La bataille de la Malmaison fut lancée par le général Pétain près du fort de la Malmaison du 23 au 26 octobre 1917, après les échecs des offensives précédentes et les mutineries liées à la guerre d’usure. Elle représente une victoire tactique indiscutable aboutissant à l’abandon, par les Allemands, du chemin des Dames.
Avant même sa prise de commandement, lorsqu’il était chef d’état-major général, dès le 4 mai 1917, le général Pétain s’était montré tout à fait opposé aux offensives de grand style, auxquelles il préférait celles à ″objectifs limités″, menées avec des moyens offensifs comptés, richement dotés en appuis, notamment en artillerie. C’est à la Malmaison que la méthode des objectifs limités du commandant en chef trouvera sa meilleure illustration. Il s’agissait, en l’occurrence, comme à Verdun en août, de mettre fin à la lutte d’usure qui sévissait encore sur le Chemin des Dames, tout en consolidant les positions acquises et, ce faisant, permettre aux unités, ″convalescentes″ des mutineries, de reprendre l’ascendant sur l’ennemi.
La 6e armée du général Paul Maistre est chargée de cette offensive visant à reconquérir le terrain du fort de La Malmaison, perdu au cours des actions partielles de l’ennemi. Celui-ci bénéficie de vues directes sur le nord du plateau de la Malmaison et sur la vallée de l’Ailette.
Trois corps d’armée (CA), déployés sur un front de quinze kilomètres, participent à cette attaque. La 6e armée est renforcée par une puissante artillerie lourde approvisionnée à sept jours de feu. Ce fort appui permet une préparation comprenant des tirs de destruction et de contre-batterie et également des tirs d’interdiction fixes ou mobiles sous forme de barrages visant à bloquer tout mouvement ennemi repéré. Le commandement allemand ayant éventé les préparatifs français, il a, en conséquence, renforcé son front défensif tenu par cinq à six divisions. Le nombre des batteries repérées a triplé depuis l’été. Enfin, les positions allemandes sont parsemées de nombreux abris souterrains ou enterrés.
L’attaque débouche le 23 octobre à 5 heures 15, alors qu’il fait encore nuit. Les résultats immédiats sont considérables : au centre, devant les 21e et 14e CA, le succès est complet : la première position, dont le fort de la Malmaison, se trouve enlevé en trois heures. À 9 heures 15, les corps d’armée relancent leur attaque vers la seconde position. Le succès est à nouveau important au centre. Le 25, l’ennemi se trouve rejeté au nord de l’Ailette sur l’intégralité de son front. Devant ces succès, l’état-major de la 6e armée propose de poursuivre jusqu’à l’Ailette. Sur place, Pétain convainc Maistre et son état-major que les Allemands, bien qu’acculés à la vallée de l’Ailette, ne sont pas usés. Dans ce terrain inextricable, s’engager dans la poursuite risque d’aboutir à une dramatique désillusion. L’armée française a repris l’ascendant sur son adversaire. Le but de l’offensive est atteint. Les pertes totales de la 6e armée s’élèvent à 14 000 hommes.
A contrario, 11 000 prisonniers ont été capturés. Dans les jours qui suivent, le commandement allemand fait évacuer toutes ses positions du Chemin des Dames.
Cette bataille de la Malmaison est un succès indiscutable, célébrée comme l’illustration même du bien-fondé de la ″méthode Pétain″, économe de la vie de ses soldats. Il s’agit pourtant d’une certaine manipulation de propagande à la gloire du commandement qu’une analyse objective des chiffres des pertes vient facilement relativiser. Cependant, il convient de reconnaître que Pétain avait raison et que son appréciation de la situation était fort juste : en effet, lancer plus avant une exploitation frontale n’aurait pas été possible car les marécages de l’Ailette et les bouleversements du terrain causés par les pluies et les tirs d’artillerie auraient condamné toute exploitation immédiate.
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