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3 questions au chef du renseignement de l’armée de Terre

Mise à jour  : 19/01/2018

Les premières Journées du renseignement des forces terrestres se déroulent les 17 et 18 janvier à Strasbourg. A l’initiative du Commandement du renseignement (COM RENS), ces nouvelles rencontres réunissant la communauté Terre, les acteurs interarmées et les autres fonctions opérationnelles Terre ont pour thème « le renseignement Terre et les engagements futurs », avec un focus sur SCORPION et la ressource humaine. A cette occasion, le général Maury dresse un bilan de ses 18 premiers mois à la tête de cette entité et illustre combien le renseignement est plus que jamais un facteur de supériorité pour l’armée de Terre.

1 - Mon général, le Commandement du renseignement a été mis en place à l’été 2016, entraînant des évolutions de fond. 18 mois plus tard, quel est le bilan ?

Le Commandement du renseignement des forces terrestres (COMRENS) a réussi sa mission de construction du pilier et de cohérence de la fonction. Ainsi, en matière d’entrainement, le COMRENS a ajusté le cycle d’activités de ses régiments pour l’adapter au contexte d’engagement opérationnel (projection des chefs de corps à la tête du Groupement de recherche multi capteurs (GRM) dans la bande sahélo-saharienne (BSS) et aux besoins d’appui renseignement des divisions.

Tous les objectifs de préparation opérationnelle fixés par le Commandement des forces terrestres (CFT) ont été atteints, en particulier grâce aux capacités d’entraînement du Centre d’enseignement et d’entrainement du renseignement de l’armée de Terre (CEERAT). En matière d’exploitation, la montée en puissance se poursuit.

Dès octobre 2017, les compléments opérationnels du Centre du renseignement Terre ont appuyé la préparation opérationnelle de la 1re division et de ses brigades interarmes. Enfin, le CEERAT a confirmé sa capacité à remplir ses nouveaux objectifs de formation-entraînement spécialisé et élémentaire. Il s’impose comme « l’École du renseignement de l’armée de Terre. »

Ainsi, le Bureau d’appui renseignement au combat interarmes, créé en 2016, a contribué à la préparation métier des divisions à l’occasion des exercices de renseignement extérieures. Les 4e brigade d’aérocombat, 27e brigade d’infanterie de montagne, 7e brigade blindée, Corps de réaction rapide-France et 1re division ont ainsi pu s’entraîner sur la manière dont l’ennemi fonctionne et gère ces renseignements.

2 - La fonction renseignement a été mise à l’honneur le 16 novembre par le CEMAT lors d’une cérémonie aux Invalides. Pouvez-vous nous dresser un bilan opérationnel ?

En 2017, l’engagement opérationnel du COMRENS est resté à un niveau maximum, représentant en permanence 38% de sa capacité. En opération extérieure, les détachements de recherche mono et multi-capteurs appuient les unités des forces terrestres, de la Direction du renseignement militaire (DRM) et du Commandement des opérations spéciales (COS).

Ainsi en avril 2017, le 61e régiment d’artillerie (61eRA) s’est engagé en République centrafricaine. Cette première projection en Afrique a démontré toute la pertinence de disposer d’un système de drone tactique.

En outre, dans le cadre de l’engagement national d’urgence, les unités du COMRENS n’ont jamais quitté cette culture de l’alerte, du fait de leur engagement permanent en auto-relève et en appui des Forces spéciales.

Le COMRENS a également été impliqué dans les opérations intérieures puisque les 10 unités du commandement participent à la posture de sureté en France. En ce sens, la cérémonie aux Invalides a donné l’occasion de souligner le rôle crucial que revêt l’appui renseignement des forces terrestres, produisant une véritable compréhension de l’environnement opérationnel. Cherchant à tirer le meilleur profit des possibilités offertes par le progrès technologique, le renseignement repose sur les hommes et les femmes. C’est un domaine exigeant des soldats des compétences et qualités particulières, énoncées par le CEMAT. En les exprimant, il formule une reconnaissance de la spécificité de ce métier.

« Le courage d’abord : courage physique pour collecter le renseignement, parfois au plus près de l’ennemi ; courage intellectuel pour élaborer et faire valoir une analyse objective qui peut aller à rebours de l’opinion. La capacité de jugement et de discernement, ensuite, au service de vues justes et pénétrantes, pour faire la part entre les impressions et les conceptions dues au calcul de la réflexion. La discrétion, enfin, qui restera une qualité maitresse de ceux qui agissent dans l’ombre et traitent d’informations sensibles ».

3 - Quelles sont les grands enjeux du renseignement pour l’avenir ?

Les chantiers sont multiples et ambitieux. Parmi les préoccupations majeures figurent les modalités de renforcement de l’échelon de découverte du GTIA SCORPION. Il s’agit aussi de continuer la montée en puissance du centre de renseignement Terre (CRT), et la professionnalisation de la fonction exploitation, de façon à délivrer un appui renseignement adapté aux besoins des forces terrestres.

L’effort majeur en matière de nouvelles capacités porte sur la prise en compte des ruptures technologiques et des nouvelles conflictualités telles que la cyberdéfense.  Il est également nécessaire de développer les interactions entre le renseignement et l’influence militaire. En complément, nous préparons l’arrivée en 2019 du système de drone tactique Patroller pour succéder au système de drone tactique intérimaire (SDTI). Cela implique une transformation radicale du 61e RA en termes d’organisation et de savoir-faire à acquérir.

Par ailleurs, il est important de bien comprendre que la spécificité du Rens Terre au sein de la Fonction interarmées de renseignement, c’est bien de recueillir au contact direct des cibles la matière première en termes d’information. Au-delà de toutes les innovations technologiques auxquelles il va falloir faire face, c’est l’homme avec ses talents multiples qui reste au cœur de mes préoccupations. Il conviendra donc de viabiliser le vivier des ressources humaines renseignement tout en procédant aux évolutions des différents métiers.

Enfin, il est nécessaire de réacculturer l’armée de Terre au renseignement de façon à améliorer la complémentarité entre les unités interarmes et les unités spécialisées indispensable à la manœuvre du renseignement.


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