L’insigne militaire est une création que l’on peut qualifier de récente. En effet, apparu peu avant la Première Guerre mondiale, son essor est dû entre autre à l’uniformisation des tenues qui, après l’adoption du bleu horizon, entraîne le besoin de se différencier et à la volonté des soldats de se distinguer d’un régiment à l’autre ou d’une spécialité à l’autre. Ainsi, au cours de cette période apparaissent chez les sapeurs télégraphistes, ancêtres des transmetteurs, les insignes de colombophile, télégraphiste, radiotélégraphiste et filiste.
En 1948, à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, les projets d’insignes militaires doivent être réglementés. Les différentes unités devront alors adresser les projets aux services historiques des armées, où les dessins sont examinés par un héraldiste. Comme autrefois, les « chiffreurs » puis les informaticiens, les spécialistes de la guerre électronique, vont alors, au début des années 1980, obtenir un insigne de tradition.
À l’été 1980, le colonel Frederich, transmetteur et parachutiste, prend le commandement du 44e régiment de transmissions de Landau (Allemagne). En tant que spécialiste de la guerre électronique et du renseignement, il estime alors que la spécificité des emplois dans le domaine de la guerre électronique nécessite une certaine visibilité sur la tenue de sortie, alors que d’autres spécialités dans l’arme des transmissions comme le « chiffre » ou le « parachutisme » peuvent être arborées sur les tenues par des insignes spécifiques.
Avec le concours d’anciens des écoutes et de la radiogoniométrie des guerres d’Indochine et d’Algérie, ainsi que de nombreux cadres de son régiment, il entreprend un projet d’insigne simple, mais ne pouvant être confondu avec aucun autre. En 1981, il crée l’insigne de la spécialité guerre électronique, lequel s’inspire à la fois des insignes des commandos de l’air et du régiment, tous deux comportant un aigle fonçant sur sa proie, toutes serres ouvertes.
Destiné à témoigner soit d’une aptitude militaire spécifique, soit d’une fonction particulière, l’insigne de la guerre électronique représente un aigle tenant dans ses serres des foudres brisées. Cet animal, figurant sur la majorité des insignes de guerre électronique, symbolise les qualités de perception lointaine. Les foudres brisées représentent les transmissions adverses, proies de la guerre électronique.
Initialement prévu pour deux attributions, « or » et « argent », lorsque les insignes furent livrés, la qualité du modèle « or » étant particulièrement décevante, le colonel Frederich décida que ce dernier serait la version « bronze », obligeant à créer une nouvelle règle d’attribution.
C’est la raison pour laquelle ce nouvel insigne ne fut officialisé que par la note technique 060148/DEF/DIR/TRANS du 13 juillet 1982, conformément à la note 1900/EMAT/EMPL du 28 mai 1982 et homologué sous les numéros GS 52 (argent) et GS 53 (bronze). Les 44e, 54e régiment de transmissions (RT) et 785e compagnie de guerre électronique (CGE) sont les seules unités de guerre électronique encore existantes et appartenant au commandement de renseignement (COMRENS) de Strasbourg.
En raison des longueurs administratives d’homologation, la première remise de cet insigne s’effectua par le successeur du colonel Frederich, lors de la Saint-Gabriel du 29 septembre 1982. Cet insigne fait l’objet d’une attribution officielle nominative, avec matricule gravé au dos et remise de diplôme numéroté.
Le colonel Frederich reçut comme il se devait le numéro 001. En 2004, des démarches furent entreprises pour la définition de critères d’attribution d’un échelon « or », aboutissant à la mise en application des nouveaux critères d’attributions de cet échelon, définis par la note 2396/DEF/EMAT/LOG/ASH du 14 novembre 2005. Cet insigne arboré avec fierté a créé une communauté d’initiés qui se reconnaissent, se soutiennent et s’apprécient. De plus, certaines personnes, ayant rendu des services particuliers et exceptionnels à la guerre électronique peuvent se voir attribuer cet insigne.
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