En matière d’aguerrissement, la nouvelle directive parue le 17 août 2017 définit de nouveaux objectifs de formation professionnelle et d’entraînement au combat des forces terrestres. Ces deux dernières années, le haut niveau d’engagement de l’armée de Terre sur le territoire national a en effet particulièrement érodé son capital opérationnel. Avec la mise en place effective du nouveau modèle « Au Contact », l’effort sur la préparation opérationnelle des forces terrestres impose donc de prendre en compte de nouvelles exigences. Objectif : accroître la capacité opérationnelle de l’armée de Terre.
La nouvelle politique d’aguerrissement au combat de l’armée de Terre s’appuie sur trois niveaux. Le premier concerne l’aguerrissement du soldat sur la base enseignée en formation du combattant. « L’aguerrissement au combat doit être acquis dès le début de la formation initiale pour être poursuivi tout au long de la carrière, souligne le capitaine Léo, chef du groupement d’instruction au 21e régiment d’infanterie de marine. Il faut se préparer à toutes les éventualités. Pour un fantassin, s’il veut continuer d’évoluer, il doit maîtriser les techniques de sa spécialité dans n’importe quel environnement : forêt, désert ou même un milieu amphibie. »
Le deuxième niveau consiste en l’aguerrissement par le métier. « Il est la continuité du socle aguerrissement du soldat réalisé de façon spécifique, en fonction des différents emplois opérationnels, précise le lieutenant-colonel Hervé du bureau emploi de la division opération aéroterrestres à l’état-major de l’armée de Terre (EMAT). Les forces terrestres doivent être formées, après la formation initiale, à réaliser leur métier dans n’importe quelles circonstances. Par exemple, pour le mécanicien, savoir réparer un moteur en plein désert est totalement différent que de le faire dans un atelier en métropole. »
Le dernier niveau s’appuie quant à lui sur l’enseignement "commando" dispensé principalement au Centre national d’entraînement commando - 1er régiment de choc (CNEC). L’objectif est de former les cadres à devenir des combattants rustiques en développant leurs qualités telles que l’audace, l’intrépidité ou encore la prise de risques. « La préparation à une mission opérationnelle doit être un choc permanent, assure le colonel Rollet, chef de corps du CNEC - 1er Choc. Nous formons les aide-instructeurs, moniteurs et instructeurs qui travaillent ensuite directement au profit de nos régiments et de la troupe. Ils seront les appuis des chefs de corps dans l’aguerrissement et le combat commando ».
« En garnison, en terrain libre, comme en camp ou en projection, l’aguerrissement ne doit pas être réservé aux seuls centres d’entraînement spécialisés, poursuit le lieutenant-colonel Hervé de l’EMAT. Il doit être réaffirmé comme un acte quotidien et comme une des clés de voûte de la préparation opérationnelle. » Afin d’en élargir et d’en vulgariser la pratique, il appartient à chaque échelon de commandement de décliner quatre objectifs, développés dans la directive d’aguerrissement au combat des forces terrestres :
La priorité de la politique d’aguerrissement au combat porte en premier lieu sur les chefs de groupes et de sections/pelotons. L’effort marqué dans les écoles de formation initiale en matière d’aguerrissement doit être exploité, entretenu et encadré pour pérenniser la politique d’aguerrissement au combat.
La deuxième action s’applique au niveau section et peloton. Toute activité programmée doit intégrer une dimension d’aguerrissement. C’est à cette échelle que se fondent la cohésion et l’endurance des unités élémentaires.
Enfin, l’accent sera mis sur le PC de GTIA et ses équivalents logistiques. Le but est de réintroduire progressivement dans tous les états-majors la notion d’aguerrissement à travers des pratiques adaptées et rénovées, comme travailler dans des conditions dégradées ou faire face à des défaillances technologiques.
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