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CENTAC : Accompagner vers la victoire

Mise à jour  : 02/12/2019

Au centre d’entraînement au combat – 1er bataillon de chasseurs à pied, les forces terrestres se préparent au combat interarmes dans un contexte de haute intensité. Sur le terrain, les unités bénéficient d’un suivi personnalisé reposant sur d’importants moyens humains et matériels.

Mailly-le-Camp, 17 septembre, 10 heures. Au carrefour 08 du centre d’entraînement au combat – 1er bataillon de chasseurs (CENTAC-1er BC), la force adverse gagne du terrain. Une seule option pour le sous-groupement tactique interarmes (SGTIA) du 2e régiment d’infanterie de marine (2e RIMa) : rompre le contact pour se réarticuler. Au croisement, la section de l’adjudant Jimmy se met à couvert. L’adjudant Jean-Luc se tient à côté de lui. Dans le feu de l’action, il s’adresse au chef de section : « éloigne-toi pour observer la situation. Tu décideras en conséquence ». Depuis la veille, il le suit dans son combat. L’adjudant Jean-Luc est observateur, arbitre, conseiller (OAC) au CENTAC-1er BC. Loin d’être perturbé par sa présence, le chef de section est attentif : « Cela me force à prendre du recul sur mes choix. C’est parfois difficile car chacun est absorbé par son combat et la fatigue commence à se faire sentir ». L’adjudant Jean-Luc a pour mission d’évaluer si la manœuvre du chef de section concourt à remplir les objectifs fixés par le commandant d’unité à la tête du SGTIA. Et cela commence dès le rehearsal. Lors de ce moment-clef, il contrôle si l’esprit de la mission a été compris et s’il parvient à le décliner auprès de ses chefs de groupe. Concentré, il vérifie le respect des procédures, de l’emploi des armes aux échanges radios. Après l’offensive, beaucoup sont déçus de ne pas avoir réitéré le même succès que la veille. Il va pourtant falloir rebondir. « On va voir comment », rassure l’adjudant Jean-Luc. Avec Jimmy, il revient immédiatement après le combat sur le déroulé de la séance. Pour le jeune chef de section en poste depuis un an, c’est une chance d’avoir un retour personnalisé. Après la phase d’action, chacun des OAC commente l’action des chefs de section. Tous ont accompagné une section du SGTIA. À côté d’eux, un analyste terrain du CENTAC-1er BCP note les observations des contrôleurs pour les transmettre à la cellule d’analyse, de restitution et d’exploitation des données (Cared). Celle-ci synthétise les remarques et en déduit les points positifs et les points à améliorer pour le SGTIA entraîné.

Une vue d’ensemble

Depuis la Cared, les analystes suivent l’entraînement en direct. Ils écoutent les échanges radios et déploient des équipes vidéos sur le terrain. La simulation est également un outil précieux pour ce suivi en direct. Grâce au système Centaure, l’analyste en chef peut observer le déplacement des combattants comme des véhicules. Combinant moyens humains et techniques, l’analyse pédagogique repose sur une vue d’ensemble de l’action. Les OAC, de retour au centre opérationnel, débriefent avec l’analyste en chef. Celui-ci revient sur les faits marquants de la journée tout en leur demandant des précisions. Entre ce qui est observé sur le terrain et les remontées d’informations, il peut y avoir quelques divergences.  La confrontation des points de vue permet d’avoir une appréciation fine de la réalité de l’action exécutée. À l’annonce du bilan humain et matériel, la détermination se lit sur le visage des OAC. Tous ont un seul but : la progression des combattants. « Il faudra faire mieux demain », souligne l’adjudant Jean-Luc. L’analyse pédagogique se poursuivra tard le soir. En fin de soirée, l’analyste en chef retrouve le commandant du SGTIA et ses chefs de section pour l’analyse après action (3A). Revenant sur le déroulement de la journée, il appuie ses propos au moyen d’extraits de vidéos filmés le matin et de conversations radiophoniques et fait même intervenir le chef du SGTIA de la force adverse (Forad) armée par le 5e régiment de dragons. Celui-ci explique à la fois ce qui lui a permis de percer le dispositif de l’unité entraînée et ce qui l’a ralenti dans sa progression. Durant presque 45 minutes, le chef analyste détaille les points positifs et les points à améliorer.  À aucun moment, la capacité de commandement du commandant d’unité ou de ses chefs de section est jugée. Seule est évaluée la pertinence tactique de la manœuvre. C’est un principe pédagogique fondamental. Les analystes et OAC ne jugent pas, ils font des constats et formulent des propositions pour faire progresser les entraînés.

