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La libération de Strasbourg

Mise à jour  : 22/11/2019

La 2e division blindée (DB) a connu sa première heure de gloire avec la libération de Paris, le 25 août 1944. Trois mois plus tard, le 23 novembre, elle libéra Strasbourg. Avant d’arriver dans la ville, la division a dû traverser les Vosges et affronter les lignes de défense allemandes.

Après avoir fait tomber Baccarat, comme toute la 7e armée américaine, la division bute sur l’obstacle vosgien. Débouchant de Cirey-sur-Vezouze, Leclerc prend Badonvillers, (action au cours de laquelle le lieutenant-colonel de la Horie[1] est tué) et ouvre une brèche dans le dispositif d’arrêt allemand (la Vosgesen Stellung), le commandement ayant aménagé deux lignes fortifiées parallèles couvrant le massif pour l’interdire. Leclerc veut exploiter dans la foulée pour s’emparer de la seconde ligne de défense allemande.

Depuis Badonvillers, il fait roquer ses groupements vers le nord, dans le dos de la ligne de défense allemande. Il masque et déborde Sarrebourg, puis, oriente les sous-groupements de tête vers l’est, en utilisant tous les axes possibles, même les plus petits layons forestiers, à la découverte du « trou », qui lui permettra de tourner la seconde position allemande. Au nord, Rouvillois (Groupement Dio) déborde Saverne, fortement tenu, par la petite Pierre-Pierre, tandis que les sous-groupements Massu et Minjonnet (Groupement Langlade) s’engagent au centre sur la piste de Dabo, au sud. Les ordres sont sans ambiguïté : déborder systématiquement toute résistance sans se faire fixer, pousser de l’avant sans souci d’alignement ou de liaison avec l’arrière et trouver le « trou ».

« Tissu est dans iode »

Sur la piste de Dabo, Massu est stoppé par un abattis ni battu par des feux ni miné. Après avoir déblayé l’obstacle, il ne rencontre plus d’opposition armée, tandis que certains sous-groupements sont bloqués et que d’autres rendent compte de la même situation : après un court accrochage initial, plus aucune autre résistance.

Leclerc comprend instantanément que le « trou » est là, à portée de main, à Dabo. Pour infiltrer toute sa division sur les arrières de l’ennemi, Leclerc bascule ses moyens par le Rethal, à l’exception de ceux du nord débordant Saverne. Ainsi, la 2e DB franchit la crête des Vosges par Dabo, lui permettant de surprendre l’ennemi en débouchant en Alsace. Le 23 novembre matin, toute la division ayant franchi les Vosges, les ordres sont donnés : l’intention est de s’emparer de Strasbourg et du débouché du pont de Kehl, sur la rive gauche du Rhin. L’action secondaire se résume à faire tomber Saverne, en manœuvrant à front renversé par la ligne de moindre résistance, depuis la plaine d’Alsace.     
Pendant que Quilichini et Minjonnet prennent successivement Saverne et Phalsbourg, ouvrant ainsi la RN 4 et faisant s’effondrer la résistance allemande dans le nord des Vosges, le reste de la division s’élance en direction de Strasbourg, en cherchant à éviter la ligne de forts censés protéger la ville et qui doivent être tenus. En fin de matinée, le message « Tissu est dans iode » arrive au PC tactique de Leclerc, indiquant la présence en ville du sous-groupement de Guillebon.

Leclerc avait vu juste

Le chef d’état-major du commandant allemand de Strasbourg est capturé à cheval, surpris lors de sa promenade matinale quotidienne, tombant nez à nez avec un peloton de cinq Sherman. La ville est rapidement nettoyée, mais, à l’est, le quartier de la Citadelle, qui est également celui des casernes de la ville, est fortement tenu. Le coup de main blindé, qui visait le débouché français du Pont de Kehl, se solde par un échec.

Dans cette action, Leclerc avait vu juste : le dispositif allemand n’était pas articulé en profondeur. L’infiltration de toute la division avait été un succès. En fait, le risque encouru était gros : une simple embuscade du niveau section sur l’itinéraire de Dabo, à un endroit bien choisi, avec des ravins interdisant toute manœuvre, aurait été à même de bloquer la progression de Massu. Mais les Allemands avaient choisi de se battre sur la première ligne de résistance et de ne décrocher que sous la pression générale alliée vers la seconde. Leclerc avait « senti » qu’il devait les devancer sur cette seconde ligne pour faire s’effondrer toute résistance, d’où sa manœuvre d’infiltration après avoir percé à Badonvillers et sa recherche du « trou » par une manœuvre peu commune pour une grande unité blindée. Ensuite, revenant à des canons tactiques, il ne restait plus qu’à exploiter.


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