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20 août 1917 : L’offensive sur la Meuse

Mise à jour  : 16/08/2017

Avril 1917 : échec de l’offensive du chemin des Dames lancée par le général Nivelle. Ce dernier est relevé de son commandement et remplacé par le général Pétain. Deux attaques sont alors planifiées : la reprise du fort de la Malmaison à l’ouest du Chemin des Dames et celle du Mort Homme, à Verdun, sur la rive gauche de la Meuse. 

La deuxième offensive planifiée après l’échec de l’offensive Nivelle consiste à récupérer les observatoires de la cote 304 et celui du Mort Homme. Mais, comme souvent, compte tenu du terrain, la saisie d’un objectif est conditionnée par la prise d’un ou plusieurs autres. C’est le cas ici, où, pour tenir les deux objectifs finaux, il est impératif de s’emparer de la côte de l’Oie qui les flanque à l’est à hauteur de la Meuse et de la cote de Talou, sur la rive droite. Chaque corps d’armée attaque selon un dispositif en "carré" : deux divisions en premier échelon soutenues par deux autres, ce qui rendait l’échelon du corps d’armée indépendant de sa manœuvre.

Une densité de feu jamais atteinte

Fixée initialement au 15 juillet, l’attaque est décalée en raison de l’activité ennemie sur l’Aisne et en Champagne. Le général Guillaumat, commandant la deuxième armée, met à profit ce report pour renforcer l’équipement de l’arrière et de ses communications. La mise en place et le déploiement de l’artillerie de renforcement débute le 23 juin et s’étale jusqu’au début du mois d’août. 2 880 pièces se trouvent mises en batterie, dotées selon leurs calibres respectifs de sept à neuf jours de feu. Une densité de feu jamais atteinte qui représente le double de celle réalisée lors de l’offensive d’avril. On voit ici le souci de Pétain « L’artillerie conquiert, l’infanterie occupe », de nature à minimiser les pertes.

L’ennemi perd du terrain

Les positions ennemies relèvent de la cinquième armée allemande, commandée par le général Von Gallwitz. Sur la rive gauche de la Meuse, elle aligne trois divisions en premier échelon, deux en soutien et autant sur la rive droite. Son dispositif défensif est organisé dans la profondeur et comporte de nombreux abris à grande capacité d’hébergement pour y déployer des réserves, tels que les tunnels de Bismarck et du Kronprinz creusés au nord du Mort Homme. Sur la rive droite, quatre positions s’échelonnent entre la ligne de contact et la position de débouché de l’attaque allemande du 21 février 1916. Les mesures préparatoires à l’offensive française n’échappent pas aux Allemands qui tentent de les entraver par la répétition d’actions locales. Contre-attaqué à chaque fois, l’ennemi perd ses modestes gains de terrain. La préparation d’artillerie débute le 11 août et s’abat sur les positions allemandes et la contrebatterie sur les bases de feu allemandes, utilement guidée en cela par l’aviation d’armée de Guillaumat.

11 000 prisonniers allemands

L’attaque est déclenchée le 20 août. Sur la rive gauche, tous les objectifs sont atteints dès le premier jour, sauf la cote 304 qui n’est enlevée que le 24. L’attaque est remarquablement coordonnée, et la liaison infanterie – artillerie fonctionne sans hiatus. La côte de l’Oie est prise, ce qui concrétise le succès sur la rive gauche. Sur la rive droite, les cotes 344 et 326 au nord-ouest de Louvemont sont enlevées dans les mêmes conditions, à l’exception de quelques positions à Samogneux, conquises le lendemain. Plus à l’est, le 32e CA enlève avec difficulté l’ouvrage dit de Nassau et la partie sud du Bois des Chaumes. Au bilan, en quatre jours d’opérations offensives actives, préparées, encagées et prolongées par des feux dans la profondeur, sur la rive gauche, la deuxième armée a repris la ligne principale des observatoires, Mort-Homme, 304 et Cote de l’Oie, tandis que, sur la rive droite, les Allemands ont pratiquement été refoulés jusqu’à leur base de départ du 21 février 1916.
Outre les pertes au combat, les Allemands laissent 11 000 prisonniers entre les mains de la deuxième armée. Mais ils conservent une attitude agressive jusqu’à ce qu’une nouvelle attaque visant à détruire les abris bétonnés situés dans le ravin au nord de 344 y mette un terme définitif au mois de novembre. Peu de pertes pour la deuxième armée, les troupes françaises, dont le moral avait été fortement ébranlé par la crise des désobéissances collectives des mois de mai et juin précédents, ont repris confiance en elles.


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