Le 29 octobre 1956, une opération franco-britannique est lancée pour libérer le canal de Suez nationalisé par le colonel Nasser, raïs d’Egypte. Les Israéliens lancent en parallèle une vaste opération contre les Egyptiens. La guerre du Sinaï se termine le 1er novembre, les Anglais et les Français jettent l’éponge le 6 novembre. Retour sur la guerre éclair menée par les Israéliens.
Octobre 1956. Une réunion secrète se tient en banlieue parisienne entre Français, Britanniques et Israéliens afin de convenir d’une coopération visant à prendre le contrôle du canal de Suez et renverser le colonel Nasser, raïs d’Égypte. C’est l’opération Mousquetaire. En échange d’un déclenchement des hostilités par l’État hébreu dans le Sinaï, il reçoit de l’armement et une assistance technique dans le domaine nucléaire. Dans la nuit du 24 octobre débute l’opération Jonas. Les premiers chars AMX 13 débarquent dans le plus grand secret sur les côtes israéliennes - alors que les marins français pensent être arrivés en Algérie - ils viennent compléter les rangs des régiments blindés aux côtés des chars Sherman armés de canon de 75 mm. Le plan initial, élaboré par Moshé Dayan, prévoit une attaque menée par trois brigades d’infanterie ayant pour objectifs la 8e division palestinienne à Gaza, le carrefour d’Abou Ageila tenu par la 3e division égyptienne et un pôle défensif sur la route d’Oufa à Quseima. La saisie du col de Mitla revient à un régiment parachutiste qui doit ouvrir la route du canal. Les blindés de la 7e brigade sont cantonnés à une attaque de diversion dans la vallée du Jourdain.
Suite à une intervention de son commandant, le général Ben Ari, les chars peuvent appuyer l’infanterie dans sa progression. Le passé de commando de Dayan lui fait privilégier l’infanterie aux autres moyens, car il estime que les blindés ne sont pas prêts pour une opération d’une telle ampleur.
Le 29 octobre, après le parachutage du 890e bataillon sur le col de Mitla, l’infanterie se retrouve bloquée dès son passage de la frontière par les Égyptiens. Les régiments de chars AMX 13 sont employés dans ce raid, mettant à profit leur mobilité bien supérieure à celle des T34/85 ennemis, tout en étant appuyés dans leurs mouvements par l’aviation. La 27e brigade blindée longe la côte jusqu’à Jiradi, ville fermement tenue par les Égyptiens. Les AMX 13 enveloppent la position et conduisent une attaque sur un flanc que l’ennemi pense inextricable. Les armées égyptiennes ne sont pas coutumières de guerres de mouvement aussi brutales. La rapidité des blindés israéliens les amènent à capturer la garnison d’El Arich par surprise sans qu’elle ne puisse réagir. Le 2 novembre, Tsahal stoppe sa progression à moins de 20 kilomètres du canal de Suez, tandis qu’un autre contingent se lance vers Charm-El-Cheick au sud de la péninsule, conquise trois jours plus tard. C’est à ce moment-là que l’URSS leur demande de se replier sur leur frontière de 1949 en les menaçant d’une riposte nucléaire. Les États-Unis font pression sur les franco-britanniques qui abandonnent l’opération Mousquetaire. Le succès de cette opération blindée brutale dans le Sinaï va fortement marquer la doctrine militaire israélienne. Moshe Dayan devient par la suite l’un de ses plus fervents promoteurs, allant jusqu’à muter ses meilleurs officiers d’infanterie dans la cavalerie. L’arme blindée de Tsahal va alors jouer un rôle majeur tout d’abord dans la guerre de l’eau de 1964-65, puis dans la Guerre des Six Jours en 1967.
L’architecture du char de combat Merkava, de conception israélienne, s’inspire fortement de celle de l’AMX 13. En reprenant le positionnement avant du moteur, le blindage de l’arc frontal est augmenté et garantit une meilleure sécurité aux équipages.
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