Chaque année, les Français communient autour de leur drapeau et de son armée à l’occasion de la fête nationale. Des défilés et manifestations officielles, le plus souvent en matinée, jusqu’aux feux d’artifice et aux bals populaires toujours massivement fréquentés, le bleu, le blanc et le rouge rayonnent jusque dans le moindre village. D’où vient la fête nationale et comment est-elle née ?
Après la convocation des Etats généraux du royaume par Louis XVI en mai 1789 à Versailles, le Serment du jeu de paume, par lequel les députés s’érigent en assemblée constituante le 20 juin, marque le début des événements de la période révolutionnaire. Le 13 juillet, le mouvement de révolte s’étend à Paris, qui se dote d’une municipalité et d’une garde armée. Le lendemain, 14 juillet au matin, la vieille prison de la Bastille, dans l’est de la capitale, est prise d’assaut par plusieurs milliers d’émeutiers à la recherche d’armes.
Le gouverneur de la Bastille, de Launay, tente de résister mais les révoltés parviennent à pénétrer dans les bâtiments et les quelques prisonniers sont libérés.
Presque anecdotique au plan militaire, la chute de la vieille forteresse, devenue le symbole de l’absolutisme, a par contre un immense retentissement politique : elle représente l’opposition du peuple de Paris au pouvoir royal et l’entrée effective dans le processus révolutionnaire. Elle est totalement pillée dès le soir même.
L’année suivante, le 14 juillet 1790, la Fête de la Fédération rassemble à Paris des représentants de toutes les régions autour de l’idée d’unité du peuple français. Ensuite, tout au long du XIXe siècle, au fil des changements de régime (empire, monarchie, république), la date de la fête nationale ne cesse de changer, et ce n’est que le 6 juillet 1880 qu’une loi précise dans un article unique : « La République adopte le 14 juillet comme fête nationale annuelle », en référence aux deux journées de 1789 et 1790.
Ce premier 14 juillet 1880 est marqué par une impressionnante cérémonie sur l’hippodrome de Longchamp, durant laquelle le président de la République et les membres du gouvernement remettent les 400 drapeaux tricolores de la nouvelle armée rebâtie après l’écrasante défaite de 1870-1871 aux représentants de tous les régiments. La fête nationale prend dès lors, pour sa partie officielle, une tonalité nettement militaire, dont l’actuel défilé sur les Champs-Elysées est l’héritier direct.
D’autres dates marquent durablement les esprits. Le 14 juillet 1915, alors que la guerre se prolonge, le transfert aux Invalides des cendres de Rouget de l’Isle, auteur de l’hymne national, est l’occasion d’un moment d’intense communion patriotique.
Le 14 juillet 1919 se déroule le grand défilé de la Victoire, devant une foule immense qui se presse pour fêter les poilus, défilé poignant avec ses mutilés et blessés de guerre, mais défilé glorieux en présence de toutes les nations alliées. Le 14 juillet 1945, le général de Gaulle renoue avec cette double tradition pour célébrer à la fois la victoire et la renaissance de l’armée française. Après avoir été organisé dans différents lieux emblématiques de la capitale, le défilé se tient systématiquement depuis 1980 sur les Champs-Elysées, « la plus belle avenue du monde », accueillant à la fois pour la même manifestation les plus hauts représentants étrangers et les familles françaises.
Le 14 juillet 2016 fête ainsi, tout à la fois, la prise de la Bastille et la fête de la Fédération il y a plus de 220 ans, mais également les 136 ans de la fête nationale et de la proclamation de la Marseillaise comme hymne national. L’ensemble de ces événements nous rappelle les grandes manifestations de cohésion et de joie populaire qui suivirent les deux guerres mondiales.
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