pas encore toutes les caractéristiques de nos engins actuels. Le Schneider et le Saint-Chamond ressemblent plutôt à des casemates montées sur chenilles. Appartenant à l’artillerie, les chars sont organisés en batteries qui représentent le plus petit échelon d’engagement de ce type d’unité. Les équipages portent des vestes de cuir qui les protègent du risque d’incendie prépondérant dans des habitacles où le moteur cohabite avec les soldats. Mais ce sont avec ces engins que l’artillerie spéciale (AS) connaît sa première expérience du combat à Berry-au-Bac, le 16 avril 1917. Les chars n’ont alors pas réussi la percée tant attendue. L’AS y perd son premier chef, le commandant Bossut.

Le premier char de combat moderne

Dans un autre registre, le char Renault FT, premier char de combat moderne, représente à lui seul une innovation technique. Il comporte toutes les caractéristiques des chars d’aujourd’hui : un intérieur compartimenté, les chenilles extérieures à la caisse et une tourelle à rotation complète. Il est aussi le premier char français construit en série par plusieurs constructeurs (Renault et Berliet notamment).

Développé par Louis Renault en collaboration avec des officiers de l’artillerie spéciale, il peut porter soit un canon de 37mm, soit une mitrailleuse Hotchkiss de 8 mm. Sa vitesse d’évolution atteint près du double de celle de ces prédécesseurs (7 km/h). Son arrivée va bouleverser le combat interarmes et engendrer la création de régiments de chars organisés en compagnies et en sections à la manière de ce qui se fait dans l’infanterie. La section, soit cinq chars, est la plus petite fraction d’unité à pouvoir combattre en autonome.

Du point de vue tactique, les chars n’ont pas le rôle indépendant qu’ils ont aujourd’hui. Ils ont pour mission de prodiguer des feux au profit de l’infanterie.

Des chars faiblement blindés

Cette notion d’accompagnement conditionne leur vitesse d’évolution sur le champ de bataille, au rythme du fantassin. C’est un handicap face à leur principal ennemi qu’est l’artillerie. Faiblement blindés, les chars demeurent vulnérables aux balles perforantes des mitrailleuses allemandes ou au calibre de 13 mm de leur fusil antichar, le tankgewehr. Le meilleur moyen de les arrêter reste l’utilisation de l’artillerie qui peut les détruire par un coup au but ou bouleverser le terrain afin de le rendre impraticable. La communication entre chars n’est possible que par fanions, les engins doivent rester à vue les uns des autres. Les quelques chars équipés de télégraphie sans fi l servent de postes radio blindés afin de rendre compte et recevoir les ordres de la division plus rapidement.

Acte de naissance d’une arme nouvelle, la Première Guerre mondiale va laisser une empreinte indélébile dans la doctrine des chars de combat comme engins d’accompagnement d’infanterie. Cette vision de l’emploi du blindé, héritière de la victoire de 1918, va engendrer une génération d’engins où le chef de char est aussi servant de l’armement de bord : il n’est pas censé donner d’ordres de manœuvre, son action restant aux ordres du commandant de l’infanterie. Cette doctrine, balayée lors de la campagne de 1940, est rendue caduque par la création de l’arme blindée cavalerie moderne en 1942.


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