Evénement traditionnel attendu chaque année par les amoureux de « la basane », les journées de la cavalerie se sont tenues à Paris les 16 et 17 octobre. Le général d’Andoque de Sériège, père de l’arme, revient dans une interview en trois points sur la cavalerie dans le modèle "Au Contact".
La cavalerie « Au Contact » c’est désormais 11 régiments de cavalerie dans la force Scorpion, 4 régiments équipés de chars Leclerc et 7 équipés de blindés médians AMX10RC plus un régiment pré positionné aux Emirats arabes unis, le 5e régiment de Cuirassiers avec un escadron Leclerc, qui sera armé régulièrement par des équipages Leclerc, qui, à l’instar de ce qui existe à Djibouti, au 5e RIAOM pour les régiments 10RC, auront ainsi l’opportunité de s’entrainer sur le terrain exigeant qu’est le désert.
Dans le cadre de la remontée en puissance, la cavalerie, c’est également la création de 14 nouveaux escadrons, 3 escadrons Leclerc au 5e régiment de Dragons et d’un deuxième escadron de reconnaissance et d’intervention (ERI) à 117 cavaliers dans tous les régiments, ce qui induit un nouvel équilibre entre les unités canon et les unités reconnaissance-intervention-missile.
Cela portera les effectifs de la cavalerie à plus de 7600 cavaliers à la fin de la remontée en puissance.
SCORPION va d’abord permettre de remplacer des matériels à bout de souffle et remettre au standard des matériels arrivés mi-vie. Ainsi, après 40 années de bons et loyaux services, l’AMX10RCR sera remplacé à partir de 2020 par le Jaguar, engin blindé de reconnaissance et de combat – véhicule 6x6 de 25 tonnes équipé d’un canon de 40 mm couplé avec le missile moyenne portée (MMP) - dans les régiments roues-canon.
C’est aussi la rénovation des chars Leclerc qui se déroulera en deux temps avec la mise à niveau de l’électronique embarquée puis l’adjonction de nombreux kits lui permettant d’accroitre ses performances.
C’est enfin le remplacement du VBL par le VBAE. Ce petit véhicule blindé devra offrir le don d’ubiquité à la cavalerie en armant l’échelon de découverte, en accompagnant les engins de combat et en allant créer la surprise chez l’ennemi.
L’opération SCORPION va également décupler l’efficacité de la cavalerie sur le terrain en accroissant les synergies tant internes qu’interarmes, notamment grâce au SICS et aux moyens de communication modernisés qui rendront possible de nombreuses évolutions dans la façon de combattre.
Enfin, SCORPION offrira des moyens supplémentaires pour les équipages dans le domaine de la formation et du soutien. L’arrivée de la simulation embarquée en complément des systèmes de simulation existant permettra d’optimiser la formation, l’entrainement et le maintien à niveau des unités. D’autre part, le système de soutien innovant devrait permettre d’assurer une disponibilité supérieure à l’existant et ainsi participer directement à l’augmentation des capacités de combat des unités de cavalerie.
Depuis 80 ans environ, l’histoire nous montre que l'action en zone urbaine ne peut être conduite qu'en interarmes avec des unités structurées autour de compagnies blindées et mécanisées et avec des troupes bien entraînées. Dans le cadre de cette action interarmes, la cavalerie a bien un rôle unique : celui de permettre des pénétrations profondes au cœur du dispositif ennemi, d’appuyer l'infanterie par le feu direct et soutenu que permettent le blindage et une grande mobilité, sans oublier bien sûr les missions de couverture et de renseignement. Si le blindé n’est pas le prédateur principal du champ de bataille urbain, il n’y a pas de victoire sans les chars en ville.
Si nous portons notre regard sur l'actualité en Ukraine ou au Moyen-Orient et sur les choix technologiques d'autres pays, et réfléchissons à l'avenir, force est de constater que l'emploi du char en zone urbaine est et restera massif pour réaliser des actions de force. Avec cette perspective de conflits en zones habitées et confinées, nous pouvons mesurer la nécessité de disposer de troupes suffisantes, bien équipées, mais aussi et surtout bien entraînées à ce milieu si compliqué et exigeant.
Si nous disposons déjà d’une réelle expertise à travers l’outil remarquable que représente le centre d’entraînement aux actions en zone urbaine (CENZUB), les solutions techniques nouvelles comme par exemple les protections passives prévues sur le Jaguar ou le char Leclerc rénové devraient permettre d’encore mieux valoriser l'emploi des blindés en zone urbaine.
En résumé, comme le disent les Israéliens, « in urban warfare, tanks are not an option » !
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