Ce 29 août, le général Alabergère, commandant les forces terrestres (COM FT) depuis septembre 2017, fait ses adieux aux armes. A l’aune de quitter le service actif, il revient pour nous sur cinq moments qui ont marqué son temps de commandement.
C’était le challenge fixé par le CEMAT et cet effet majeur a été atteint. Je vais donc laisser à mon successeur des forces terrestres qui ont retrouvé le niveau opérationnel qui était le leur avant les attentats de 2015.
Nous avons à nouveau des militaires qui sont capables, si le président de la République nous le demandait, de refaire une opération de type SERVAL. Cela se traduit par le retour de nos unités dans les centres d’entraînement et la reprise de l’entraînement interarmes pour nos brigades qui constituent la clé de voute de la construction de notre capacité opérationnelle. J’ai pu aller voir à plusieurs reprises nos soldats au cours de leur préparation opérationnelle interarmes dans les centres où se construit et s’entretient notre capacité opérationnelle.
Cette création du commandement de l’entrainement et des écoles du combat interarmes est l’aboutissement de plusieurs années de travail. C’était l’un des dossiers qui m’avait été confié lorsque je suis arrivé au commandement des forces terrestres en tant que commandant en second. J’avais été mandaté pour faire évoluer entraînement et formation vers ce commandement qui va nous permettre de mettre en œuvre, de la façon la plus efficace possible, la synergie formation-entrainement. C’est d’autant plus un satisfecit que lorsque je rencontre mes homologues étrangers, tous envient le commandant des forces terrestres françaises qui a sous sa responsabilité directe les écoles d’armes, les centres de formation initiales des militaires du rang et tous les centres d’entrainement, donnant une véritable cohérence à notre entraînement et à notre formation.
Le deuxième satisfecit est plus personnel : cela fait partie des choses pour lesquelles j’ai toujours milité car j’étais convaincu depuis longtemps que la place des écoles d’armes était au sein des forces terrestres. En effet, ce sont elles qui emploient et préparent ensuite les cadres qui sortent de nos écoles. C’est donc une satisfaction personnelle de terminer ma carrière sur la création de ce nouveau commandement.
J’ai pu le constater lors de ma première visite au sein de l’opération BARKHANE au Sahel en juillet 2017 avant ma prise de fonction et le vérifier une fois encore début juillet cette année en retournant en bande sahélo-saharienne. J’ai vu les conditions dans lesquelles nos hommes et femmes remplissent leurs missions face à un ennemi très actif, remportant sur le terrain de vrais succès tactiques. Cela démontre bien toute la plus-value de notre entraînement qui constitue notre meilleure assurance-vie. Nos hommes sont prêts.
Je veux mettre aussi en exergue les conditions très difficiles pour nos logisticiens qui assurent magnifiquement le soutien de cette force, avec notamment des mécaniciens qui continuent de faire des miracles, les convois qui sont des opérations dans l’opération, l’implication extraordinaire de nos médecins.
Tout ce qui a été remarquablement préparé en amont porte ses fruits au combat.
Ce sont des visages que je n’oublierai jamais, tout comme le contact avec leurs familles qui, une fois de plus, font preuve d’une dignité et d’un courage extraordinaires face à la perte de leur être le plus cher, leur mari, leur fils ou leur frère.
Dans l’exercice de mes responsabilités de commandant des forces terrestres, la cérémonie d’hommage à nos morts en opérations et les explications que nous devons à leurs familles sur les circonstances de leur décès font partie des moments les plus forts émotionnellement qui marquent un chef militaire.
Afin de partager un moment auprès des soldats engagés au sein de l’opération HARPIE, je me suis rendu au 9e RIMa puis au 3e régiment étranger d’infanterie les 24 et 25 décembre 2017. Noël est toujours un moment particulier quand on est en opération. Ce déplacement auprès de nos soldats traduit l’attention particulière que le chef doit avoir en matière de condition du personnel pour nos hommes et nos femmes qui sont engagés en opération. Passer Noël avec eux est une façon de rendre à l’ensemble des soldats des forces terrestres l’hommage qu’ils méritent de par leur engagement. Ma plus grande fierté de COM FT a été de commander les 77.000 hommes et femmes des forces terrestres, en ayant sous mes ordres des soldats d’une telle valeur.
C’est le général Guionie, commandant jusqu’alors la division performance synthèse de l’état-major de l’armée de Terre, qui succède au général Alabergère à la tête des forces terrestres.
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