Accueil | Terre | Actu Terre | Canal de Suez 1956 : le soutien terrestre à rude épreuve Terre ... Actu Terre | Canal de Suez 1956 : le soutien terrestre à rude épreuve

Canal de Suez 1956 : le soutien terrestre à rude épreuve

Mise à jour  : 10/04/2019

En pleine guerre froide, les Occidentaux accusent le colonel Gamal Abdel-Nasser de financer le Front de libération national algérien. Les tensions entre la France et l’Égypte s’aggravent jusqu’au point de non-retour. Le 26 juillet 1956, le colonel Nasser, président égyptien, décide de nationaliser la société d’exploitation du canal de Suez, poussant les Anglais et les Français à intervenir militairement.

L’opération commence le 31 octobre 1956 par des bombardements visant à casser le moral des Égyptiens. Elle se compose, notamment, de la 10e division de parachutistes (DP), de la 7e division mécanisée rapide (DMR) et d’une base de transits et d’opérations (BTO) destinée à soutenir les forces terrestres. Les moyens sont acheminés par avions et, surtout, cargos de la marine marchande constitués en plusieurs convois selon un plan d’échelonnement de la force : un échelon aéroporté composé de 3 000 hommes, un échelon amphibie de 2 000 hommes et de 300 véhicules.

Les parachutistes sautent le 5 novembre. La BTO doit mettre à terre les premiers éléments de soutien après le débarquement. Avec ses approvisionnements, elle doit constituer immédiatement des centres de livraison : un sur la rive est de Port-Fouad pour les unités de la 10e DP engagées à l’est du canal et un autre sur la rive ouest à Port-Saïd pour les éléments débarqués à l’ouest. Les Français doivent dégager au plus vite la zone portuaire en raison du flux d’hommes et de matériels à débarquer.

Les unités débarquent

Mais les Américains et les Soviétiques font pression sur les Français et les Anglais pour arrêter les combats. L’annonce du cessez-le-feu tombe inopinément le 7 novembre 1956. La force est prise au dépourvu. Les unités continuent de débarquer avec matériels et approvisionnements. Ces moyens importants deviennent inutiles et l’espace disponible se fait rare. Il est nécessaire de stopper des convois entiers ou des navires à l’intérieur d’un même convoi. L’objectif pour les Français est de débarquer seulement une partie des forces et les approvisionnements correspondants pour leur entretien pour répondre à une reprise éventuelle de l’offensive. Les échelons arrière du corps expéditionnaire se trouvent encore en mer sur les cargos de la marine marchande. Beaucoup de formations sont alors coupées en deux ou trois fractions et se retrouvent sans élément comptable. Le matériel propre comme les véhicules, les moyens de cuisson et les campements collectifs n’ont pas été déchargés ou sont restés en Afrique du Nord et en Métropole. D’autres formations n’ont jamais rejoint le théâtre d’opérations. Cette situation entraîne des difficultés sévères pour la vie matérielle des unités.

Les vivres manquent

Beaucoup de matériels lourds doivent être déchargés pour prendre à fond de cale les éléments nécessaires à l’entretien des unités présentes en Égypte. Des vivres sont placés au fond des navires sous plusieurs couches de munitions et matériels lourds. Des articles indispensables comme la farine, la levure et le sel sont dispersés dans plusieurs cales d’un seul et même navire. Pour y accéder, les Français doivent décharger les véhicules placés sur les ponts ou les entreponts. Des retards sont constatés dans la mise à terre des approvisionnements. Aux alentours du 15  novembre, les vivres manquent. La force ne dispose plus que d’une journée d’avance. Les Français demandent l’aide des Anglais et réquisitionnent de la nourriture rompant ainsi le schéma de la logistique nationale.

Finalement, le rapatriement de la force expéditionnaire est décidé : c’est l’opération Harridan. Le volume et la consistance des forces et des matériels à ré-embarquer est considérable : entre 8 500 et 9  000 hommes, 2 100 véhicules et 2 000 à 3 000 tonnes d’approvisionnement. Les derniers éléments quittent l’Égypte le 22 décembre 1956. L’épisode de Suez démontre combien les décisions prises au niveau stratégique ont pu avoir de lourdes conséquences pour une armée française à l’époque encore en manque d’expérience pour mener une opération extérieure.


Droits : Armée de Terre 2022