Afin d’éviter la propagation du Covid-19 sur les théâtres d’opérations extérieures, les Armées ont mis en place des mesures exceptionnelles : les militaires devant être déployés sont confinés 14 jours avant le départ et les relèves sont adaptées pour limiter les contacts. Exemple avec la relève de la force Barkhane, confinée dans la zone de regroupement principale de Miramas dans les Bouches-du-Rhône.
Ils ne s’attendaient pas à cela. Pour certains, cette préparation fera date. Quatorze jours avant leur départ, les soldats bientôt déployés en bande sahélo-saharienne pour l’opération Barkhane sont en confinement strict. Installés dans la zone de regroupement principale (ZRP) de Miramas, détachement organique du 503e régiment du Train, ils s’adaptent à la situation. Cet isolement a pour objectifs de protéger les militaires déployés contre les risques liés à la pandémie et de préserver la capacité opérationnelle de la force afin d’assurer la continuité des missions.
En mars dernier, s’inscrivant dans le durcissement des mesures gouvernementales face à la crise, le centre de planification et de conduite des opérations a ordonné l’activation de la zone de Miramas pour le confinement des troupes avant leur projection en opérations.
Cette structure d’accueil a été choisie car identifiée comme étant la plus adaptée, la plus rapide à configurer. Il est décidé d’y confiner pendant 14 jours les passagers de chaque vol avant son décollage. « Certaines listes d’embarquement ont été modifiées afin de parer à tout risque de contamination massive » précise le capitaine Pascal du 503e régiment du Train, chef de centre de la ZRP. Cet ajustement explique les délais supplémentaires pris pour certaines relèves. Cette mesure doit aussi répondre aux règles sanitaires édictées par les pays dans lesquels ces unités sont appelées à manœuvrer. Les vols civils étant suspendus, des accords diplomatiques sont passés avec chaque pays et territoire de destination pour établir des vols militaires afin de garantir l’engagement opérationnel. Les conditions sont fixées au cas par cas. Si les troupes en partance pour la bande sahélo-saharienne (BSS) observent un confinement avant décollage, d’autres le font une fois arrivées sur place, comme par exemple en Côte d’Ivoire.
« Une équipe de 10 personnes, constituée de ʺpermanentsʺ et de réservistes, prépare l’arrivée de l’unité sur la zone de Miramas, explique le capitaine Pascal. Il s’agit de configurer l’espace qui lui est dédié selon le protocole établi par le service de santé des Armées. » Pouvant accueillir jusqu’à 230 personnes, la ZRP en reçoit 200 pour la deuxième rotation de confinement. Trois sessions sont planifiées, chacune espacée de cinq jours, le temps que les équipes de soutien se passent le relais, toujours sans contact. Isolées, elles sont soumises aux mêmes conditions sanitaires que les troupes de passage. Les chambres de 15 lits hébergent seulement 5 personnes, une laverie de campagne est mise à disposition et l’ordinaire est réorganisé selon ce protocole. Les formalités d’arrivée menées avec l’antenne médicale d’Istres permettent de trier les arrivants selon les critères de risque et de symptômes et de les tester si besoin. Mélangés avec des unités de l’armée de l’Air, les soldats maintiennent le rythme de préparation. Dans cette configuration particulière, le temps est mis à profit de manière formelle et informelle pour améliorer la préparation opérationnelle. La répartition des chambres et l’organisation de séances d’informations quotidiennes permettent d’ouvrir sa culture interarmes et interarmées : « Demain, nous présentons au personnel confiné notre spécificité d’ouverture et d’itinéraire piégé, témoigne le sergent Florian, chef de groupe au 13e régiment du génie. Un lieutenant du renseignement détaillera la situation au Mali, un pilote axera sur le Mirage 2000 et un officier supérieur sur les actions civilo-militaires ».
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