Accueil | Terre | Actu Terre | Jean Ygon, héros méconnu Terre ... Actu Terre | Jean Ygon, héros méconnu

Jean Ygon, héros méconnu

Mise à jour  : 26/10/2018

Le 24 octobre 1916, le commandement français décide de reprendre le fort de Douaumont. Alors que le sapeur-mineur Jean Ygon est l’un des premiers à y entrer, il tombe dans l’oubli jusqu’à ce que le 19e régiment du génie mette en lumière sa participation honorable à ce fait d’armes.

Né le 18 septembre 1883 dans le village de Chambon (Gard), Jean Ygon était décrit dans son dossier militaire, comme ”un homme d’un mètre soixante-dix, au visage large et au nez rectiligne gros”. Avant la guerre, il exerce la profession de ”manœuvre–chauffeur” dans son village de naissance. En novembre 1913, le jeune conscrit est incorporé. Envoyé en Tunisie, il est affecté à la 7e compagnie du 26e BG puis à la 1e compagnie du 29e BG le 15 avril 1914. Désigné au titre de l’armée de métropole, il embarque à Bizerte pour Marseille le 2 octobre 1914. Il débute la guerre sous le fanion de la 1re compagnie. Le 15 février 1915, le sapeur-mineur Ygon est blessé une première fois par un éclat d’obus. Après une permission, il rejoint la compagnie 19/2 en Belgique, en mai 1915. Les conditions de travail des sapeurs y sont particulièrement éprouvantes et pénibles, tant et si bien que deux mois plus tard, Jean Ygon est évacué pendant quelques jours pour raison de santé.

Assaut sur le fort

Le 24 octobre 1916, il participe à la reprise du fort de Douaumont. La 38e division d’infanterie reçoit le terrible privilège de mener l’assaut. Les 2e et 52e compagnies du 19e bataillon du Génie marchent en avant de l’infanterie afin de détruire les ouvrages défensifs importants, de nettoyer et d’organiser le fort. Jean Ygon pénètre le premier dans le fort avec Paul Dumont. Ce jour-là, les sapeurs rivalisent de bravoure et de courage. Le 9 novembre, Jean Ygon est promu Maître-Ouvrier. Le 8 février 1917, il reçoit la Légion d’honneur dans un petit village de Seine-et-Marne. Elle lui est remise par le général Guyot de Salins. La citation qui accompagne cette décoration éclaire sa contribution à ce fait d’arme : « Sapeur mineur d’une audace et d’un courage remarquables, aidé d’un seul homme, a pénétré dans le coffre de contre-escarpe, y a capturé 30 Allemands, 2 canons et 3 mitrailleuses prêtes à fonctionner ». Le 30 mars 1917, Jean Ygon est nommé caporal. Le 18 mai, il est cité à l’ordre de la Division : « Maître-ouvrier d’un grand courage, décoré de la Légion d’honneur et cité à l’ordre de l’armée pour sa brillante conduite lors de la prise du fort de Douaumont. Le 16 avril 1917, s’est offert comme volontaire pour couper des réseaux fortement battus par des feux de mitrailleuses ». Le caporal Jean Ygon est envoyé avec un détachement de 15 hommes de la compagnie 19/2 pour participer aux cérémonies du 14 juillet.

Attaque du fort de la Malmaison

Le 23 octobre 1917, presque un an jour pour jour après la prise de fort de Douaumont, le caporal Jean Ygon participe à l’attaque du fort de la Malmaison. Les pertes sont lourdes durant cette journée : 2 tués et 19 blessés dont il fait partie. Ayant reçu un éclat d’obus dans l’avant-bras gauche, il est évacué sur l’hôpital de campagne n°16 de Compiègne (Oise), puis transféré à l’hôpital maritime de Brest. Il obtient alors une permission début décembre. Il est cité une nouvelle fois à l’ordre de la Division: « Déjà deux fois cité, décoré de la Légion d’honneur, parti avec les sapeurs à l’assaut du fort de la Malmaison, a donné le plus bel exemple de bravoure en entraînant ses camarades. A été blessé ». Le caporal, marqué par ses blessures et la maladie, est démobilisé en septembre 1919. Sa trace est retrouvée grâce à un acte de mariage l’unissant à Alida Berthes à Alès dans le Gard, en mars 1925. Jean Ygon est alors employé à la PLM (Paris-Lyon-Marseille ancêtre de la SNCF). Les séquelles de ses blessures semblent profondes, à tel point qu’il est exempté des obligations militaires de la réserve.

Le 31 décembre 1932, Jean Ygon décède à Montpellier à l’âge de 39 ans. Titulaire de la Légion d’honneur et de la Croix de guerre avec palmes, il retrouve une place à part entière dans l’histoire de l’armée de Terre et de l’arme du génie. Les promotions de l’année 2014 du Centre de formation initiale militaire de Verdun portent son nom.


Droits : Armée de Terre 2022