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JTAC : les spécialistes de l’appui aérien

Mise à jour  : 20/09/2019

Du 15 au 26 juillet dernier, le centre de formation à l’appui aérien (CFAA), a réuni une quinzaine de stagiaires d’horizons différents pour un exercice de formation. Ces futurs JTAC ont pour objectif d’apprendre à coordonner les appuis aériens des troupes au sol.

Véritable passerelle entre les manœuvres terrestres et aériennes, les joint terminal attack controller (JTAC) sont les "yeux et oreilles" du pilote au cœur des opérations aériennes. Spécialistes au sol de l’appui aérien rapproché (CAS - close air support), ces derniers portent une énorme responsabilité : celle d’autoriser à délivrer des feux à proximité des troupes amies, sans les mettre en danger, en prenant en compte les dommages collatéraux potentiels. Ces spécialistes font partie de l’armée de Terre et coordonnent les appuis venant du ciel (hélicoptères ou avions).

JTAC : un rôle clef dans l’appui aérien

Contrôleur aérien avancé, le JTAC est un guide pour les avions depuis le sol. Dès qu’une mission CAS est déclenchée, il joue un rôle essentiel dans l’intégration détaillée de la mission d’appui aérien. Qualification OTAN exigeante et reconnue, cette spécialité comporte des règles d’emploi et de maintien en qualification strictes et rigoureuses.

La mission du contrôleur aérien avancé, ses capacités et son champ d’action doivent être connus des chefs. Avant chaque départ sur le terrain, les stagiaires présentent la mission à l’instructeur représentant le commandant d’unité. Chaque futur JTAC est en charge d’une partie : présentation de l’équipe, du terrain, de la mission, des menaces, des moyens, du cadre légal, etc.

En opérations, le contrôleur aérien avancé travaille en situation de stress. Dès la formation, instructeurs et évaluateurs cherchent donc à déstabiliser les stagiaires pour les faire sortir de leur zone de confort. « La sécurité de l’ensemble des acteurs malgré la forte pression est essentielle. Des informations nous arrivent de tous les côtés alors que nous sommes potentiellement sous le feu. Parfois nous ne savons plus nous-mêmes où nous en sommes. Il faut garder la tête claire, agir vite et agir bien », souligne le lieutenant Madeleine du 68e régiment d’artillerie d’Afrique.

Coordination et rapidité

Lors de l’exercice les stagiaires alternent les responsabilités et prennent le rôle du contrôleur aérien avancé. Ce dernier, constamment en liaison directe avec le pilote, est la seule personne en mesure de déclencher le tir en appui des unités au sol. Après lui avoir expliqué la situation tactique, le contrôleur le guide sur l’objectif.

Pendant ce temps, les autres membres du groupe, équipés de leurs tablettes, cartes, GPS et radios, s’activent également. Parmi les contrôleurs aériens avancés débutants, un observe à l’aide de jumelles télémètre reliées à un GPS, deux autres cherchent les coordonnées tandis qu’un dernier est en lien avec le centre opérationnel tactique (TOC) qui suit la progression des troupes amies en temps réel. Une fois les coordonnées définies, ils doivent prendre en compte l’environnement, la ligne entre l’artillerie et l’ennemi ou encore la présence d’habitations. Le JTAC détermine le type de guidage. « Globalement, vous devez penser à quatre choses : l’avion, les amis, l’ennemi et les règles opérationnelles d’engagement », résume un évaluateur.

« Se remettre en cause en permanence »

Même si les chiffres varient fortement d’une année sur l’autre, en moyenne, seuls 70% des candidats sont qualifiés JTAC à l’issue de ce parcours de formation. Néanmoins, après avoir suivi les différents stages, il est indispensable d’entretenir ses compétences. Au moins 12 guidages dans les douze derniers mois sont exigés avec un maximum de six mois entre chaque guidage. Si aucun guidage n’est réalisé durant 18 mois, la sanction est immédiate avec la perte de la qualification.

« C’est une remise en cause en permanente. On ne sait jamais tout et il faut sans cesse se plonger dans la documentation, explique le chef Benoît. L’ancienneté ne garantit pas d’être un bon JTAC. » D’autant plus qu’être contrôleur aérien avancé est une casquette supplémentaire. « Ce n’est pas un métier en lui-même, précise Madeleine. Nous sommes un outil supplémentaire dans la main du chef, permettant de protéger au mieux les troupes. »


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