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L’équipement du cavalier français à Rocroi

Mise à jour  : 17/05/2019

Dans le contexte de la guerre de Trente Ans qui fait rage depuis 1618, et cinq jours après la mort de Louis XIII, le tout jeune duc d’Enghien, que l’on appellera désormais le Grand Condé, remporte une éclatante victoire contre l’armée espagnole menée par Don Francisco de Melo, marquant le début du règne du Roi-Soleil du sceau de la victoire. Cette célèbre bataille du 19 mai 1643 est un grand succès pour les forces françaises, mobiles et bien commandées, sur les lourdes masses de l’infanterie espagnole.

Au cours de cette bataille, la maniabilité de la cavalerie se révèle, en partie, décisive. Cela est dû à l’équipement allégé du cavalier : en effet, cet équipement évolue depuis plusieurs années dans le sens d’un délestage progressif. Alors que la lourde armure de base, pesant entre 35 et 40 kilogrammes, se porte habituellement sous une longue casaque de buffle, la plupart des cavaliers en profitent pour se débarrasser de cette encombrante ferraille, et ne gardent que ce qui est censé dépasser de la casaque, c’est-à-dire les brassards et les cuissots. Ce phénomène prend de telles proportions qu’en 1642, une ordonnance royale doit rappeler l’obligation de porter au moins la cuirasse.

Alors que les gendarmes gardent l’armure complète, les cavaliers lui préfèrent la casaque, accompagnée ou pas d’un casque et d’un corselet, autre nom de la cuirasse. Les rares cavaliers ayant conservé le corselet, les cuirassiers, sont placés en tête du dispositif de bataille et ont pour mission d’exploiter le premier choc des lanciers dans les bataillons ennemis. Ils sont armés d’une épée appelée « pédarme ».

Les autres cavaliers, moins protégés et désignés en général comme des arquebusiers à cheval, portent leur arme à l’aide d’une courroie passée sur l’épaule. Leur armement individuel se compose d’une épée, de deux pistolets d’arçons, ainsi que d’une arquebuse légère ou d’un mousquet. Contrairement à l’infanterie, le système de mise à feu de leur arme n’est pas celui de la mèche, qui nécessite l’utilisation des deux mains, mais celui du rouet : l’étincelle est obtenue par le frottement d’une pyrite de fer sur le rouet en rotation. Ce système permet de porter avec précision jusqu’à trois cents pas.

Mais si l’arme à feu constitue une nouvelle menace pour la cavalerie, elle devient également dans ses mains un danger redoutable pour le fantassin : alors qu’il est impossible de charger l’infanterie au galop à cause de ses carrés de piquiers, celle-ci devient, grâce au retrait qu’offre l’arme à feu, une cible de choix pour les cavaliers, dont les balles font des ravages dans ces gros bataillons serrés.

Quant à l’uniforme proprement dit, il s’agit d’une époque charnière. S’il fait une apparition dans certaines armées (comme les régiments bleus, jaunes ou verts de Gustave-Adolphe), il ne semble pas s’imposer durablement. Dans l’armée française, il semblerait que le seul habit qui se rapprocherait de l’uniforme soit la casaque portée par les cavaliers. On imagine bien que cette hétérogénéité des troupes devait entraîner une grande confusion sur les champs de bataille. Aussi pour s’y retrouver, les soldats essaient d’adopter un signe distinctif valable pour la durée d’une guerre, ou bien simplement d’une bataille, dans la couleur de leurs écharpes ou des plumes de leur chapeau, ou encore de leur brassard. En règle générale, on peut remarquer que les Espagnols se distinguent par leur écharpe rouge, tandis que celle des Français est blanche.


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