Pédagogie de progrès

Au CENTAC-1er BCP, tout le monde est évalué dans son périmètre de responsabilité. Chacun doit être force de proposition et d’initiative. « C’est ce que le commandant d’unité attend de ses chefs d’éléments, » souligne l’adjudant Jean-Luc. Avec l’arrivée de l’infovalorisation, la notion d’initiative prendra une nouvelle ampleur. L’accompagnement personnalisé permet d’avoir une radiographie à l’instant T de la capacité opérationnelle interarmes du SGTIA. « Le CENTAC offre un regard extérieur, relate le lieutenant-colonel Yann, chef BOI du 2e RIMa. Le centre nous permet d’apprécier la force de caractère d’une compagnie ».

« Nous ne sommes pas un centre d’aguerrissement » rappelle le lieutenant-colonel Pierre-Antoine, chef du bureau entraînement du centre. Le centre a vocation à entraîner et contrôler les unités au combat interarmes de haute intensité. Pour le commandant Tristan : « C’est le combat le plus difficile car il se caractérise par la violence de l’engagement. Tout est démultiplié. » La difficulté est renforcée par le contexte interarmes. Coordination, dialogue, le commandant d’unité doit prendre en compte les contraintes de chaque arme pour les englober au sein d’une manœuvre efficace. Ainsi le génie ne peut par exemple travailler que s’il est appuyé par l’artillerie. Avant leur arrivée au CENTAC, les différents éléments armant le SGTIA ne se connaissent pas. « Pour cette raison, nous devons les mettre dans une logique de réussite. Les rotations s’organisent selon une pédagogie de progrès », rapporte le lieutenant-colonel Pierre-Antoine.

Mettre en confiance

La première semaine de rotation doit mettre les entraînés en situation de confiance. Les OAC rencontrent les chefs de section avec lesquels ils seront binômés. Ces derniers leur expliquent ce qui est attendu d’eux. « On ne veut pas que les gens soient pris au dépourvu », affirme le lieutenant-colonel Pierre-Antoine. Dédiée aux rappels tactiques, ces premiers jours sont l’occasion de roder les équipes de commandement. Celles-ci doivent se souder pour travailler ensemble. Dans ce premier temps, les combattants se familiarisent aussi avec les équipements de simulation de tir au combat nouvelle génération : armement collectif et individuel. La deuxième semaine - dite de contrôle -  se caractérise par une phase de combat de 96 heures. Durant celle-ci, OAC et analystes sont mobilisés en permanence : le personnel bénéficie d’un accompagnement de tous les instants. Chaque phase de combat est analysée et suivie en 3A. Cet investissement de l’encadrement repose sur le goût de la transmission du savoir tactique.  L’implication des OAC et des analystes fait la différence. Ils doivent être irréprochables tactiquement et techniquement. L’adjudant Jean-Luc témoigne : « nous avons été à leur place. Nous connaissons les contraintes du terrain et l’appréhension des débriefings. Ce partage d’expérience nous permet de nous positionner. Nous devons dire les choses avec respect et humilité ». Pari tenu. Malgré les erreurs de la journée, l’adjudant Jimmy remarque : « la note de fin de mission n’est pas source d’angoisse. Elle me permet de voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Je sais pouvoir compter sur la bienveillance de mon binôme ».


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